UNE LETTRE POUR LAYE
Cher Wambi,
Ce samedi 14 avril, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) lâchera ses chevaux, consacrant ainsi l'ouverture officielle de la campagne en vue des législatives du 06 mai 2007.
Sans plus te dire, tu comprendras aisément pourquoi cette invasion subite et instantanée des grosses cylindrées, jusque dans les brousses les plus reculées du Burkina.
Pour un siège encore hypothétique à l'Assemblée nationale, le moment n'est-il pas venu de battre le rappel des parents aussi proches que lointains, et d'amis qu'on avait perdus de vue depuis la nuit des temps ?
En tout cas, cher cousin, ils sont 47 partis en lice pour cette épreuve nationale qui verra le renouvellement du Parlement.
Nombreux sont les prétendants, mais peu seront les élus quand on sait que notre Assemblée ne compte que 111 membres.
Il faut donc ratisser large, travailler les militants au corps à corps, non seulement convaincre mais aussi faire pleuvoir "les feuilles" pour espérer être parmi les heureux au soir du 06 mai.
D'ores et déjà je ne saurais te dire qui en sortira vainqueur, cher cousin, mais chacun connaissant ses forces et ses faiblesses, le verdict des urnes ne devrait étonner personne.
En attendant, cher Wambi, les ministres en charge des Finances et du Budget, de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, par arrêté en date du 10 avril dernier, ont déliés les cordons de la bourse.
En clair, cher cousin, c'est la rondelette somme de 400 millions de francs CFA que l'Etat a mis à la disposition des partis en compétition.
Et selon les termes de l'arrêté interministériel, cette subvention est répartie entre les partis et/ou les formations politiques, au prorata du nombre de candidats présentés par chaque parti ou formation politique aux élections législatives du 06 mai 2007.
C'est ainsi que des partis comme l'ADF/RDA de Me Gilbert Ouédraogo, le CDP de Roch Christian Kaboré et l'UNDD de Me Hermann Yaméogo, qui se présentent dans toutes les circonscriptions électorales, s'en tirent avec chacun quelque 23 millions de francs CFA.
A l'inverse, cher cousin, tu verras que certains partis devront se contenter du strict minimum, parce qu'ayant fait le choix de ne se présenter que dans quelques circonscriptions.
Pour ces derniers, la moisson a sans doute été moins bonne, eu égard à leur part du gâteau étatique.
En tout cas, les moins heureux s'en sont tirés qui avec 400 mille, qui avec 200 mille de nos francs.
Mais la répartition ayant été faite en fonction des ambitions supposées ou réelles de chaque parti, on ne peut que souhaiter aux différents leaders d'en faire un bon usage.
Au moment où tu me lis, cher cousin, chaque parti devrait avoir engrangé son butin, puisque la remise officielle des chèques a eu lieu le jeudi 12 avril 2007, au ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation.
Comme il fallait le redouter, cher cousin, dans certaines contrées du Burkina, bien de citoyens éprouvent déjà un avant-goût amer de cette campagne.
Hélas, c'est la triste réalité à Mognoré, dans la région du Centre-Est, où le chef de village vient d'essuyer les foudres de son supérieur de Bittou.
Voici le film des événements tel que me l'a conté un ressortissant de Mognoré, ce village en bordure de mer :
"Les élections législatives pointent à l'horizon, et les différents candidats affûtent leurs armes et posent leurs stratégies sur le terrain.
Mais il s'est passé une situation très inquiétante à Mognoré, un village situé à 18 km de Bittou et à 3 km de la frontière du Ghana.
Pour y accéder il faut se lever de bonne heure, et les infrastructures socio-éducatives et sanitaires sont dans un état de délabrement total.
Pourtant ce gros village a toujours fait le plein des voix pour le CDP depuis maintenant 10 ans, dans l'espoir de voir s'améliorer les conditions de vie de ses habitants, ne serait-ce que son désenclavement.
Que de promesses non tenues, que de nombreux engagements non réalisés !
Alors, les villageois ont opté cette fois de faire chemin avec la Convention des forces démocratiques du Burkina (CFD/B), un
regroupement de partis de la mouvance présidentielle, au cours d'une assemblée générale tenue le vendredi 06 avril 2007 en présence du chef de Mognoré qui, du reste, n'a pas fait une seule intervention.
Erreur, puisque 48h après, les Mognorais ont assisté à un spectacle désolant, assimilable à un western. C'était la descente du chef de Bittou dans le village de Mognoré. Le chef de Bittou est le maire de Bittou, Président du
comité local de jumelage, secrétaire général du CDP, candidat CDP pour ces élections.
Il arrive à Mognoré, recherche le chef du village et le décoiffe de son bonnet de chef avec des menaces à l'appui. Le motif relevé a été sa présence à cette assemblée générale où les populations ont signifié leur ras le bol et montré leur attachement à un nouvel idéal, celui du véritable développement de la localité.
Et ce n'est pas tout, il décrète que, pour compter de ce jour, il n'est plus chef du village de Mognoré.
Ç'aurait été le premier cas, qu'on pourrait parler de difficulté de compréhension des principes démocratiques ou de méconnaissance des comportements républicains. Mais c'est plusieurs fois que des choses pareilles se passent dans cette zone du Burkina.
C'est pourquoi nous prenons la peine de faire cet écrit pour prendre l'opinion nationale à témoin sur l'attitude de ce chef trop engagé et qui, malheureusement, n'arrive pas à faire la différence entre chefferie coutumière et politique.
Aussi, nous interpellons le Conseil supérieur de la chefferie coutumière pour que le cas de Mognoré soit traité dans une logique de sauvegarde de nos valeurs coutumières et du respect des personnalités, garantes de nos traditions."
Eh bien, cher cousin, si les faits ci-dessus révélés sont avérés, il y a lieu de tirer la sonnette d'alarme afin que ce genre de comportement ne fasse pas tache d'huile en démocratie.
Car, plus près de nous, à Béré dans la province du Zoundwéogo, le 3 avril déjà, un militant du Rassemblement populaire des citoyens (RPC), de surcroît enseignant et natif de la localité, aurait reçu un ultimatum d'une semaine pour trouver refuge ailleurs.
Le péché du sieur Issouf Kabré, puisque c'est de lui qu'il s'agit, serait d'avoir fait ses adieux au CDP, le parti du chef de Béré.
C'est pourquoi une délégation de sujets et de militants, forte d'une trentaine de personnes, s'est rendue en sa résidence pour lui faire part de cette "fatwa électorale".
Aux dernières nouvelles, le "banni" de Béré aurait porté plainte à la gendarmerie de Manga ; des missions de bons offices ont fait le déplacement au Zoundwéogo. Tout serait rentré dans l'ordre.
Souhaitons seulement, cher Wambi, que le chef de Béré ne soit pas mêlé à une telle affaire, comme lui-même l'aurait clamé ; car il y a vraiment lieu de calmer le jeu et d'éviter les confusions de rôles dans cette effervescence électorale.
Nul n'a intérêt à ce que le Faso s'enflamme, surtout pas les chefs coutumiers, qui doivent être l'incarnation de la sagesse, de la probité, de l'intégrité, des faiseurs de cohésion sociale et de paix.
Restons néanmoins dans le Zoundwéogo où le département de Bindé est, lui aussi, sous les feux de l'actualité provinciale.
Que s'y passe-t-il ?
Eh bien, si à Faramana dans la région des Hauts-Bassins et à Zawara au Centre-Ouest, les maires des communes rurales ont démissionné de l'ADF/RDA sans une quelconque réaction des conseillers de ces localités, à Bindé dans le Zoundwéogo, où l'édile vient de lâcher l'Eléphant, les choses risquent de se passer autrement.
En effet, une motion de défiance contre le maire par un tiers des conseillers a été déposée auprès des autorités compétentes.
Il est reproché au bourgmestre de ne pas pouvoir réunir les élus locaux à la majorité simple, et sa récente démission de l'ADF/RDA pourrait davantage fragiliser sa position.
Par ailleurs, les conseillers CDP désapprouveraient la demande tendant à leur imposer le maire démissionnaire, et une correspondance de désaveu adressée à leur instance suivrait en ce moment son cours.
Voici d'ailleurs la motion de défiance qu'une vingtaine de conseillers ont adressée à leur maire :
Les conseillers municipaux de la commune rurale de Bindé
A
Monsieur le maire de Bindé
Objet : Motion de défiance
Monsieur le maire,
Votre installation à la tête de la commune rurale de Bindé le 1er juillet 2006 avait nourri l'espoir des populations de voir tous les fils et toutes les filles de la localité plus unis pour affronter les grands défis du développement de la commune.
Les mois s'écoulent et c'est avec une profonde amertume que nous constatons que l'espoir des populations, que nous représentons, s'éloigne chaque jour davantage sous votre regard insouciant et quelquefois complice.
Pour preuve, l'absence quasi permanente et sans explication aucune de plus du tiers des membres du Conseil aux réunions a toujours rencontré votre indifférence et parfois votre mépris.
Votre récente démission du parti qui vous a porté à la tête de la mairie fragilise davantage le Conseil, car il entraînera sans aucun doute des défections supplémentaires aux réunions.
Monsieur le maire, notre analyse de la situation nous amène à comprendre que vous avez opté de conduire lentement mais sûrement le Conseil municipal de Bindé au blocage puis à sa dissolution pure et simple par la défection massive de ses membres. Aussi, et pour éviter à Bindé une telle catastrophe, nous nous voyons dans l'obligation de vous retirer notre confiance.
Dans ces conditions et en application des dispositions pertinentes du code général des collectivités territoriales, notamment de son article 273, nous introduisons par la présente une motion de défiance à votre encontre.
Nous vous prions de croire à notre considération distinguée.
Ampliations :
- Préfet de Bindé
- Haut-commissaire de la province du Zoundwéogo
- Gouverneur de la région du Centre-Sud
Cher Wambi, te souviens-tu qu'en décembre dernier s'est déroulé un recensement général de la population et de l'habitat du Burkina Faso ? Eh bien si au niveau de l'état-major qui a piloté ce recensement, on met la dernière main à la pâte pour nous sortir des résultats proches de la réalité, on apprend toutefois que le Burkina pourrait se classer en bonne place au niveau du nombre d'habitants à l'échelle ouest-africaine.
En effet, après le Nigeria qui n'est pas loin de 150 millions d'habitants, le Ghana avec quelque 20 millions, le Burkina pourrait prendre la 3e place avec 18 millions d'habitants.
18 millions, ce pourrait être le nombre d'habitants que compte notre pays. En tout cas, ce serait les dernières tendances.
La 5e réunion du Comité de suivi de l'Accord global politique intertogolais s'est tenu hier à Ouaga 2000 sous le patronage du facilitateur, le président Blaise Compaoré.
Il s'est agit d'évaluer les activités de la CENI, le code de bonne conduite et le chronogramme relatif au déroulement des législatives, qui doivent se tenir en principe en juin prochain.
De l'avis des uns et des autres, tout se déroule normalement : par exemple, côté pouvoir, Pascal Bodjona se dit satisfait, et Léopold Gnininvi de l'opposition ne trouve rien à redire au cheminement de cet accord. On apprend d'ailleurs que parmi les tâches déjà exécutées, il y a la commande de 3 000 kits en RD Congo, commande qui a été livrée au Togo. Ces kits comprennent tout le matériel technique pour effectuer le recensement, la confection des cartes d'électeurs avec photo...).
Du reste, les techniciens sont en train de confectionner le logiciel qui sera commis à ces différents travaux électoraux.
Avant de t'ouvrir le carnet secret de Tipoko l'Intrigante, cher cousin, je t'invite à partager les angoisses qu'un citoyen soumet à la présidente du Conseil d'Etat :
Mme la présidente du Conseil d'Etat,
Au nom du droit à la protection que me confère la constitution de mon pays, je viens, à travers la présente, vous saisir d'une situation de magouille et d'expropriation injustifiée orchestrée par un conseiller municipal de la Mairie de Bogodogo contre ma personne suite à un recensement qui a eu lieu le mardi 10 avril et qui a concerné la lisière de la zone non lotie de Goudrin et les environs de la grande voie qui sépare le quartier loti et le quartier non loti en vue d'un éventuel déguerpissement des zones non loties au compte d'un projet dans le but d'agrandir la voie.
Pour ce faire, l'équipe de recensement, conduite par le conseiller, a choisi de sacrifier ma cour d'habitation en refusant de me recenser sans que je ne sache pourquoi et quel recensement devrait me permettre de bénéficier d'une parcelle d'habitation offerte par le projet contre démolition de ma cour, située sur la voie à agrandir. Et du coup, voici les interrogations que je me pose.
- pour quelles raisons ma cour n'a pas été recensée ?
- quelles sont les conditions que je n'ai pas pu remplir pour mériter ce sort alors que ma cour d'habitation sera démolie d'ici peu de temps au compte du projet ?
- quelle motivation guide cette décision de l'équipe de recensement ?
Voilà autant d'interrogations, Mme la présidente du Conseil d'Etat, qui m'amènent à m'adresser à vous pour demander que justice soit rendue.
Mme la présidente du Conseil d'Etat, je suis sûr que beaucoup de pauvres types comme moi ont été victimes de cette mascarade.
C'est pourquoi au nom de toutes ces victimes, l'intervention de votre institution est sollicitée de toute urgence pour arrêter immédiatement cette opération et entreprendre une enquête pour mesurer la gravité de la situation.
S'il doit y avoir recensement au compte du projet, que cela se fasse dans les règles de l'art, c'est-à-dire en toute transparence et que les concernés soient suffisamment informés et associés au processus de recensement.
Mme la présidente, veuillez accepter au nom de toutes les victimes riveraines de la route du projet, l'expression des sentiments distingués.
Fait à Ouagadougou, le 11 avril 2007
Le citoyen Yonaba Zackaria,
Habitant la zone non lotie de Goudrin
L'insécurité ne règne pas qu'au Faso. Ce n'est pas pour dire que les autorités doivent baisser la garde. Un Burkinabè a été assassiné à Bolgatenga au Ghana, en fin mars, dans des circonstances encore non élucidées. Cologo Marcel qu'il s'appelle, la trentaine environ, est parti de Ouagadougou le 21 mars 2007 pour la Côte d'Ivoire en compagnie d'un ami, un certain Kiemdé Mahamadi. Leur itinéraire devait passer par le Ghana. Là-bas, après un séjour d'une nuit dans un hôtel, le défunt partit pour des courses. Son ami, qui l'a attendu en vain pour la poursuite de leur voyage, est revenu à Ouagadougou pour apprendre que son compagnon d'infortune a été découvert assassiné de plus de trois balles. Son père, Cologo Karim Ambroise, inspecteur d'enseignement de son état, qui s'est rendu à la police de Bolgatenga, a décidé de porter plainte contre Kiemdé Mahamadi pour complicité d'assassinat.
L'affaire, diligentée par la police de Boulmiougou, est maintenant dans les mains de la justice.
C'est dire que partout où l'on met les pieds, la prudence doit être le maître-mot. Eux qui avaient décidé d'aller passer la fête pascale au bord de la lagune Ebrié ne s'imaginaient pas que leur voyage se transformerait en une tragédie. Comme qui dirait, "on sait toujours où on est né, mais jamais où l'on décédera". Ah quel monde !
Passées les journées chaudes des 16 et 17 mars dernier, les suspects sérieux dans l'assassinat de Maré Bambo Oumar et de Bancé Sempana, à savoir Maïga Modibo Ali et Sana Aboubacar, méditent depuis le mardi 3 avril courant à la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) où ils ont été déférés. Le commissariat central de police de Ouagadougou, où les prévenus étaient en garde à vue, a mis les bouchées doubles pour boucler l'enquête et se décharger de ces fardeaux. C'est à la justice maintenant de faire la lumière sur cette ténébreuse affaire.
On le sait, depuis le 1er mars 2007, c'est le député Christophe Dabiré qui a succédé à Frédéric Assomption Korsaga, en fin de mandat à la Commission de l'UEMOA. Un départ et une ascension fêtés de manière grandiose. Avant de prêter serment à l'Union économique et monétaire ouest-africaine, le député Christophe Dabiré présidait aux destinées de la Commission des finances et du budget (COMFIB) de l'Assemblée nationale.
En tout cas, ses anciens collègues de la COMFIB étaient tout heureux mercredi dernier de le recevoir pour lui offrir un pot d'au revoir et lui souhaiter beaucoup de réussite dans ses nouvelles fonctions.
Cette initiative, une première à l'Assemblée nationale, ne confirme-t-elle pas davantage que l'homme sait toujours laisser une belle image de lui partout où il passe ?
En tout cas, ce fut un au revoir bien arrosé qu'on n'oubliera pas de sitôt à l'Assemblée.
Passakongo, ce village de la région de la boucle du Mouhoun, refusera certainement du monde ce samedi 14 avril 2007.
Y seront célébrés, en effet, les funérailles d'un de ses illustres fils, en l'occurrence Konaté Bata Mathias, administrateur des services financiers, ancien directeur général de la SONABEL, ancien directeur d'INADES Formation, rappelé à Dieu le 17 avril 2006.
La cérémonie commémorative du premier anniversaire de cette disparition sera marquée par une messe concélébrée par leurs Excellences Mgr Jules Bicaba du diocèse de Dédougou et Mgr Joseph Sama du diocèse de Nouna, le samedi 14 avril 2007 à son domicile à Passakongo à partir de 10h 00.
Cette messe sera suivie de la bénédiction de la tombe.
L’Observateur Paalga du 13 avril 2007
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