Sale temps pour les gouvernants africains ?
Actions citoyennes contre Bongo et Sassou
Sale temps pour les gouvernants africains ?
Le parquet de Paris a ouvert, le 18 juin dernier, une enquête préliminaire contre les présidents Omar Bongo du Gabon, et Denis Sassou Nguesso du Congo. Tous deux sont accusés de posséder en France des biens immobiliers de luxe, financés par de l'argent public détourné. Les plaignants : les associations Sherpa, un réseau international de juristes, Survie, et la Fédération des Congolais de la diaspora. S’attaquer de front aux intérêts de deux éléments-clés de la Françafrique, quel courage ! Même s’il paraît s’inscrire opportunément dans le sillage de la révolution sarkozyenne. De fait, le nouveau contexte y est sans doute pour quelque chose. Ainsi donc, une nouvelle ère est en train de s’ouvrir pour la France, qui veut manifestement que soit tournée la page des rapines pratiquées sur le continent par ses propres dirigeants. Plutôt que des actions malveillantes visant à les attaquer et à troubler leur sommeil, les dirigeants incriminés devraient voir en ces actions citoyennes destinées à faire la lumière sur leur gestion des affaires, une invite à la bonne gouvernance. Cela ne servirait à rien de réclamer à ses concitoyens la rigueur et le sacrifice, alors qu’on en est soi-même loin du compte. Avec la révolution sarkozyenne en marche, on est tenté de dire : les prédateurs africains n’ont qu’à bien se tenir, car le tribunal de l’Histoire pourrait s’ériger à tout moment contre eux ! Omar Bongo aurait un hôtel particulier et 4 appartements dans l’Hexagone. Denis Sassou Nguesso y posséderait au moins un hôtel particulier et un appartement, évalués entre 5 et 9 milliards de F CFA. Et tout cela ne serait que la face émergée de l’iceberg. Dire que tous ces milliards qui dorment dans les banques occidentales auraient pu contribuer un tant soit peu à combler l’immense retard accusé par le continent noir ! Pour quand la fin de la saignée ? Comme si la fraude aux élections ne suffisait pas, l’Afrique doit assister, presque impuissante, à sa progressive mise à mort économique, alors que beaucoup de ses enfants ne savent même plus quelle queue reste-t-il encore au diable par laquelle on puisse le tirer. Des milliards de F CFA à l’étranger, avouons que c'est se moquer des Congolais et des Gabonais ! Et avec ça, ça prétend vouloir le bien de leur peuple ! Pour nombre de ces dirigeants, il ne faut surtout pas parler d’enrichissement illicite. Ce serait là des accusations vite mises sur le compte de l’intox. Et pourtant ! Avec des gouvernants passés pour être des "coffres-forts" des dirigeants occidentaux, il y a tout lieu de croire que les derniers sont moins coupables devant l’Histoire, que leurs pairs africains. A cette étape avancée de la délinquence au sommet, il est impératif que les peuples d'Afrique sachent dorénavant user davantage de stratégies pour mettre fin à l’hémorragie. Les fonds spéciaux et l’aide au développement ne sont quand même pas destinés à des investissements à l’étranger ! Quoi qu’on dise, la voie qu’indiquent les plaignants fera date et ils devraient être soutenus et encouragés pour qu’enfin… l’Afrique soit libérée de certains de ses propres fils.
Cheick Beldh’or SIGUE
Le Pays du 21 juin 2007
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