34 000 fonctionnaires licenciés à Oyo : C'est à ses déjections qu'on reconnaît l'éléphant
34 000 fonctionnaires licenciés à Oyo
C'est à ses déjections qu'on reconnaît l'éléphant
Pour avoir observé une grève sans service minimum, les affiliés au Syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côté d'Ivoire ont écopé de sanctions allant d'une réduction du salaire à sa suppression pour le mois de septembre. Comme quoi à vouloir résoudre ses problèmes, quand bien même ils sont réels pour ne pas dire lancinants, en dehors des voies du droit, on s'expose aux foudres de la loi. C'est là une situation déplorable, car elle ne fera avancer ni la cause des grévistes ni encore moins celle des malades, mais à qui la faute ? Seule consolation, si on ose dire: au lieu de servir à l'achat de casse-croûte pour député ou ministre de la République, les réductions de salaires dans la proportion de 15 jours pour les cadres supérieurs de la santé ainsi que pour les stagiaires ayant observé un arrêt de travail sans service minimum seront reversées à l'hôpital militaire d'Abidjan, pour renforcer les capacités de cet établissement; ce qui n'est que justice. Car il est normal qu'en cas d'arrêt illégal de travail, les services publics qui supportent le surtravail bénéficient des pénalités financières infligées à ceux qui font grève comme dans l'Etat de Bakounine (1).
Mais dans leur infortune, les toubibs ivoiriens peuvent s'estimer heureux comparés à des grévistes sous d'autres cieux, et, comme on dirait à Abidjan, pour eux là "c'est petit affaire".
Car grève pour grève, au Nigeria en effet, le gouvernement de l'Oyo dans le sud du pays a, lui, licencié rien de moins que les 34 000 travailleurs de cet Etat parce qu'ils ont abandonné leurs postes durant des mois. Avec ce record absolu, Thomas Sankara se révèle pratiquement être un enfant de chœur, lui qui n'avait dégagé "que" 2 400 instituteurs sous le Conseil national de la révolution. C'est vraiment à ses déjections, monumentales, qu'on reconnaît l'éléphant, disent les Moosé. Et cet Eléphant d'Afrique, c'est 924 000 km2, soit 3,36 fois le Burkina pour une population (la plus nombreuse du continent) de près de 120 000 000 d'habitants contre le 10e à notre pays.
Le Nigeria est donc à la hauteur de ses péchés, mais et c'est le moins qu'on puisse dire, ces licenciements industriels ne manqueront pas d'ajouter aux problèmes, forcément titanesques, de ce pays car on ne substitue pas sans accroc de nouveaux travailleurs aux anciens en termes d'expérience, de formation et de maturité professionnelles. Sans doute, un jour ceux-là arriveront-ils à la cheville de ceux-ci, mais ce n'est pas demain la veille. Mieux vaut donc mettre de l'eau dans son vin ou son zom-koom (2), c'est selon, d'autant plus que rien ne garantit que les nouveaux ne feront pas leur cette revendication d'un salaire mensuel minimum de 9 400 nairas, soit 75 dollars américains, qui a valu à leurs devanciers d'être voués aux gémonies et renvoyés à leurs parents pour ... emploi. Décidément, au Nigeria, on ne fait jamais les choses à moitié.
Notes :
(1) Bakounine: Mikhaïl Aleksandrovitch, théoricien de l'anarchisme.
(2) Zom-koom : boisson d'eau de mil appelée ainsi en mooré, langue des Moosé au Burkina Faso.
L’Observateur Paalga du 24 septembre 2007
A découvrir aussi
- Tchad : La fin ?
- La vie chère n'a pas de couleur politique
- La drôle de guerre du gouvernement contre la vie chère
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1021 autres membres