Quittez dans ça !
Marche bobolaise pour soutenir le président
Quittez dans ça !
La scène, surréaliste, se passe à Bobo-Dioulasso le samedi 17 février 2007. Parce que Blaise Compaoré a été porté par ses pairs à la tête de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) lors du Sommet ouagalais des 19 et 20 janvier, des jeunes de Bobo (et non la jeunesse comme on l'a entendu), cornaqués par l'Association "Le Burkina Faso avance" (mais dans quelle direction ?), ont marché ce jour-là pour soutenir leur champion. Rien de moins.
Une jeunesse "sortie spontanément nombreuse" (mon œil !) selon le maire de la ville, Salia Sanon.
Elle n'a donc rien d'autre de mieux à faire que de battre le pavé "spontanément"... un mois après la rencontre de Ouaga ?
Vraiment, si le ridicule pouvait tuer, certains seraient morts depuis ; mais comme il y en a qui sont nés après la honte... ils ne peuvent naturellement pas la connaître.
Quand même ! Même à Ouaga où Blaise a été intronisé, on n'a pas marché, et c'est dans la ville de Sya que des thuriféraires zélés veulent montrer combien ils sont attachés à leur cher président et à son "noble combat".
On se serait cru revenus au temps de la révolution démocratique et populaire, où le moindre prétexte était bon pour psalmodier des slogans pour ou contre, mais pas dans ce Burkina du 3e millénaire et son Etat de droit démocratique.
Si ça se trouve d'ailleurs, l'objet de toutes ces attentions, pardon de toutes ces flagorneries de cocos stratégiques, doit être un peu gêné par une telle débauche de sympathie dont il n'a que faire.
Mais le plus inquiétant est qu'il se soit trouvé des responsables politico-administratifs pour attendre sagement les marcheurs du samedi matin, à qui ils ont promis de transmettre le message à son destinataire.
On s'était laissé dire que les fonctions de Gouverneur et de maire étaient particulièrement occupantes, mais s'ils doivent en plus jouer aux facteurs, on finit de se convaincre que, finalement, ils ne font qu'inaugurer les chrysanthèmes. Et c'est bien dommage!
Au fait, si demain Hermann Yaméogo, Me Bénéwendé Sankara, Christian Koné ou le désormais célèbre Moïse Ouédraogo ont du courrier pour le président de tous les Burkinabè, à quel postier doivent-ils le remettre ? A Bêbrigda Mathieu Ouédraogo ou à Salia Sanou ?
Non, plus sérieusement, il faut que ces marcheurs et leurs coaches "quittent dans ça", comme on dirait à Abidjan, car c'est vraiment honteux.
Source, Billet craquant L’Observateur Paalga du 26 février 2007
A découvrir aussi
- Triste et surprenante fin d’une expérience prometteuse
- Etouffer l'alternative pour verrouiller l'alternance
- Après l’inculpation de la CPI, le maréchal El Béchir compte ses amis
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1021 autres membres