Venir au Burkina sans visa : Si seulement c'était réciproque !
Venir au Burkina sans visa
Si seulement c'était réciproque !
Du 9 au 12 septembre 2007, à la tête d'une importante délégation, le président Blaise Compaoré était l'hôte de son homologue taïwanais, Chen Shui Bian. C'était dans le cadre du premier sommet des chefs d'Etat d'Afrique et de la République de Chine (Taïwan). Une rencontre qui vient comme pour prouver aux amis de l'autre Chine que, même à cinq, la Gambie, le Malawi, Sao Tomé et Principe, le Swaziland et le Burkina Faso sont à même de répondre aux attentes de tous les Taïwanais. D'ailleurs, ne le disions-nous pas dans un de nos "Commentons l'événement" ? mieux vaut être peu nombreux à se partager un gâteau, fût-il petit, que très nombreux à le disputer. En tout cas et c'est le moins que l'on puisse dire, notre pays, depuis le début de ses relations avec l'ex-Formose en janvier 1994, en a tiré les meilleures dividendes. Qu'on se réfère simplement aux réalisations des Engagements nationaux dont cet Etat insulaire de l'Asie orientale est le principal pourvoyeur de fonds. Ou encore à ces périmètres rizicoles de Bagré.
En un mot donc comme en plusieurs, le Burkina a de légitimes raisons d'être chaque fois aux côtés de ce peuple pour défendre ses intérêts. On peut d'ailleurs rappeler à ce titre la volonté toujours affichée de notre pays de voir Taïwan réintégrer le système des Nations unies, en l'occurrence certaines de ses instances comme l'OMS.
Blaise Compaoré chez Chen Shui Bian, ce serait donc comme s'il se trouvait à Syrte, chez son autre ami, Muammar Kaddafi. Osons ce parallèle même s'il est plus aisé de se rendre chez ce dernier qu'en cette partie de l'Asie. Pour preuve, comme nous le confiait notre ambassadeur Jacques Sawadogo en 2006, ils étaient moins d'une vingtaine, étudiants et personnel diplomatique y compris, à y séjourner à cette époque. Pas étonnant d'ailleurs que la peau noire y suscite une saine curiosité.
Mais revenons au séjour du locataire du palais de Kossyam en ce pays : une visite de travail et d'amitié qui était axée sur deux thèmes : "L'informatique et l'Afrique en mouvement" et "La santé et le développement durable de l'Afrique".
Incontestablement, l'on ne saurait trouver meilleurs axes de coopération en cette ère d'informatisation galopante et où tout le monde ne parle que de développement durable. L'on comprend alors aisément que le premier des Burkinabè, sûrement obnubilé par la force de frappe de son hôte, et voulant certainement tirer le plus de profit de cette affaire, ouvre les portes de son pays à tous ses frères taïwanais sans condition, serions-nous tenté de dire. Car quel Taïwanais en mal de tourisme ou en quête d'expériences ne serait pas tenté par l'aventure burkinabè, avec cette promesse "blaisienne" de la suppression des visas ? Il est vrai que ne viendra pas chez nous n'importe quel Taïwanais qui le voudrait, au regard du prix du billet, mais on est en droit de se demander jusqu'où nous mènera cet engagement présidentiel, compte tenu de ce que vivent déjà certaines économies africaines, dont la nôtre d'ailleurs, du fait de l'invasion de nos marchés par des produits "made in China". On aurait plutôt applaudi à tout rompre si c'était Chen Shiu Bian qui baissait les barrières de son pays au profit de ses amis africains. Sûr, sûr qu'ils en tireraient meilleur profit et se soustrairaient à court terme de cette dépendance devenue par trop aliénante.
L’Observateur Paalga du 17 septembre 2007
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