15 kg de fibrome dans le ventre (Carnet de santé)
Carnet de santé
Après plus de deux mois d'interruption indépendante de notre volonté, votre rubrique Carnet de santé reprend avec le fibrome, une pathologie qui touche la femme et qui conduit à la stérilité à vie comme dans le cas de cette dame venue du milieu rural, opérée par les soins du Dr Charlemagne Ouédraogo, gynécologue-obstétricien, et ses collègues le lundi 14 janvier 2007 au CMA du secteur 30 de Ouagadougou.
J. T. et L. K. ont convolé en justes noces il y a de cela 11 ans. Ils n'ont pas encore goûté au plaisir d'avoir un enfant. Et ils n'auront plus jamais cette joie de s'entendre appeler papa ou maman. Car, suite à une opération chirurgicale au Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) du secteur 30 de Ouagadougou, l'épouse de J.T. est stérile à vie. Comment en est-on arrivé à une telle situation ?
Cela faisait cinq bonnes années que cette dame souffrait de douleurs pelviennes intenses. Après plusieurs consultations médicales, son état de santé ne s'améliorait pas. Pire, son ventre commençait à être proéminent comme si elle portait une grossesse. Mais les règles douloureuses avec beaucoup de saignements montraient qu'il n'en était rien. C'était en toute logique les complications de sa maladie qui faisait courir son mari. "J'amenais régulièrement ma femme au dispensaire. Je dépensais énormément dans l'achat des produits pharmaceutiques sans succès. Finalement, on m'a conseillé de l'amener à Laye. Dans cette localité, on a tenté de nouveaux traitements puis on nous a dit de venir à Ouaga, au Centre médical Paul IV. De là-bas, nous avons été envoyés à l'hôpital Yalgado mais le médecin qui devait consulter mon épouse venait, semble-t-il, d'être muté à un autre poste puis finalement, on nous a indiqué le CMA du secteur 30", explique J. T.
Au CMA du secteur 30 de Ouagadougou, L. K. est consultée par le Dr Charlemagne Ouédraogo. Le diagnostic indique qu'elle souffre d'un fibrome avancé qui nécessite une intervention chirurgicale. De quoi s'agit-il ?
Une tumeur bénigne de l'utérus
Le Dr Charlemagne Ouédraogo : "Le fibrome est une tumeur bénigne qui se développe aux dépens du muscle de l'utérus. Il est entretenu par le flux hormonal de l'organisme, qui se nourrit de sang et se développe comme un arbre. Sa vitesse de croissance varie d'une personne à une autre".
Qu'est-ce qui peut être à l'origine d'une telle maladie ?
"On ne saurait le dire. On sait seulement que ce sont des tumeurs qui sont plus fréquentes chez la race noire que dans la race blanche. La constitution de la race noire est telle qu'elle a plus de tissus conjonctifs que la race blanche. Ce n'est donc pas une pathologie liée à un microbe mais à la constitution de la femme".
La première manifestation du fibrome est la perturbation du cycle menstruel : "Le flux des règles est important en quantité et en durée", indique le Dr Ouédraogo. Ensuite, "l'abdomen augmente de volume, devient dure au toucher et la patiente a des crises pelviennes aiguës. Par conséquent, la vie sexuelle de la victime est perturbée".
La tumeur se localise sur l'utérus ou à l'intérieur de l'utérus ou bien encore sur le col de l'utérus, en somme, toutes les parties de l'utérus peuvent être concernées par la localisation des fibromes.
Des complications rénales
"La localisation la plus dangereuse est celle qui se trouve dans la cavité de l'utérus. Les menstrues sont en caillot et la femme est anémiée", explique notre spécialiste.
Pour le cas de L. K., le fibrome avait commencé à engendrer une complication rénale. "Il compressait les voies urinaires et les reins en souffraient. Il fallait l'enlever et compte tenu du risque hémorragique, il était pratiquement impossible de sauver l'utérus. Ce qui a été fait et la victime est stérile à vie".
L. K. a 31 ans, période fréquente pour qu'une femme attrape cette horrible maladie. "C'est autour de 35 ans que l'on rencontre beaucoup de cas, mais de plus en plus de jeunes filles de 20 à 25 ans qui n'ont pas encore accouché en sont victimes", précise le gynécologue.
Il est à noter par ailleurs que le fibrome n'est pas lié à la condition sociale. "Toute les femmes peuvent l'attraper. Aucune étude ne démontre qu'il est plus fréquent en milieu rural qu'en milieu urbain. La seule différence, c'est qu'en campagne, on n'a pas un accès facile pour diagnostiquer le mal ; ce qui fait que la tumeur devient géante avec le temps".
Quelle est la situation de cette pathologie au Burkina Faso ?
Selon le Dr Ouédraogo, il n'y a aucune étude nationale qui en donne le taux de fréquence. "Mais tout porte à croire que l'affection est considérable, puisqu'il ne se passe pas une consultation sans fibrome".
Au CMA du secteur 30 de Ouagadougou, sur 1162 interventions chirurgicales en 2007, 362 étaient en rapport avec le fibrome et les kystes de l'ovaire.
Seul fait rassurant : le fibrome impressionne, comme celui de L.T., qui pesait
Pour éviter de vivre une telle situation, le Dr Ouédraogo prodigue des conseils : "Même en l'absence d'activité sexuelle et de plainte, toute femme doit faire une consultation annuelle. Les ONGs et les structures travaillant en milieu rural avec les communautés féminines doivent encourager également les femmes à consulter le centre de santé devant toute augmentation du volume de l'abdomen ou devant une perturbation du cycle menstruel". C'est à ce prix qu'on pourra prévenir efficacement cette maladie de la femme.
Adama Ouédraogo
Damiss
L'Observateur Paalga du 22 janvier 2008
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