L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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20 ans, ça laisse des traces ou des marques ?

Rencontre gouvernement/partis politiques

20 ans, ça laisse des traces ou des marques ?

C'était le tour hier 28 février 2008 des représentants des partis politiquesde rencontrer le gouvernement après ceux des confessions religieuses et coutumières et des diplomates. Un face-à-face au cours duquel on a assisté à quelques passes d'armes entre ministres et responsables de formations politiques.

Clément P. Sawadogo, ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD), a répété mutatis mutandis ce que le gouvernement sérine depuis quelques jours après la flambée des prix de certains produits et les casses dans certaines villes du Burkina. Pour ce dernier, la "fraude endémique avait fait que beaucoup de commerçants ne payaient pas les taxes... le gouvernement a baissé la pression fiscale où elle était pesante".

Clément Sawadogo assènera quelques statistiques pour étayer ses affirmations : stabilisation des prix des céréales, gratuité des manuels scolaires, accessibilité des pauvres aux médicaments essentiels et génériques, baisse de prix des ARV, branchements à des prix sociaux de l'ONEA... "Malgré cela, certains ont choisi la contestation stérile faite de vandalisme et de désordre", a-t-il laissé entendre.

En tout cas, au moment où le gouvernement et les partis politiques échangeaient, certains endroits de la capitale étaient "chauds" : courses-poursuites entre marcheurs et forces de l'ordre par-ci, casses, incendies de pneus sur le bitume par-là. A vrai dire, l'économie de la capitale était paralysée le 28 février 2008. Quid des mesures prises par le gouvernement pour empêcher les marcheurs de sortir ? Rien que le simple fait que les boutiques, banques et autres lieux de travail aient baissé rideaux par peur montre que les manifestants ont atteint leur but.

Ce qui fera dire à Hubert Bazié de l'UPS : "Vous pensez vraiment que c'est une contestation stérile ? Pourquoi ne pas avoir pris des mesures avant les casses ?" Philippe Ouédraogo, au nom du G-14, n'en démord pas au sujet de l'augmentation des taxes : "Il y a bien eu de nouvelles taxes, notamment celle sur le développement de l'électricité, et celle pour les véhicules à moteur et les engins à deux roues" ; au lieu de contrôler les prix, de sanctionner les spéculateurs, le gouvernement évoque la mondialisation, la hausse du prix du baril de pétrole, mais les consommateurs n'ont jamais demandé au gouvernement de s'aligner sur la mondialisation.

Et le porte-parole du G-14 d'inviter le gouvernement à une véritable politique responsable, gage d'une vraie paix, au lieu de se contenter du "calme apparent... Est-ce que s'il n'y avait pas eu ces marches et ces casses, le gouvernement allait prendre ces mesures ?", demandera-t-il. Ces mesures, il les qualifie du reste "d'éphémères". Hypolite Ouédraogo, de l'ADF/RDA, affirmera qu'on voyait, depuis janvier 2008, le panier de la ménagère s'alléger.

Noèl Yaméogo de l'UNDD parlera, lui, de "refondation, car 20 ans, ça laisse des traces". En réponse, le gouvernement maintiendra mordicus qu'il n'y a pas eu d'augmentation de taxes. Au contraire, le gouvernement fait des contorsions pour satisfaire les populations, a laissé entendre Jean-Baptiste Compaoré, ministre de l'Economie et des Finances.

Selon Clément Sawadogo : "Montrez-moi un seul pays au monde qui n'est pas dans la mondialisation, nous savons que les marcheurs ont été organisés, nous savons comment cela se passe, nous savons qu'il y a des velléités de marche à Ouaga ce matin même, et des gens distribuent de l'argent pour encourager ces marches et ceux qui le font sont souvent dans les partis politiques". (NDLR : au même moment sur l'avenue Bassawarga, aux secteurs 10, 16... les marcheurs étaient à pied d'œuvre).

Salif Sawadogo, ministre chargé des Relations avec le Parlement, répondra ainsi au représentant de l'UNDD : "On a parlé de refondation de quoi ? des institutions ? et de 20 ans qui laissent des traces, mais aussi des marques, car c'est 20 ans de paix, de stabilité, de routes bitumées, d'écoles construites".

Gilbert Ouédraogo, en charge des Transports, au sujet des propos de Philippe Ouédraogo dira : "J'espère que ce n'est pas une apologie des casses, nous invitons les partis politiques à suivre le gouvernement, à l'aider dans sa tâche". Commentaire d'un participant en aparté : "L'ADF/RDA est minoritaire au gouvernement, et il parle ainsi, et puis pourquoi des partis vont vous suivre ?".

Il est vrai que parce qu'il est un partisan du programme de Blaise Compaoré "sans supporter le CDP", certains partis politiques de l'opposition ne voient dans les positions de l'ADF/RDA, malgré ses trapézismes intellectuels, que celles d'un parti de la mouvance présidentielle.

Les échanges d'amabilités se sont poursuivis, et on a eu l'impression qu'il y avait de la part du gouvernement un zeste de soupçon à l'endroit de certaines formations politiques relativement à ces marches-casses. Réciproquement, les partis politiques semblaient suspecter le gouvernement de ne pas être de bonne foi et surtout, de piloter le Burkina à vue.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L'Observateur Paalga du 29 février 2008



29/02/2008
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