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Banfora : Tirs groupés sur une commission ad hoc du maire

Banfora

Tirs groupés sur une commission ad hoc du maire 

 

A Banfora, l'attention est désormais focalisée sur la gestion de la municipalité, au lendemain des élections législatives du 6 mai 2007. Déjà, l’opération de lotissement, entamée depuis plusieurs années, fait des vagues, surtout que le maire, Souleymane Soulama, vient de mettre en place une commission ad hoc qui ne cadre pas avec le code des collectivités. L’autorité de tutelle et le CDP ont officiellement demandé son annulation.

 

La mise en place de cette commission, dès le lendemain des législatives, fait bruire les milieux politiques à Banfora. Cette mise en place n’a pas respecté certaines normes, et c'est là que le bât blesse; car non seulement le Maire n’est pas passé par le conseil municipal, mais aussi, la commission est présidée par le premier adjoint au maire,  Tou Tiékoura ; ce qui est en porte-à-faux avec l’article 221 du code générale des collectivités.

A ce que l’on dit, les partis membres du Conseil municipal de Banfora ont été simplement invités à y faire venir leur représentants, pour étoffer la structure, qui se doit de travailler à parfaire le lotissement en cours. Ce que le CDP n’a pas hésité à faire dans un premier temps, en désignant ses représentants, avant de se raviser.

Au regard de cette entorse aux textes en vigueur, le haut-commissaire de la Comoé,  Pierre Ouaongo, s’est montré vigilant en attirant l’attention des autorités municipales, lesquelles aurait été invitées à reprendre  la constitution de la commission, en respectant les procédures. A l’instar de l’autorité de tutelle, le CDP a  demandé l’annulation de ladite commission. Si l’on attend donc la reprise de la mise en place de cette commission, qui devra, en principe, passer par le conseil municipal, on se demande dans certains milieux, pourquoi une telle méprise de la Mairie.

Dans certains milieux, on n’hésite pas à  soutenir que certains ont voulu contourner les textes, car conscients d’une nouvelle donne : le maire, théoriquement, n’a plus avec lui la majorité  des conseillers, ce qui lui compliquerait désormais toutes prises de décisions ; un retournement de situation inattendu : car à la faveur de la campagne électorale comptant pour les législatives du 6 mai 2007, plusieurs conseillers RDB ont rejoint le parti majoritaire, avec à leur tête le secrétaire provincial du RDB Comoé, également vice-président  national du parti, Sanogo Amary. Si l’on ne sait pas officiellement le nombre des conseillers qui ont claqué la porte du RDB en pleine campagne électorale pour, disent-ils, mauvaise gestion du parti après le défunt maire Koné Mamadou,  certaines sources proches du CDP font un décompte de 7 démissionnaires.

Désormais donc, au regard de ce nouveau tableau, tout est loin d’être rose pour le maire Souleymane Soulama, qui compte actuellement moins de conseillers de son côté que le CDP. Le Maire, élu avec 39 voix contre 36 pour le CDP, qui avait la voix du conseiller UDF,  est en position de faiblesse avec 32 conseillers. Avec le nouveau décompte, le parti de Roch Marc Christian Kaboré comptabiliserait au moins 43 élus sur les 75 que compte le conseil municipal de Banfora. Ce qui permettrait au CDP de régner sur les délibérations.

C’est pourquoi le prochain conseil municipal est très attendu dans la cité du paysan noir, surtout que dans quelques milieux, on soutient que le climat n’est plus au beau fixe entre ces deux partis, conséquence d’une campagne électorale où des  propos ou des comportements sont  mal perçus de part et d’autre. Certaines langues estiment que le maire veut engager une chasse aux sorcières, lui qui veut maintenant voir clair dans cette opération de lotissement entamée par ses prédécesseurs, qui ont eu du mal à la conduire à terme.

En rappel, c’est depuis 2003 que l’opération de lotissement a été initiée par les autorités municipales d’alors. Cela, pour répondre au besoin croissant et pressant pour chaque citoyen de lopin de terre. A l’époque, les autorités municipales, à la faveur du rapatriement massif de nos compatriotes de la Côte d’Ivoire, entendaient permettre à ceux-ci de se loger, en ayant des parcelles. L’engouement des populations avait fini de convaincre de la nécessité de l’opération, car celles-ci n’avaient pas hésité à délier les cordons de la bourse en achetant les fiches disponibles à 50 000 f l’unité. De ce lotissement, prévu pour dégager environ 7 500 parcelles, les populations, impuissantes, attendent toujours les attributions. Pourquoi un tel blocage ?

A défaut des raisons officielles d’un tel blocage, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à l’époque, les propriétaires terriens des secteurs concernés contestaient tour à tour l’opération, en témoignent leurs sorties d'alors dans la presse. Car, prévu, au départ, pour concerner le secteur n° 9 (Bourouna), le lotissement a buté contre les oppositions, lesquelles ont eu raison de la détermination du maire à l'époque. S’étant rabattu par la suite sur le secteur n° 10, Nafona, le maire a été contraint, du fait des mêmes contestations, à jeter son dévolu sur Tangoura, où, comme à la suite d'une épidémie, les mêmes oppositions ont été de la partie. Au-delà de ces démêlés politico-coutumiers, la gestion financière semble avoir fait défaut, selon les nouveaux dirigeants de la mairie, qui entendent, de ce fait, y voir clair. D'ailleurs, lors de la campagne électorale des municipales de 2006, la diligence dans l'exécution de l’opération de lotissement avait eu la part belle dans les interventions des leaders du RDB.

Alors que l’on en est à la mise en place d’une commission qui devra gérer, plutôt poursuivre l’opération, espérons que les autorités municipales actuelles n’ont pas mis la charrue avant les bœufs. Car elles doivent trouver un compromis avec les propriétaires terriens, sans lesquels, visiblement, cette opération de lotissement va piétiner ; eux qui invoquent des questions de terres cultivables.

Au-delà des tractations politico-coutumières, il faudra que la municipalité, qui est prise entre le marteau et l’enclume, se mette en règle vis-à-vis des souscripteurs, qui sont plus que déçus du fait de cette longue attente.

 

Luc Ouattara

L’Observateur Paalga du 31 mai 2007



30/05/2007
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