Une lettre pour Laye: Premier ministère: Que de noms, que de noms !
UNE LETTRE POUR LAYE DU 01-06-2007
Cher Wambi
Cher Wambi, les élections législatives sont désormais et définitivement derrière nous. Le Conseil Constitutionnel a en effet rendu le lundi 28 mai 2007 son verdict final, qui confirme, dans l'ensemble, les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) le samedi 14 mai dernier.
Le CDP s'en tire ainsi avec 73 députés contre 14 à l'ADF/RDA, 5 à l'UPR, 4 à l'UNIR/MS, 3 à la CFD/B, 2 chacun au PDP/PS, à l'UPS, au RDB et au PDS tandis que le RPC, le PAREN, le PAI et l'UDPS se contentent chacun d'un député.
Maintenant donc que le sort en est jeté, il ne reste plus aux vainqueurs qu'à se partager les morceaux les plus viandeux de la République. Et comme en pareilles circonstances, les conjectures vont bon train. D'abord, qui sera le prochain président de l'Assemblée nationale ?
Quelques noms sont bien sûr avancés, cher cousin, des plus sérieux aux plus fantaisistes, mais si, jusque-là, Arsène Bongnessan Yé et Mélégué Maurice Traoré se sont contentés d'une législature avant d'être débarqués, tout semble indiquer que cette fois-ci, la règle non écrite d'"un mandat puis s'en va" ne sera pas respectée.
Autrement dit, il y a de fortes chances que Roch Marc Christian Kaboré succède à Rock Marc Christian Kaboré au perchoir. Mais sait-on jamais, car, comme chacun le sait, tout part et tout revient à la présidence du Faso. Le patron du CDP n'a d'ailleurs pas dit autre chose quand, interrogé mardi par des journalistes au sujet du portrait-robot du futur Premier ministre, il a affirmé, prudent, que celui-ci se dessinait à la présidence. C'est donc le fait du prince.
Là aussi, cher Wambi, les hypothèses fusent de partout. D'abord, selon certaines personnes qui prétendent être dans le secret des dieux, Ernest Paramanga Yonli (EPY) devrait quitter la Primature après sept ans de bons et loyaux services. Je n'en suis pas si sûr, cher cousin, car ce Blaise-là, il a l'art d'arriver là où on l'attend le moins. Comme d'ailleurs ce fut le cas quand, en 2000, il sortit de son chapeau un certain... Paramanga que nul n'avait pronostiqué.
Mais mettons qu'il parte. Qui pour le remplacer?
De tous les noms que j'entends, ceux qui reviennent le plus sont ceux de Seydou Bouda, l'actuel ministre de l'Economie et du Développement, et de Damo Justin Barro, gouverneur par intérim de la BCEAO.
Le premier, c'est bien connu, est tout ce qu'il y a de responsable, pondéré et expérimenté, sans doute très au fait des réalités économiques et financières d'un monde globalisé, mais il a un sérieux handicap : il est... mossi. Ne ris pas, car si d'aventure Roch devait prolonger son bail au Parlement, mettre Bouda au premier ministère fragiliserait les équilibres ethno-régionales, dont on ne parle pas toujours, mais qui sont souvent pris en compte. Bien sûr, un Etat qui aspire à être une nation ne devrait plus en être à ces considérations, mais il faut se garder d'apporter de l'eau au moulin d'une personne comme Christian Koné, qui agite à intervalles réguliers l'épouvantail du prétendu impérialisme de l'ethnie majoritaire.
Damo Barro alors? Ça fait un bout de temps, cher cousin, que son nom revient toutes les fois qu'il est question de remaniement ministériel, et je ne serais pas étonné qu'à ce rythme, il finisse par arriver un jour. Son heure a-t-elle sonné ? Je ne saurais le dire. Une chose est sûre, il est tout aussi capé que celui dont je viens de parler et, en plus de ne pas être mossi, l'environnement politique sous-régional pourrait lui être favorable. Je m'explique, car je te vois déjà me demandant s'il y a affaire de sous-région dans ça.
Bien sûr que oui. Comme tu le sais, la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest peine à trouver un successeur à Charles Konan Banny dont l'intérim est assuré depuis décembre 2005 par notre compatriote. Lequel tient à confirmer l'affaire. Le Niger lorgne aussi le poste ; ainsi que la Côte d'Ivoire, pour qui cela lui revient de droit car avec 40% du poids économique de l'UEMOA, elle est la locomotive de la sous-région même si, sans les wagons, fussent-ils vides, elle n'est rien.
Je me suis alors laissé dire, cher Wambi, que le président du Faso ayant parrainé le dialogue direct Gbagbo/Soro qui a débouché, le 4 mars 2007, sur la signature de l'Accord de Ouagadougou, le gouvernorat de la BCEAO a pu faire l'objet d'un marchandage avec son homologue pour régler définitivement le problème. Ainsi, Blaise nommerait Damo à la Primature et il renoncerait de facto au gouvernorat, et le Burkina soutiendrait la Côte d'Ivoire pour qu'elle retrouve sa chose, contre les autres prétendants.
Pures spéculations ? Peut-être, mais ce petit jeu des bookmakers politiques burkinabè, qui ajoutent à la liste des premiers ministrables des personnalités comme Thomas Sanou ou Benoît Ouattara, ce n'est rien d'autre que de la spéculation.
Dans tous les cas, on sera très vite situé puisque l'identité de l'oiseau rare sera connue dans le courant de la semaine à venir, quand EPY aura rendu sa démission et celle de son gouvernement (dès ce week-end ?) et que les nouveaux députés auront validé leurs mandats lors de la session inaugurale, qui pourrait être convoquée d'ici mercredi.
Cher Wambi, les histoires de gros sous finissent presque toujours par des mésententes. J'en ai encore eu la preuve avec Telecel Faso dont les principaux actionnaires se battent depuis de nombreux mois comme des chiffonniers. Il s'agit d'Atlantique Télécom SA (AT) qui détient 51% du capital de la société et Planor Afrique SA (PA) d'Appolinaire Compaoré qui possède 44% des parts, le reste étant entre les mains de petits porteurs.
Depuis quelque temps en effet, une bataille judiciaire oppose les deux partenaires. Il semble, cher cousin, qu'après avoir cheminé ensemble en bonne intelligence, le premier (AT), pour diverses raisons, dénie aujourd'hui au second (Planor) sa qualité d'actionnaire et donc, à Appolinaire même, son statut de président du Conseil d'administration. Il convient de rappeler que ce dernier avait en fait racheté courant 2003 une partie (110 000) des 237 500 actions d'AT, ce qui montait à 2 411 948 000 FCFA que l'acheteur devait éponger selon un échéancier précis. Ce que l'intéressé a commencé à faire, sur la base d'accords verbaux, avant qu'une convention ne vienne, le 26 août 2004, matérialiser de façon formelle cette opération de rachat d'actions. Le 9 août 2005, c'est un acte de cession d'actions par AT au profit de PA qui a été dressé et signé devant notaire.
Les choses se gâtèrent donc finalement, comme indiqué plus haut. PA attaqua donc AT en justice, mais elle perdit en première instance.
Aux dernières nouvelles cependant, les choses seraient en train de tourner en faveur de Planor, qui, en fait, n'existait pas au début du deal et qui allait être, suite à sa création ultérieure, subrogée dans les droits d'Appolinaire en tant qu'actionnaire de Telecel Faso.
J'ai appris donc, cher cousin, qu'à l'audience de référé du 24 mai 2007, le premier président de la Cour d'appel de Ouagadougou a rendu une ordonnance dans le cadre de cette affaire. Il a ainsi, sur la forme, rejeté la fin de non- recevoir tirée de l'autorité de la chose jugée, soulevée par AT et Telecel Faso, et déclaré l'appel de PA recevable. Sur le fond, le magistrat déclare notamment l'appel fondé et infirme par conséquent l'ordonnance attaquée en ce qu'elle a déclaré la société Planor Afrique SA mal fondée.
Le premier président de la Cour d'appel a par ailleurs désigné madame Françoise Toé/Sawadogo, experte-comptable, en qualité d'administrateur judiciaire de Telecel Faso en remplacement d'Adama Zéba.
Elle disposera, à compter de sa prise de fonction effective, de 3 mois pour exécuter sa mission, et sa rémunération sera taxée par ordonnance et supportée par Telecel Faso.
Appolinaire a donc visiblement gagné une bataille décisive, même si cette guerre n'est manifestement pas encore terminée.
Signalons qu'il a comme conseils dans ce dossier l'ancien bâtonnier Harouna Sawadogo, Me Serge Sogotèrè Sanou, Me Ali Neya et Me Alain Fénéon, un avocat français. Affaire à suivre...
Drame belgo-burkinabè à la rue Corbais.
Hélas, cher cousin, la scène remonte au vendredi 25 mai dernier en Belgique où un homme a abattu sa femme et le fils qu'elle avait d'un premier lit.
Celui par qui le malheur est arrivé s'appelle Jean-Pierre Renard, 51 ans.
De nationalité belge, il épousa en 2003 Thérèse Souratié, 48 ans, Burkinabè arrivée en Belgique avec Désiré Yempenbou Ouoba, alias Patrice Junior, un fils qu'elle avait eu d'un premier mariage.
Dans leur famille tout semblait en tout cas baigner jusqu'à ce vendredi quand les policiers furent appelés à se rendre au n°169 de la rue de Corbais.
D'une correspondance particulière en effet, cher cousin, on apprend qu'une discussion avait éclaté à propos de la demande de Jean-Pierre Renard de pouvoir disposer des clefs de la voiture qu'il avait achetée le jour même à sa femme.
"Elle estimait sans doute qu'il n'était pas raisonnable de le laisser partir en voiture alors qu'il avait bu quelques verres. Les policiers quittèrent les lieux, croyant que la situation s'était apaisée. La famille alla se coucher. Un violent orage réveilla le mari qui constate quelques dégâts dans son bureau. Il s'énerva, descendit dans un local où se trouvaient plusieurs dizaines d'armes de tous calibres, toutes déclarées, à l'exception d'un revolver, dont il s'arma. Son beau-fils l'interpella au second étage. "Ici, c'est nous qui commandons", aurait-il dit, ce qui eut le don d'irriter Renard qui, depuis quelques mois, se sentait exclu.
Il tira trois coups de feu en direction du jeune homme qui s'écroula.
Sa maman voulut intervenir. Elle fut abattue de trois coups de feu.
Jean-Pierre Renard se rendit vers 3h au commissariat de police de Gembloux où il se constitua prisonnier après s'être rendu chez ses parents, auxquels il avait confié le petit garçon (trois ans) qu'il avait eu avec Thérèse Souratié. Samedi matin, la juge d'instruction Destrée a écroué Renard du chef de meurtre."
C'est là, cher cousin, la première version de cette affaire qui m'est parvenue.
Certainement que les jours à venir nous en apprendront davantage.
En attendant, cher Wambi, et avant que nous ne prenions connaissance du contenu du carnet secret de Tipoko l'Intrigante, rendons à César ce qui est à César.
Dans ma dernière lettre, en effet, t'annonçant le baptême de la rue 12-49 à Dapoya II du nom de Dr Issoufou Joseph Conombo, j'en faisais également le premier maire de la ville de Ouagadougou.
Une erreur qui a vite sauté aux yeux de personnes averties, tel le colonel Félix Tiemtarboum, à qui je dis grandement merci.
Le premier maire élu de Ouagadougou fut plutôt Joseph Ouédraogo, qui fut destitué par Maurice Yaméogo, son adversaire irréductible, et remplacé par le Dr Issoufou Joseph Conombo en 1959.
Cette vérité historique rétablie, voyons maintenant ce que nous réserve notre bonne vieille :
S'il est un sujet qui divise de nos jours le Trésor public burkinabè, c'est bien celui des affectations décidées le 28 mai dernier par la Direction générale.
Pour le Syndicat autonome des agents du Trésor (SATB), la mesure d'affectation de 45 de ses militants contient des sanctions déguisées.
Une lecture qui contredit la correspondance n°2007-873/MFB/SG/DGTCP/SP adressée à toutes les structures par Lucien Marie Noël Bembamba, le maître des lieux, dont copie suit :
"Je vous fais tenir ci-joint une note de service portant affectation des agents pour renforcer les perceptions, conformément aux orientations du Comité de direction extraordinaire du 25 avril 2007.
En rappel, ce renforcement a été rendu nécessaire dans le cadre de la communalisation intégrale, qui aurait pour effet d'accroître les tâches confiées aux perceptions, chacune devant couvrir plusieurs communes.
Ce renforcement vise aussi à préparer certaines perceptions, qui seront érigées en trésorerie principale.
Ces affectations constituent une première étape. Elles seront complétées ou ajustées, en fonction des prochaines mises à disposition de nouveaux agents ou des départs, notamment pour les écoles de formation.
Je vous invite à prendre toutes les dispositions pour libérer les agents vous concernant et leur permettre de prendre service dans les brefs délais à leur nouveau poste.
J'attache du prix à la mise en œuvre diligente de la présente."
Lucien Marie Noël Bembamba
Chevalier de l'Ordre national
Ça n'arrive pas souvent, pour ne pas dire jamais !
La grogne qui couve à l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Ouagadougou est donc une première.
Depuis un certain temps, en effet, des voix au sein du personnel s'élèvent pour dénoncer des licenciements dits abusifs et arbitraires d'agents locaux.
Et il semble que là-bas, chez le Yankee, peu importe la manière de te foutre à la porte.
Une feuille volante, sans en-tête ni armoiries du gendarme du monde, suffirait largement.
Est-ce donc la raison pour laquelle le ministère des Affaires étrangères interpellé n'ose pas broncher ?
En tout les cas, on ne serait pas étonné de voir un de ces quatre matins le personnel de l'ambassade débrayer, comme pour dire .... ça suffit !
En attendant, certains auraient intérêt à trouver mieux à faire que de se pavaner devant les maquis de la capitale avec les véhicules de la même ambassade qu'on flagelle aujourd'hui.
Ne dit-on pas que quand ton sous-vêtement est sale tu dois éviter d'entrer dans la danse ?
Après son test de popularité réussi avec brio aux dernières consultations législatives, dans sa province natale du Boulgou, plus d'un se demandait si le commissaire de police Amadou Palguim Sambaré oserait abandonner la proie pour l'ombre.
Car depuis qu'il a été décagnoté de la direction générale de la police nationale, Sambaré était allé acquérir d'autres galons à la tête des forces onusiennes assurant la sécurité en République démocratique du Congo (RDC).
C'est donc dire que là-bas chez les Bantous, Palguim ne bouffait pas la vache enragée.
Mieux, il lui resterait encore quelques trois années de contrat avec les Nations unies.
Ce qui achève de nous convaincre donc que le grand Bissa du Zaïre ne siégera pas à l'Assemblée nationale.
Attendu ce week-end à Ouagadougou, il pourrait par conséquent céder son siège à son suppléant, comme tant d'autres.
Une autre absence qui ne passera pas inaperçue à l'hémicycle est celle de Cyril Goungounga ; après quinze années de vie parlementaire, le président du PARIS, au terme du verdict du scrutin du 06 mai dernier, ne siégera pas à la future Assemblée.
Loin d'en faire un drame national, Cyril se satisfait de l'implantation de son jeune parti dans le Fasoland.
Et avec lui, son épouse et ses enfants, qui ont demandé une messe d'action de grâce pour ce samedi 02 juin 2007 à partir de 18 h 30 à l'église de la Paroisse Jean-XXIII à Ouagadougou, Cyril Goungounga et les siens tenant ainsi à remercier le Tout-Puissant de lui avoir permis de participer à la vie parlementaire au Burkina Faso dans la santé et dans la foi.
Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."
Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé.
L’Observateur Paalga du 1er juin 2007
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