L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Après des élections bâclées : Des perspectives de mois sans salaire

Après des élections bâclées

Des perspectives de mois sans salaire

 

Christian Koné, le président du PNR/JV, se veut-il l'oiseau de mauvais augure ? En tout cas, à l'issue des élections législatives qu'il estime bâclées, "l'enfant terrible" de la Comoé présage des lendemains difficiles pour les travailleurs de l'Etat.

 

Les élections législatives du 06 mai 2007 sont une autre étape dramatique de notre système démocratique, elles ont consacré le recul sur tous les plans de la pratique électorale, même si nos gouvernants se vantent de conduire un processus démocratique qui «s'améliore» depuis 1991. Tout avait été mis en œuvre pour assurer le triomphe de la majorité présidentielle à 10 contre 101 no comment.

Depuis 2004 jusqu'aux municipales d'avril 2006, nous n'avons cessé de dénoncer ce code électoral qui a été relu à dessein. Les mobiles de cette manœuvre avaient été justifiés par un cacique d'alors, aujourd'hui tombé en disgrâce ; il avait dit : «Nous n'allons pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis» ; effectivement la branche est toujours là mais sans lui. Il a été également l'auteur de la célèbre formule «Nous n'avons pas de pétrole, mais nous avons Blaise». Paye-t-il à présent le prix de son zèle comme d'autres avant lui ?

En septembre 2006, nous avons exigé le bilan des cinq (05) ans d'existence de la CENI avant son renouvellement ; nous n'avons ni  été compris ni suivi suite à quoi nous avons jugé utile de ne pas participer à la mise en place de cet  instrument ; le PNR/JV, l'UNDD et d'autres partis l'ont boycottée pour manifester leur désaccord avec la mascarade qui se préparait.                                                     

Comme pour confirmer nos doutes sur la transparence de ce scrutin, le CDP à la conférence de presse qu'il a donnée le 29/05/2007 a évoqué la possibilité ou l'opportunité d'une 12e relecture du code électoral ce qui indique que tout avait été intentionnel pour lui assurer une victoire avec une majorité confortable. Cela est annonciateur de basses manœuvres qui viseraient à modifier une fois de plus l'article 37 de la Constitution en faisant sauter le verrou de la limitation des mandats.

Si jamais une telle manœuvre était entreprise, nous assurons le CDP et la majorité présidentielle qu'ils nous trouveront avec le peuple sur leur chemin et «il ne faudrait pas tenter le diable» ; alors, vous comprenez que c'est par après qu'ils envisagent ces accommodements au mépris des principes élémentaires de la démocratie et du respect de l'adversaire.

Après plus de 20 ans au pouvoir, Blaise Compaoré doit se retirer, car en Afrique le seuil de tolérance est à cette limite ; les cas du Cameroun et du Gabon étant des exceptions voire une anomalie. Il est donc temps qu'il tire les enseignements et que la sagesse le guide à examiner sereinement les propositions que nous lui avons faites dans notre écrit paru dans l'Observateur Paalga n°6867 du mardi 17 avril 2007. Il serait bon que ceux qui se disent amis du Burkina ou ses amis l'incitent à aller dans ce sens ; ils rendraient un grand service au peuple burkinabè.

Le PNR/JV et l'UNDD se sont alliés pour aller ensemble aux législatives du 06 mai 2007, sans illusion, mais avec la certitude d'un désastre annoncé. C'est dans cette logique que le président de l'UNDD, en homme avisé, a dit que «nous allons faire une campagne de protestation», thèse que nous approuvons, sinon nous ne nous serions pas mis ensemble...

 

Des gens qui ont la conscience très chargée

 

Il est nécessaire d'expliciter, voire de justifier notre position et de fixer ce qui sera notre action politique dans le futur, car c'est bien à partir de maintenant que commence le vrai combat pour remettre sur les rails le processus démocratique qui s'est dangereusement délité au seul profit de ceux qui nous gouvernent. Cette situation n'est pas le fait du hasard, c'est un processus prémédité et planifié qui aboutit aujourd'hui à la liquidation de la vraie opposition et au laminage de ce qui reste, ou qui croyait représenter encore quelque chose sur l'échiquier politique national.

A la suite de l'élection présidentielle du 13 novembre 2005 et des municipales du 26 avril 2006, la messe était dite. Ces différents scrutins ont montré les limites de notre système démocratique, qui se traduit par des textes de loi manifestement dévoyés, qui fondent les hold-up électoraux que nous avons connus. Nous en voulons pour preuve la dévotion du chef de l'Etat à conduire un bon processus électoral au Togo avec un code électoral plus ou moins consensuel, mais bien meilleur que celui qui régit ici notre système électoral. La preuve est ainsi faite que l'on peut faire mieux.

Le refus de délivrer des CIB infalsifiables à tous les citoyens en âge d'en posséder afin de limiter les inscriptions multiples avec n'importe quel document, ou à défaut, d'adopter la carte d'électeur avec photo de l'électeur pour réduire un tant soit peu les fraudes, a eu pour conséquence un scrutin bâclé. Or, nous avons vu qu'il était possible de limiter les dégâts comme cela va l'être au Togo lors du prochain scrutin législatif. La relecture unilatérale en 2004 de la loi électorale qui pèche par ses insuffisances intentionnelles, suivie du refus manifeste d'engager tout débat pouvant aboutir à des règles de jeux consensuelles, devrait achever de convaincre les plus optimistes et ceux de nos partenaires au développement qui font encore une confiance aveugle au système Compaoré. Indéniablement, le Burkina va vers un blocage avec des scores à la soviétique.

Cette boulimie de pouvoir et ce désir primitif, éhonté de tout accaparer, sont synonymes d'un pouvoir aux abois, qui cherche à tout prix la légitimité institutionnelle et non pas populaire, et encore moins démocratique pour se maintenir.

Toutes ces manœuvres sont des attitudes de gens qui ont la conscience très chargée. Aussi, le pouvoir devient leur seul refuge. Alors, tout est bon, tout y passe avec la seule logique  que  «seule la fin justifie les moyens».

Par ces méthodes, Blaise Compaoré admet implicitement qu'il n'a nullement confiance en ses citoyens au plan démocratique ; ce qui est pour le moins réciproque. Donc, il lui faut mener en bateau ces populations pour se mettre à l'abri des poursuites judiciaires dues à son passé maculé du sang des nombreuses victimes innocentes qui ont eu le malheur de ne pas penser comme lui ou d'avoir mis en cause ses pratiques politiques et celles des siens. Devant ces flots démocratiques, il choisit le lustre extérieur, se fait passer pour un vrai démocrate, un grand médiateur épris de justice et de paix devant la communauté internationale, alors que manifestement le système démocratique est en panne dans son pays.

 

Des alibis démocratiques

 

Ceci dit, revenons-en aux causes de ce qui gangrène notre système démocratique. Face à un pouvoir corrompu, qui a perverti les mœurs sociopolitiques de nos populations, se trouve une opposition qui ne trouve pas sa place dans le jeu politique, semant le doute dans les esprits de ceux que la politique intéresse encore. Peu de gens se reconnaissent  dans cette opposition en proie au doute sur sa stratégie et qui n'hésite pas à verser dans la trahison devant des «promesses de feuilles». Quoi d'étonnant ! Tant la misère est grande parmi ces leaders. Bon nombre d'entre eux ont le sombre désir de se faire élire pour jouir des privilèges que leur conférerait le titre de député, au détriment de la démocratie et en reniant leurs mandants. Quant aux autres, ils ne sont que de sombres manœuvriers œuvrant pour toucher des subsides que leur jette le pouvoir en place.

Souvenons-nous qu'à l'issue des élections municipales d'avril 2006, nous, du PNR/JV avec le MDR, avions approché presque tous les partis de l'opposition afin de chercher une meilleure stratégie pour faire face au système Compaoré et à son CDP. Les partis de la mouvance présidentielle ne sont que des alibis démocratiques ; ils ne sont, pour la plupart, que l'ombre d'eux-mêmes; enfin, ceux de la majorité présidentielle ne veulent que manger à tous les râteliers. Ils sont au gouvernement ou à l'Assemblée nationale, se disent partisans du chef de l'Etat, tout en prétendant être opposés à son parti, le CDP. Ce sont là des querelles de coépouses et aussi la manifestation concrète de la fourberie politique ! Dans tous les cas, ces positions équilibristes ne contribuent en rien à édifier le peuple sur la qualité des hommes politiques et sur leurs motivations réelles. Tout au plus, elles embrouillent nos populations, jettent le discrédit sur toute la classe politique notamment l'opposition.

Pour nous qui nous réclamons de la vraie opposition, nous ne sommes pas mieux lotis. Pour certains d'entre nous, nos comportements sont des plus difficiles à disséquer, ballottés que nous sommes par des calculs politiques et un climat de suspicion sous-tendu par la recherche du leadership. Dans ces conditions évidemment, rien n'est possible, pas même la moindre objectivité devant des menaces qui nous seront fatales. En attestent la mise en place de la CENI, le pilotage du processus électoral par cette institution qui elle-même est née de la magouille et de la fraude lors de sa mise en place. Alors, de quelle légitimité, de quelle crédibilité peut jouir cet organe qui baigne dans la triche et est manifestement aux ordres du pouvoir ?

 

Une vulgaire chambre d'enregistrement

 

C'est donc dans cette atmosphère de délitement de la pratique démocratique que cette opposition qui constituait le Groupe d'initiative de l'opposition (GIO) n'a pas su faire la part des choses, préférant lâcher la proie pour l'ombre. Elle n'a pas pu résister devant les intérêts immédiats et incertains. Au Burkina, l'opposition a manqué de lucidité pour envisager sereinement son avenir à l'image du choix qui a été opéré par les partis de l'opposition au Sénégal. En effet, la compétition électorale, notamment les législatives, sont d'une importance capitale dans la vie démocratique d'une nation, donc, elles ne sauraient être abordées suivant la fameuse phrase du Baron Pierre de Coubertin, initiateur des jeux olympiques, qui disait :  «L'essentiel est de participer». Alors, de ce point de vue, que des gens arrêtent de se poser en donneurs  de leçons, la démocratie étant l'affaire de tous.

Nous PNR/JV, en concertation avec nos partenaires, n'avons pas voulu faire le jeu de l'adversaire en nous pliant béatement à ses caprices. Nous avons pris la décision difficile mais courageuse de résister en faisant une campagne de protestation ; nous avons profité des tribunes que nous offrait la campagne électorale pour dénoncer les travers de ce régime. Donc pour nous, les gains et les résultats importent peu, n'en déplaise à nos contempteurs.

Maintenant, que dire de nos amis qui, malgré tout, sont élus ? Il y a lieu de se demander : «Que diantre vont-ils chercher dans cette galère ?», dans un contexte où le rapport de force est complètement disproportionné : à 10 contre 101, il n'y a pas match, mais quel dommage que ce soit une "certaine crème" de cette opposition qui, en allant siéger au Parlement, va appeler nécessairement la légitimité à une institution qui n'est qu'une coquille vide, voire une vulgaire chambre d'enregistrement digne des démocraties populaires de l'aire soviétique.

Nous, nous pensons mieux servir notre pays et la démocratie par des prises de position conséquentes et sans équivoque, sans pour autant être couverts par l'immunité parlementaire. En cela, nous n'avons rien à envier aux élus car, malgré leurs atouts, il n'y a pas un seul d'entre eux qui oserait faire, dire ou écrire ce que nous disons et faisons. Donc, pour nous, être élu et siéger n'est pas une fin en soi, mais un choix délibéré au regard de ce que nous pouvons apporter à l'évolution démocratique et économique de notre pays.

 

Ils ont décidé d'envoyer les politiciens dans la rue

 

Lors de la deuxième législature, des leaders politiques ont refusé de siéger pour dénoncer la mascarade électorale et la parodie de démocratie. Pouvons-nous trouver aujourd'hui des gens de cette envergure, qui soient capables de renoncer aux privilèges pour faire avancer la démocratie ? Wait and see ! C'est par cette force de caractère que se forgent les vrais leaders. Tout comme n'est pas leader qui le veut ou pense l'être, seules les situations exceptionnelles révèlent les grands hommes.

Pour nous, la vraie bataille commence dès à présent, car nous sommes déterminés à faire face au rouleau compresseur du régime Compaoré auquel nous dénions toute légitimité populaire. Par conséquent, ici même, nous lançons un vibrant appel à toutes les forces politiques, aux patriotes pour qu'ensemble nous relancions l'opposition, car qui dit démocratie dit opposition véritable ; donc, nous appelons tous ceux qui ne veulent pas mourir à mettre nos forces ensemble pour faire pièce à ce régime antidémocratique.

En pratiquant le hold-up électoral, cela équivaut à déplacer le débat politique hors de

l'hémicycle. Le système du CDP a choisi d'envoyer les acteurs politiques dans la rue, alors, il lui reviendra, le moment venu, d'en tirer les conséquences.

Nous allons résister par des luttes multiformes et mobiliser le peuple à résister afin que nous ne nous retrouvions pas dans la situation de la Guinée Conakry. Nous ne voulons pas qu'il y ait des centaines de morts contre un peu de démocratie et de mieux-être.

Il est encore temps de sauver la situation.

Car, quoiqu'on veuille nous faire croire que tout va bien dans le meilleur des mondes, nous soutenons que le Faso va mal, très mal et il ne faudrait pas que les travailleurs de l'Etat soient surpris de vivre des mois sans salaire, cela n'arrivant pas qu'aux autres. Référez-vous à l'interview qu'a donné le directeur du Trésor à L'Observateur paalga ; il reconnaissait implicitement que les caisses sont vides et de dire : «c'est dur mais nous payons quand même» ; ces propos de la bouche d'un argentier doivent donner à réfléchir.

Notre économie se porte très mal à cause de la mal gouvernance : les détournements, la gabegie, la concussion, le vol, la fraude fiscale et douanière et quoi d'autre encore sont élevés en méthode de gouvernement.

 

Nous ne relâcherons jamais la vigilance.
Vive le PNR/JV, Parti de la Vérité !

 

Pour le PNR/JV, le Président

Christian T. Koné

L’Observateur Paalga du 7 juin 2007



06/06/2007
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