Retour sur un sit-in aux conséquences imprévisibles
Université de Koudougou
Retour sur un sit-in aux conséquences imprévisibles
Comme nous le rapportions dans notre édition d’hier mercredi, les étudiants de l’Institut universitaire de technologie de l’Université de Koudougou (IUT UK) sont en cessation de cours pour fait de sit-in, et cela, pour protester contre les conditions d’évaluation et de l’examen de passage qui leur sont appliquées. Retour sur ce mouvement qui peut avoir des conséquences désastreuses sur l’année académique, si solution n’est pas trouvée dans l’urgence.
Le mardi matin, devant leur institut, logé au troisième niveau de l’immeuble BIB, les étudiants traînaient par petits groupes ou étaient assis, devisant sur tout et rien. A l’étage, les deux salles de classes sont vides. Une couche de poussière recouvre sièges et tables, preuve que le long week-end est passé par là. Ayant appris notre présence, quelques responsables montent nous rejoindre dont Yaméogo Fulgence, délégué général des étudiants de l’IUT UK et Sagnon Bakari de 1re année en finance comptabilité à l’IUT de Koudougou et délégué de la corporation de l’ANEB de l’IUT UK.
Ces deux interlocuteurs nous informeront que le sit-in est organisé par la corporation de l’ANEB de l’IUT UK pour une durée de 48 heures, renouvelable. Les raisons ? Protester contre les conditions de passage, notamment celles de 12/20 comme note de passage et l’absence de redoublement et de session de rattrapage pour ceux qui n’auraient pas 12/20.
Selon Yaméogo Fulgence, ces mesures leur sont appliquées alors que leurs conditions d’études sont déplorables : absence de bibliothèque donc du moindre document. Pourtant, selon les deux délégués, dans les autres UFR, la note exigée est de 10/20 avec une possibilité de redoubler ou de faire la session de rattrapage. «Nous ne faisons pas de fixation sur les 12/20, mais sur la session et le redoublement, car si en juin on n’a pas les 12/20, on est appelé à partir», a fait remarquer Fulgence tout en se demandant : où partir ? Le problème, selon les étudiants, dont le nombre a grossi autour de nous, est que pour avoir les 12/20, il faut que les conditions soient réunies. Alors qu’à Koudougou ils n’ont pas de bibliothèque, donc pas de documents pour les recherches.
Ce qui est, il faut le reconnaître, un handicap majeur aggravé par la rareté des cybercafés ou l’inexistence d’instituts privés à même de permettre aux étudiants de faire des échanges d’informations ou de cours et d'élargir leur champ de recherche.
Selon Fulgence Yaméogo, après la 1re A.G. des étudiants, six doléances ont été formulées et l’administration de l’Université a satisfait à quatre, laissant les deux autres, qui font l’objet du présent sit-in. Les étudiants se disent prêts à se soumettre à la note de 12/20, mais pour ce qui est de la session et du redoublement, il n’est pas question d'y renoncer, et ils entendent poursuivre leur mouvement jusqu'à avoir gain de cause.
C’est, du reste, ce qui a été arrêté lors de la toute dernière Assemblée générale ; ce qui conforte les étudiants de Koudougou dans cette position, c’est qu’à Ouaga, la session existe, et à Bobo, il y a la possibilité de redoubler alors que dans ces deux villes, les conditions d’études sont nettement meilleures qu’à Koudougou. Alors pourquoi pas à Koudougou ? s’est demandé Sagnon Bakari, qui nous a confié que les responsables de l’UK sont au courant de leur mouvement et qu'ils attendent leurs réponses pour envisager la suite à donner à leur action.
Ce qui est sûr, le sit-in sera maintenu jusqu'à ce qu’on leur reconnaisse la possibilité de faire la session ou de redoubler. Derrière cette «détermination», les étudiants espèrent que l’administration acceptera d'examiner diligemment leurs requêtes, car ils sont conscients que ces jours de sit-in sont synonymes de jours de cours perdus alors que l’année ne court que jusqu’au 29 juin.
Du côté de l’administration, rien n’a filtré sur la suite à donner aux revendications des étudiants. Du secrétariat de la présidence de l’UK, on nous a renvoyé au chargé de communication, qui, à son tour, nous conseillera de prendre contact avec le Directeur adjoint de l’IUT. Malheureusement celui-ci était absent au moment où nous tracions ces lignes. Quelques étudiants rencontrés hier autour de 12h nous confieront qu’ils viennent de sortir d’une entrevue avec le Secrétaire général de l’UK, qui s’est dit impuissant à satisfaire les revendications des élèves.
Il ne reste plus qu’à espérer que les premiers responsables de l’université, avec en tête le président lui-même, s’impliquent en vue d’une résolution diligente du problème. Car on ne sait jamais jusqu’où ces mouvements peuvent conduire.
Cyrille Zoma
L’Observateur Paalga du 12 avril 2007
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