Une affaire de détournement découvert à Bogandé
DPEBA de la Gnagna
Une affaire de détournement découvert à Bogandé
Le lundi 5 février 2007, une marche a été organisée sur la DPEBA de Bogandé. La foule des marcheurs était composée des élèves de toutes les écoles primaires de la ville de Bogandé, des Associations des Parents d’élèves (APE) et des Associations des Mères éducatrices (AME) de Bogandé, des enseignants des écoles primaires.
On pouvait lire sur des pancartes tenues par les marcheurs : « Ne vendez pas nos sacs. Ne détruisez plus l’école burkinabè. Remettez les chaises et les tables bancs détournées. Ne vendez plus les cahiers envoyés pour les enfants… ». Les organisateurs ont été reçus par le DPEBA dans son bureau durant une vingtaine de minutes. Que reproche-t-on à la DPEBA de Bogandé ?
Disparition de sacs, de craie, de tables et de tables-bancs
Au cours de l’année 2006, la DPEBA a reçu 26 000 sacs d’écoliers pour les élèves des 7 Circonscriptions d’Education de Base (CEB) de la province de la Gnagna. Dans les CEB de Bogandé et de Liptougou, on ne retrouve pas les traces de ces sacs. Dans la CEB de Coalla, on relève qu’une partie, au moins 600 sacs, manquaient au moment de la distribution.
Au décompte, c’est dans les CEB de Piéla et de Manni que les sacs ont été distribués dans toutes les classes. A Bilanga par exemple, seulement les classes de Cours préparatoires (CP) ont reçu les sacs d’écoliers. La CEB de Thion connaît aussi un manque de sacs. La question que l’on se pose est de savoir si les sacs ont été remis par le gestionnaire de la DPEBA aux gestionnaires des CEB qui ont opéré des retenues.
La première thèse semble la plus probable puisqu’en fin octobre 2006, les enseignants ainsi que les APE de Bogandé adressaient une déclaration conjointe au Haut commissaire de la province de la Gnagna dans laquelle ils protestaient contre « la gestion matérielle et financière… ».
La réaction du Haut commissaire ne s’est pas fait attendre puisqu’il a convoqué le dimanche 29 octobre 2006, une réunion qui s’est tenue en présence de la police et de la gendarmerie : « En vue de trouver une solution aux problèmes posés par les enseignants et les associations de parents d’élèves de la circonscription d’éducation de base de Bogandé ».
Ce jour, le gestionnaire du DPEBA « n’était pas sûr de la quantité des sacs d’écoliers livrés par le fournisseur. Il croit n’avoir pas tout reçu et devrait poursuivre le reste auprès du fournisseur dès le mardi 31 octobre afin que tous les sacs soient livrés au plus tard le lundi 6 novembre 2006 ». Deux mois après cette réunion, les élèves de la CEB n’avaient pas encore reçu leurs dotations.
Des négociations préalables sans résultats
La marche du 5 février dernier n’est que l’aboutissement d’un processus. Un responsable de la section SNEA-B et co-organisateur de la marche fait la genèse des faits : « Nous avons approché le DPEBA à trois reprises croyant pouvoir résoudre ce problème, mais rien. Nous avons écrit au Haut commissaire qui nous a reçus deux fois depuis octobre 2006 avec la gendarmerie, la police, le DPEBA et le gestionnaire Noël Dembélé pour tenter de résoudre le problème, mais rien. Nous avons voulu marcher, le haut commissaire nous a retenus parce que la marche était illégale. Nous avons reporté la marche pour le 5 février pour être dans la légalité ».
En effet, dans la déclaration conjointe que les enseignants de la CEB de Bogandé ainsi que les APE ont adressée en fin octobre 2006 au Haut commissaire de la province, ceux-ci menaçaient de passer à un autre stade si dans un délai d’une semaine ils n’enregistraient pas de réaction. Au cours de la réunion que le Haut commissaire a convoquée le dimanche 29 octobre 2006, les huit points de revendications ont été passés en revue, selon le procès-verbal de la réunion.
La disparition de 5 454 sacs d’écoliers apportés depuis avril 2006. Les enseignants et les APE dénonçaient l’insuffisance des manuels scolaires (cahiers, bics, craie) dans les écoles. Le gestionnaire avait promis de faire le point sur le stock reçu et distribué, bordereaux à l’appui. Le DPEBA qui croyait que le stock de craie arrivé l’année scolaire passée avait été distribué, devait aussi vérifier si son gestionnaire a effectivement remis aux différentes CEB parce que la craie est physiquement absente du magasin.
Il devait aussi s’assurer que les gestionnaires des CEB avaient remis la craie aux directeurs des écoles concernées. Il est aussi reproché la distribution du matériel selon l’humeur du gestionnaire. Ce jour il a été dit au gestionnaire que : « la gestion ne devrait pas se faire à sa guise, que le patrimoine de l’Etat n’est pas personnel ». A propos de l’argent destiné aux filles arrivé l’année passée et non remis aux écoles, « Le DPEBA a expliqué que ce retard est dû à l’arrivée des sommes au mois de juin et que l’argent sera remis aux 7 CEB dès le 2 novembre 2006 ».
Des 20 tables et 20 chaises du centre de ressources qui se sont volatilisées, « le haut commissaire a instruit le gestionnaire afin de les rassembler pour le lundi 6 novembre ». En ce qui concerne les armoires, les bureaux, les chaises et les mallettes métalliques distribués : « il a été demandé au gestionnaire de faire le point de ce matériel, comparer à l’aide des bordereaux, le nombre à la réception et les sorties pour les bénéficiaires ».
Pour la prise en charge de la journée des statistiques de l’année scolaire 2005-2006 : « le DPEBA et le gestionnaire ont affirmé que l’argent n’a pas encore été remis par le DEP du MEBA. Mais le DPEBA prendra attache avec le DEP pour lui communiquer le résultat le lundi 6 novembre 2006 ». Les enseignants et les APE se sont rendus compte que depuis novembre 2006, leurs revendications n’ont pas été satisfaites.
En dehors des cotisations des filles qui ont été remises dans les écoles, le matériel n’est pas arrivé à destination. C’est ainsi que les sections SNEA-B et SYNATEB de la province de la Gnagna ont publié une déclaration conjointe le lundi 22 janvier 2007, pour protester contre « la mauvaise gestion des manuels scolaires par le DPEBA de Bogandé et son gestionnaire ».
La marche du 5 février n’est que la suite logique de ce processus de revendication des manuels scolaires et : « La mauvaise gestion du patrimoine de la Direction provinciale de l’Enseignement de Base et de l’Alphabétisation ». C’est une affaire dans laquelle, le gestionnaire de la DPEBA de la Gnagna Noël Dembélé est fortement impliqué.
Bary Raoul
Source l'hebdomadaire burkinabè L'Indépendant
Le gestionnaire de la DPEBA de la Gnagna aux arrêts à la police
Nous avons appris que le gestionnaire de la DPEBA de la Gnagna, Noël Dembélé a été convoqué par la police de Bognadé le lundi 12 février dernier. Il a été gardé au commissariat de police pour les besoins de l’enquête. Au moment où nous tracions ces lignes, ce dernier était toujours à la police. Des éventuels complices ne manqueront pas de le rejoindre parce que des bruits courent dans la ville que des commerçants de la ville ont contribué à faire disparaître du matériel.
Le vendredi 16 février, c’était au tour du DPEBA d’être entendu par la police. Déjà, la police a auditionné une quinzaine de personnes dans la cadre de cette affaire. A la DPEBA de la Gnagna, un intendant a été affecté depuis août 2006. Ce dernier devait prendre en main la gestion matérielle et financière de la direction en lieu et place du gestionnaire, mais cela n’est pas encore effectif contre toute attente.
Depuis que l’on a décrété l’enseignement comme un secteur prioritaire au Burkina Faso, des efforts sont faits pour la dotation en infrastructures ou en finances. Ces dotations sont littéralement pillées par les personnes qui en ont la charge de la gestion. En décembre 2006, nous publions des articles sur la mauvaise gestion des manuels scolaires et les cotisations des filles dans la CEB de Guiba. Cette CEB n’est pas la seule à connaître cette situation.
Le même cas a été relevé à Béré, toujours dans le Zoundwéogo. On parle également d’une CEB dans le Boulkiémdé où l’inspecteur a vite reconnu son tort et s’est engagé à rembourser comme à Béré. Nous ne parlons que de la gestion dont nous disposons de preuves formelles. Nous sommes sûr qu’il y a des écoliers qui n’ont pas reçu en intégralité leurs dotations. Nous ne manquerons pas de revenir dans notre prochaine édition si toutefois nous disposons d’autres informations sur des cas similaires.
Nous nous intéresserons aussi aux rapports entre certains CEB et les APE qui sont devenus des véritables vaches à lait des inspecteurs. En attendant, il est nécessaire que le MEBA initie un audit sur la distribution des manuels scolaires. Le MEBA doit sensibiliser également les APE et les AME sur la nécessité de s’impliquer dans la gestion des manuels scolaires. Apparemment, les tournées de concertation de madame le ministre l’année passée n’ont pas été bénéfiques pour les acteurs de l’éducation au niveau local.
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