L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Procès interminable pour «casser» les casseurs (Nana Thibaut et compagnie à la barre)

Nana Thibaut et compagnie à la barre

Procès interminable pour «casser» les casseurs

 

Après une suspension de 48 heures pour raison de jours fériés (samedi 8 mars et dimanche 9 mars), le procès de Nana Thibaut et compagnie accusés de manifestation illicite sur la voie publique et de destructions de bien meubles ou immeubles, publics et privés, a repris hier, lundi 10 mars 2008, à la barre de la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance (TGI) de notre capitale. Jusqu’à ce que nous quittions pour tracer ces lignes, l’audition des prévenus qui se poursuivait toujours a été l’essentiel du menu de cette audience.

 

C’est peu avant 8heures que nous sommes arrivés au palais de justice sis à Ouaga 2000. Les gendarmes les gardes de sécurité pénitentiaire avaient investi les lieux et étaient déployés en grand nombre à tous les endroits stratégiques de cette vaste cours non encore entièrement clôturée.

L’énorme camion utilisé comme panier à salade (servant à transporter les prévenus de la Maison d’arrêt et de correction au palais de justice et vice-versa) avait déjà fini ses deux rotations nécessaires pour convoyer les 184 prévenus. Maintenant, ceux-ci avaient pris place dans la salle servant de théâtre des audiences de la chambre correctionnelle du tribunal de grande de Ouagadougou. Elle était bondée et toutes ses issues étroitement surveillées par les gendarmes et des policiers qui avaient en main ou accrochées à la taille des armes de poing (pistolets automatiques) ou d’assaut (kalachnikovs ou G-3). Pour pénétrer dans la salle il fallait montrer patte blanche (ne porter sur soi aucun instrument pouvant servir d’arme) et également éteindre son téléphone portable. Les prévenus ayant occupé près du tiers de la salle, seules quelques dizaines de veinards ont pu avoir de la place dedans. Et malheur à celui qui sort puisque sa place était automatiquement attribuée à une autre personne qui faisait le pied de grue devant la porte.

C’est dans ces conditions et circonstances que le tribunal présidé par la juge Fatimata Toé/Lori (elle est la présidente du TGI) est entré dans la salle vers 8h45. Côté parquet, l’accusation était portée par le procureur du Faso en personne, Issa Kindo.

Le premier prévenu appelé à la barre a été François Zongo, 18 ans et apprenti soudeur. Il a refusé de reconnaître les faits qui lui sont reprochés et soutenu qu’il a été interpellé par la police alors qu’il allait chercher à manger. Face aux questions du tribunal et du parquet il a essayé de se défendre du mieux qu’il pouvait.

Après lui, c’est un défilé sans fin qui a débuté à la barre. Chaque prévenu, comme il fallait s’y attendre a nié tout en bloc et juré de n’avoir jamais participé en ce jeudi 28 février 2008 à une manifestation violente contre la vie chère à Ouaga. Tous ont insisté sur le fait qu’ils ont été appréhendés par erreur par les forces de l’ordre. Les uns et les autres avançant qu’ils ont été arrêtés alors qu’ils partaient acheter de la cigarette, ou rendre visite à un ami, ou faire des courses.

Certains comme Seydou Abbas Kaboré (un ferrailleur) a déclaré qu’il était victime de sa curiosité car «je n’avais jamais vu une grève. Donc je suis sorti et je me suis mis au bord de la route pour voir comment se fait une telle manifestation. C’est alors que la police en pourchassant les manifestants, est venu me cueillir». Mais le tribunal et le ministère public relèveront des contradictions dans ses dépositions lors de l’enquête préliminaire et devant le magistrat instructeur. A l’audience, le prévenu s’est débattu comme il pouvait dans le but de sauver sa tête.

Du coup, pour nous autres journalistes, il n’y avait vraiment rien d’intéressant à se mettre sous la dent, l’instruction à la barre était monotone, tous niant les faits à eux reprochés, et surtout que Nana Thibaut, le présumé instigateur de la manifestation avait déjà été auditionné vendredi. Lui aussi avait sorti son bouclier arguant être celui qui a effectivement appelé la journée ville morte (au cours de laquelle les gens doivent rester à domicile comme lui-même l’a fait) mais pas celui qui a appelé à effectuer des casses dans la ville.

Au moment où nous quittions le palais aux environs de 20h30 pour tracer les présentes lignes, l’audience se poursuivait toujours avec l’interminable audition des 184 prévenus. Apparemment, la présidente Fatimata Toé/Lori tenait à finir ces auditions dans la nuit. Si elle y parvient, deux possibilités s’offre à elle, suspendre l’audience pour la poursuivre ce matin ou alors continuer ce marathon judiciaire. Dans ce dernier cas de figure, le procureur ferait aussitôt ses réquisitions après quoi le tribunal se retirait pour délibérer. Dans ces conditions, au moment vous nous lisez, le verdict de ce procès doit être déjà connu.

Dans tous les cas, nous reviendrons sur la dernière manche de ce procès dans notre prochaine édition.

 

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga du 11 mars 2008



11/03/2008
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