Prix CNN du journalisme africain : Un sceau de qualité pour la presse burkinabè
Prix CNN du journalisme africain
Un sceau de qualité pour la presse burkinabè
Ceux qui avaient lu "Pension des anciens combattants: jour de paie à Tougan" dans notre édition n°6789 du 19 décembre 2006 étaient d'avis que c'était un article de belle facture. Une de ces pépites qu'on rencontre quelquefois dans les journaux. Suffisamment brillante en tout cas pour être remarquée par le jury de "CNN multichoice journalism award" édition 2007.
Voici donc Alain Zongo dit St-Robespierre, grand reporter à l'Observateur paalga, au demeurant un habitué des papiers "bien frappés" (sa modestie dût-elle en souffrir), nominé pour le prestigieux concours auquel il avait fait œuvre de candidature. Au total, ils étaient environ 1700 prétendants dont 26 seront triés sur le volet pour la finale qui s'est disputée le samedi 21 juillet dernier au Cap en Afrique du Sud. Avec le résultat qu'on sait maintenant, le sélectionné ayant décroché le premier prix dans sa catégorie (presse écrite francophone). Quand bien même nous voudrions avoir le triomphe modeste, dire que nous ne sommes pas peu fiers et flattés par cette distinction serait mensonge. Qui n'en tirerait pas une légitime fierté dans la mesure où cela récompense, à coup sûr, un travail bien fait et que rien n'est plus réconfortant que la reconnaissance des pairs ? Du reste, cela est bon pour le moral des troupes et ça participe d'une meilleure visibilité du titre.
Pour autant, il faut se garder de prendre cela pour un aboutissement, mais plutôt pour un appel et une incitation à toujours exceller. C'est une exigence de qualité qu'il faut savoir assumer, de celle qu'on attend de ceux qui ont une image et une réputation à défendre.
En réalité, au-delà de l'Observateur paalga, c'est, de notre point de vue, un hommage mérité qui est rendu, une fois de plus, à la presse burkinabè avec laquelle nous voulons partager cet oscar. Avant nous en effet, d'autres confrères étaient montés sur la plus haute marche du podium. Il s'agit de Ouezzin Louis Oulon de la Radio nationale du Burkina en 2004 pour un reportage sur la prostitution à Ouagadougou, diffusé mille et une fois sur les ondes de RFI, et de Ramata Soré de l'Evénement, primée l'année dernière pour un article sur l'homosexualité au Burkina.
En 11 ans d'existence donc, c'est la troisième fois, sauf erreur ou omission, que la presse nationale est ainsi honorée. D'autres journalistes et d'autres médias, pour sûr, suivront et trouveront la juste récompense de leurs efforts méritoires même s'il ne faut pas faire de fixation sur ce genre de concours qui ne sont pas, tant s'en faut, une fin en soi . Mais ce qui est fait n'est déjà pas si mal, et on nous excusera de commettre, une fois n'est pas coutume, ce péché d'orgueil fort compréhensible. Car ça ne peut pas être le fait du hasard.
Pour nous en effet, ces multiples couronnes de lauriers tressés sur la tête des échotiers locaux sont forcément la reconnaissance de la qualité d'ensemble, dont de nombreux observateurs indépendants créditent la presse burkinabè. Une presse jugée globalement qualitative tant dans la forme que dans le fond, suffisamment indépendante et ayant un sens assez élevé de sa responsabilité sociale. Elle aurait en effet voulu, à certains moments, mettre ce pays à feu et à sang, comme on l'a souvent vu ailleurs, qu'elle aurait pu le faire, mais fort heureusement, elle a toujours su s'imposer une ligne rouge à ne pas franchir.
La respectabilité des médias burkinabè, malgré tout ce qu'on peut leur reprocher (car ils ne sont pas exempts de toute critique), est d'autant plus remarquable que les journalistes et les organes de presse nagent dans une situation socio-économique parfois précaire dont les aspects les plus insupportables sont la rémunération des pisse-copies, la fiscalité des entreprises de presse, la législation (toilettage du code de l'information), etc.
Les responsables des médias nationaux, que le Premier ministre Tertius Zongo a reçus en audience le 15 juin 2007, ne se sont d'ailleurs pas privés de dire à leur interlocuteur les misères qu'ils vivent. "On dit toujours que la presse burkinabè est de qualité mais on oublie qu'elle survit dans des conditions suicidaires", avait notamment lâché Sy Chérif, le directeur de publication de Bendré, à l'endroit du chef de gouvernement frais émoulu qui confessait que si notre pays a été éligible au Fonds du millénaire, c'est aussi grâce aux médias qui comptent parmi les principales vitrines de l'Etat de droit.
Mais c'est dommage que les autorités, qui se disent pourtant convaincues de l'apport grandiose de la presse dans l'enracinement de la démocratie et de ce qu'elle contribue à donner du Burkina une bonne image à l'extérieur, ne traduisent pas leur sentiment par des actes concrets.
Bien au contraire, tout est parfois mis en œuvre pour la museler, lui mettre des bâtons dans les roues, la harceler quand on ne lui fait pas subir l'épreuve du feu ou assassiner quelque indésirable pamphlétaire, toutes choses qui ne sont pas à l'honneur de notre pays.
Espérons que des prix internationaux comme celui qui vient de récompenser le grand reporter de l'Observateur paalga contribueront à sensibiliser davantage les responsables burkinabè à la question, car ils ont aussi intérêt à avoir en face d'eux une presse suffisamment professionnelle et responsable.
Tout le monde y gagne.
Ouédraogo Adama dit Damiss
L’Observateur Paalga du 24 juillet 2007
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