Poutine danse sur un volcan
Nucléaire iranien
Poutine danse sur un volcan
Vladimir Poutine reste décidément un véritable poil à gratter pour ses pairs occidentaux. Mardi soir, il a quitté la capitale iranienne où il avait pris part au sommet des pays riverains de la Caspienne, après avoir promis la poursuite de la coopération nucléaire entre les deux pays.
Un tel engagement arrive à un moment où la tension monte entre la communauté internationale, Washington en tête, et le régime de Téhéran… sur l’épineuse question du nucléaire.
En marge donc de ce sommet, les présidents des deux Etats ont insisté sur la nécessité de régler le plus rapidement possible la situation par la voie politique et diplomatique.
Il est vrai que pas plus tard que le 6 septembre dernier, un raid israélien, avec sans doute l’onction de Washington, aurait été effectué sur des sites syriens dans le but très clair de «vitrifier» un embryon de fabrication d’armes nucléaires mis en place par le régime de Bashar al-Assad et Pyongyang. Ce secret de Polichinelle plus ou moins bien gardé n’a apparemment pas réussi à dissuader Mahmoud Ahmadinejad de poursuivre, contre vents et marées, son ambitieux programme nucléaire sous le parapluie protecteur de Moscou et de Pékin. Cette attitude était d’autant plus courageuse que le pays des ayatollahs a été averti, voilà quelques semaines par son allié russe, de la menace d’une guerre imminente. Ces «fuites» providentielles auront tout de même permis à leurs auteurs de livrer une bonne panoplie d’armements, histoire de parer à toute éventualité tout en resserrant les bonnes relations de voisinage.
C’est sans doute dans ce même esprit d’entente cordiale et dans un contexte suffisamment tendu entre Occidentaux et Iraniens, que le maître du Kremlin s’est rendu en début de semaine en Iran. Une visite d’autant plus significative que depuis celle de Staline, «le petit père des peuples» en 1943, aucun dirigeant russe n’avait foulé le sol iranien.
Une occasion de plus pour Vladimir Poutine de réaffirmer son hostilité à l’adoption des nouvelles sanctions réclamées par ses pairs occidentaux pour obliger le régime de Téhéran à suspendre son programme d’enrichissement d’uranium.
Et comme si cela ne suffisait pas, les deux parties ont lancé à la face du monde que «la coopération bilatérale dans le domaine de l’énergie nucléaire civile se poursuivra dans le futur». Et pour concrétiser cela, Moscou s’est engagé à poursuivre le chantier de la centrale de Bouchehr et à en fournir le combustible.
Un accord qui risque fort de semer le trouble dans les rangs des partisans de la fermeté à l’égard du régime iranien suspecté par ses plus farouches adversaires de velléités belliqueuses, dans une région à l’équilibre déjà instable. Il faut reconnaître à leur décharge, que Mahmoud Ahmadinejad est loin d’avoir le profil d’un pacifiste. Ancien gardien de la Révolution islamique, ce «fou de Dieu» devenu chef d’Etat n’a jamais fait mystère de son ressentiment à l’égard de l’Occident et des Etats-Unis en particulier. Il est aujourd’hui clairement soutenu par le maître du Kremlin qui, pour sa part, nourrit l’espoir de voir un jour sa chère Russie redevenir la grande puissance qu’elle était encore il y a seulement quelques années, quitte à s’allier avec l’un des dirigeants les plus turbulents de la sous-région, voire même du monde.
Une entente qui risque fort d’être mal accueillie du côté de Washington qui, bien que sérieusement embourbé en Irak, garde un œil inquisiteur sur les activités nucléaires du voisin iranien. Il est vrai que jusque-là, sous prétexte de vouloir préserver la paix, les stratèges du Pentagone préparaient une autre guerre, au risque d’embraser cette fois, toute une région.
Reste à savoir si au-delà de cet accord récemment signé, le régime iranien pourra durablement compter sur le parapluie que semble vouloir lui offrir son voisin du nord.
Mais une chose est sûre, cet appui du Kremlin à l’Iran vient quelque peu contrarier les projets des va-t-en-guerre permettant ainsi, grâce à un relatif rééquilibre des forces, de relancer les négociations sur des bases politiques et diplomatiques.
H. Marie Ouédraogo
L’Observateur Paalga du 18 octobre 2007
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