Refondateurs au sein du CDP : La greffe n’a apparemment pas pris
Refondateurs au sein du CDP
La greffe n’a apparemment pas pris
Si l’on disait aux partisans de
A la décharge de
Et pourtant, c’est le constat froid qu’on peut en tirer aujourd’hui, suite au grand pavé que les ex-CNPPistes ont jeté dans la mare en avril 2008, puis cette semaine, avec leur sortie épistolaire.
Il ne fallait, de toute façon, pas se faire d’illusions, car à sa création le mégaparti portait déjà les racines congénitales de son mal. Comme l’avouait un cacique au soir de la naissance du CDP, au Centre de conférences du Conseil burkinabè des chargeurs : "C’est un conglomérat de partis qui connaîtra tôt ou tard des courants centrifuges".
Le premier couac entre les Cdpistes originels et ceux qu’on appelle par un doux euphémisme "militants de la 25e heure" est survenu au lendemain de la formation du gouvernement de Kadré I : aucun d’eux n’y figurait. Marc Yao Oubkiri et Cie n’ont pas manqué, à l’époque, d’avouer leur amertume vu que des gens (c’était leur argument), comme Idrissa Zampaligré, Issa Dominique Konaté du Mouvement pour la démocratie et le socialisme et Alain Yoda du RSI, ont hérité de strapontins.
Ce qui, humainement, se comprend, mais
Puis ce fut un long fleuve tranquille : quelques têtes de pont de
Passons également sur les lauriers ceints au front de certains grands militants du CDP lors du congrès d’il y a deux ans alors que pratiquement aucun des frondeurs, qui estiment qu’ils ont ferraillé, n’en a bénéficié. Ça leur est resté en travers de la gorge.
La rupture définitive semble être intervenue lors des législatives du 5 mai 2007, lesquelles ont consacré les "parachutages" au détriment de certains militants logés aux premières loges des institutions républicaines : on cite Yao Marc Oubkiri, 1er vice-président de l’Assemblée nationale, qui fut "mal classée" sur la liste des candidats CDP à la députation et qui déclina ainsi l’offre.
De façon schématique, les refondateurs formulent contre le CDP deux griefs :
D’où l’inertie observée lors de la crise socio-politique consécutive au drame de Sapouy, aux crises issues de la situation en CI, et de la vie chère, que tout le monde voyait venir sauf les responsables du parti, frappés de cécité, qui criaient urbi et orbi qu’il y avait abondance de victuailles.
Il y a du fondé dans ces récriminations des refondateurs, mais ils ne sauraient s’absoudre eux non plus, qui devaient débattre de toutes ces questions lors des réunions des instances du CDP. Par exemple, concernant la suppression des commissions spécialisés, ces "rénovateurs" n’ont rien trouvé à redire alors que leurs maintien ou leur suppression était toujours posées en réunion.
Ni mie ni pain, ceux qui exigent une refondation du parti de l’épi et de la daba ont, comme dirait le défunt ministre ivoirien Balla Kéita, "un pied dedans, un pied dehors", et, à l’évidence, ils sont plus dehors que dedans.
Manifestement donc, la greffe de 1996 n’a pas pris et c’est donc un retour à la case départ, puisque ceux qui s’agitent de nos jours ont le sentiment d’être lâchés en rase campagne.
Ainsi écartelés, ils ont le choix soit de faire semblant d’être toujours de la famille, soit de carrément larguer les amarres. Car, comme le faisait remarquer l’actuel patron du CDP, Roch Marc Kaboré, qu’il y ait des problèmes à débattre au sein du parti, c’est certain, mais qu’on les porte sur la place publique par presse interposée pour en débattre est sans doute antiprincipiel.
Enfin, après tout, les refondateurs n’ignorent pas que les grandes décisions et les distributions de postes relèvent des prérogatives exclusives du grand horloger de Kossyam, qui est, même si on l’oublie souvent, le "grand militant émérite du CDP". D’où leur lettre à lui adressée. Seront-ils entendus ? Et si des réponses il doit y avoir, iront-elles dans le sens de leurs souhaits ?
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga du 10 juin 2008
Note : (1) Suicide en japonais, variante du hara-kiri.
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