L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Tertius consulte, les syndicats bousculent

Front social

Tertius consulte, les syndicats bousculent


La grève générale observée le 18 juillet dernier par l'ensemble des organisations syndicales et les syndicats autonomes du Burkina est la première épreuve sociale du Premier ministre Tertius Zongo. Installé le 10 juin, il n'a pas bénéficié de l'état de grâce généralement observé pendant les cent premiers jours après l'entrée en fonction du chef du gouvernement. La hausse des prix des hydrocarbures, mais surtout les sanctions prises contre des membres du Syndicat autonome du ministère des Affaires étrangères (SAMAE) et du Syndicat des agents du Trésor du Burkina (SATB) ont été les principaux points de revendications brandis au cours de cette marche-meeting. Les travailleurs du Burkina ont marché contre la vie chère. Ils ont particulièrement stigmatisé les "sanctions attentatoires à la liberté syndicale". Ils ont demandé aux autorités compétentes de revenir sur ces sanctions jusque-là inconnues par les textes de la Fonction publique. Les différentes sanctions prévues par les textes sont : l'avertissement, le blâme, la mise à pied. La sanction extrême est le limogeage de la Fonction publique. Mais que de hauts responsables de l'Administration décident d'éloigner des travailleurs en les affectant loin de leur ancien lieu de travail est illégal. Ces responsables administratifs ont fait ce que le Président du Conseil national de la Révolution, le Capitaine Thomas Sankara condamnait quand il disait qu'ils ont déplacé le danger à la porte du voisin. Selon Thomas Sankara, ces responsables, au lieu de trouver, grâce à la négociation, la solution du problème, ont différé la recherche de cette solution en les affectant dans d'autres services. Une telle attitude n'est rien d'autre qu'une fuite de responsabilité. Dans cette affaire, les considérations d'amour-propre personnel ont prévalu sur toute autre chose, même sur les textes de la Fonction publique.

Lors de leur rencontre avec le nouveau Premier ministre dans le cadre des consultations tous azimuts qu'il a initiées avec les couches sociales du Burkina, les responsables syndicaux lui ont demandé de résoudre de toute urgence les questions du SAMAE et du SATB s'il ne veut pas voir le front social entrer en ébullition. Apparemment, Tertius Zongo ne les a pas pris au sérieux. En effet, est-il normal, dans un Etat républicain, que les sautes d'humeur d'un ministre ou d'un directeur général prévalent sur les textes qui régissent la carrière des agents de l'Etat ? On ne prend pas des sanctions contre des travailleurs parce que son ego a été effarouché. On sanctionne un fonctionnaire en s'appuyant sur des dispositions pertinentes en la matière. C'est ce qui s'est pourtant passé au ministère des Affaires étrangères suite à la marche des travailleurs et à la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique où les travailleurs ont dénoncé des faits et des comportements. On a donc l'impression que ces sanctions s'apparentent à des règlements de comptes.

Au lendemain de cette grève, le pouvoir a voulu débarrasser le climat social de la pourriture qui menaçait de s'installer. Le Président du Faso qui a placé son mandat sous le signe d'"une société d'espérance" pour tous les Burkinabè doit indiquer aux uns et aux autres la voie à suivre pour créer un climat social apaisé.

Tertius Zongo, le Premier ministre fraîchement nommé, avait laissé entendre qu'il se pencherait sur la question. Les organisations des travailleurs s'impatientent. La grève du 18 juillet montre leur détermination à défendre leurs intérêts. Un signe qui ne trompe pas et auquel il faut accorder une grande importance: la présence massive des femmes à cette marche. L'observateur attentif a pu déjà remarquer leur nombre de plus en plus grand à la Bourse du travail. L'explication serait que les femmes subissent plus que tout autre élément du corps social, les conséquences de la vie chère. Avec un "nasongo" qui devient chaque jour plus squelettique que celui de la veille, ce sont les femmes qui jonglent pour faire manger une famille grossie par le chômage endémique. En effet, des parents quittent les campagnes pour la ville dans l'espoir d'un mieux-être, accroissant le nombre de bouches à nourrir dans les familles qui les reçoivent.

La situation devient de jour en jour plus précaire avec les augmentations intempestives du prix des hydrocarbures qui obèrent considérablement le pouvoir d'achat des travailleurs. La précédente hausse a été suivie d'une augmentation conséquente de tous les prix des denrées de première nécessité. Et ce n'est pas la baisse momentanée de 50 francs sur le litre et la promesse que les prix actuels seront maintenus jusqu'en septembre prochain qui vont guérir le mal de la vie chère. En outre, les raisons couramment avancées pour justifier les augmentations des prix des hydrocarbures ne convainquent toujours pas les syndicats et l'opposition. Par exemple, on accuse la hausse du dollar sur le marché international et d'autres facteurs. Paradoxalement, c'est la faiblesse du même dollar qui explique la mévente du coton burkinabè sur le même marché international. Les syndicats, eux, sentent une odeur d'arnaque quelque part.

 

"Le Fou"

 Le Pays du 20 juillet 2007



20/07/2007
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