Baisse des salaires au Sénégal : Gorgui bat en retraite
Baisse des salaires au Sénégal
Gorgui bat en retraite
«Méfiez vous de l’eau qui dort» dit un proverbe bien connu. Me Abdoulaye Wade après en avoir fait l’expérience, a battu en retraite lundi, suite à la rencontre de son premier ministre, Cheikh Hadjibou Soumaré, avec les centrales syndicales. Il faut dire que les autorités sénégalaises avaient cherché des problèmes là où il n’y en avait pas, en annonçant vendredi dernier, un train de mesures censées pourtant alléger le fardeau des plus démunis, en ces temps de conjoncture difficile.
Objet de cette poussée de fièvre sociale, l’annonce du dépôt à l’assemblée nationale d’un projet de loi d’urgence autorisant des baisses temporaires des salaires. Ainsi, avait déclaré Me Wade «au moment où des franges importantes de notre population souffrent dans leur vécu quotidien des effets négatifs de la hausse des prix internationaux des produits pétroliers sur la vie des ménages, j’ai décidé, en ma qualité de président de
Ces restrictions devaient donc toucher en premier lieu les revenus du chef de l’Etat lui-même, des ministres dont l’effectif sera revu à la baisse, des députés et sénateurs ; et dans la même foulée, celui des fonctionnaires, le tout dans le but d’alimenter un fonds destiné à atténuer les effets de la hausse des prix.
Il n’en faillait pas plus pour susciter une véritable levée de boucliers du côté des syndicats qui auront vite fait de monter au créneau pour défendre les intérêts des travailleurs, touchés eux aussi par l’envolée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires.
Ainsi, le temps d’un week-end, le gouvernement sénégalais sera revenu à de meilleurs sentiments, du moins pour ce qui concerne les salaires des employés de l’administration publique, alors qu’au plus haut niveau on devra désormais se serrer la ceinture.
En ces temps difficiles pour les économies africaines, on peut aisément comprendre que les dirigeants sénégalais aient choisi d'y faire face en réduisant le train de vie de l’Etat. Il faut reconnaître que du point de vue du symbole, la décision annoncée vendredi dernier à Dakar était suffisamment marquante, rappelant à ceux qui l’aurait oublié, que l’exemple, qu’il soit bon ou mauvais, vient toujours d’en haut. Pourtant rien ne dit que le montant ainsi épargné aurait suffi à alléger le fardeau des plus démunis.
De même, on peut se demander si la décision ainsi prise ne relevait pas de l’effet d’annonce ou des mesures cosmétiques si chères à Gorgui. «J’ai décidé, en ma qualité de président de
Le bon exemple vient d’en haut ! Et de ce point de vue, beaucoup de pays africains, à commencer par le nôtre, gagneraient à suivre l’exemple sénégalais. Car si au Gabon les équipes gouvernementales plafonnent à 60 portefeuilles, ici on parle plutôt d’augmentation d’indemnités de session, de prêts sans intérêt pour achat de véhicules hors taxe, d’enfants de ministres allant en week-end avec des millions en poche… En un mot comme en mille, de mal gouvernance.
Mais là où le bât blesse, et Gorgui l’aura vite compris, c’est lorsque ce désir d’austérité touche le commun des travailleurs, en l’occurrence les nombreux fonctionnaires qui ont déjà tant de mal à joindre les deux bouts, sans qu’on ait en plus le toupet de leur parler d’une éventuelle baisse des salaires pour cause de conjoncture difficile.
Décidément, la volte-face du gouvernement sénégalais était bel et bien justifiée.
H. Marie Ouédraogo
L'Observateur Paalga du 7 novembre 2007
A découvrir aussi
- Assassinat de Pierre Gemayel au Liban
- Présidentielle française : 12 pour un palais
- Immigration en Europe : Carte bleue, colère noire
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1021 autres membres