L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Bavure douanière ou simple accident de la circulation ?

Commune de Guiba

Bavure douanière ou simple accident de la circulation ?

Dans la matinée du 17 février dernier, un incident s'est produit à environ 7 km de Manga, entre Manga et Guiba. Un véhicule de la brigade mobile des douanes de Manga, conduit par le chef de brigade, y a fauché un jeune commerçant qui sera, par la suite, évacué à Ouagadougou. Nous avons cherché à en savoir davantage.

L'affaire défraie la chronique ces derniers jours à Guiba. Une colère muette est perceptible au sein d'une partie de la population. Certains rappellent volontiers des souvenirs amers qui leur reviennent, marques indélébiles des situations similaires vécues par la passé. "En mai 2002, une affaire de recouvrement qui a mal tourné avait entraîné l'arrestation d'un enseignant et de plusieurs jeunes du village. L'un des jeunes est décédé des suites des mauvais traitements qu'il a subis. Il a fallu l'intervention des autorités provinciales et la sagesse des vieux pour calmer la situation. Mais depuis ce temps, il n'y a plus jamais de perception de taxes au marché de Guiba", "si l'incident s'était produit en brousse, le douanier allait fuir et laisser le commerçant"... C'est le genre de commentaires que font la plupart de ceux que nous avons rencontrés pour justifier leur indignation. Que s'est-il donc passé cette fois ?

Le jeune Boureima Kabré, 20 ans, est originaire de Guiba. Il est connu comme vendeur d'articles divers (autocollants, jouets, porte-clés...) au marché de Manga. Ce dimanche matin, jour de marché, il s'y rendait tôt vers 7 heures, deux cartons de "marchandises" sur son vélo. C'est en chemin qu'il croise le véhicule de la douane. Qu'est-ce qui pousse le conducteur à faire demi-tour ? Si le vélo du jeune Kaboré n'avait pas les rayons de la roue arrière doublés, si les cartons qu'il transportait n'étaient pas estampillés "Hamilton", peut-être que rien ne se serait passé ce jour-là. Après avoir rattrapé le jeune commerçant, le conducteur l'a percuté et voici ce dernier étalé à quelques pas du véhicule. Dès que le témoin oculaire qui nous a rapporté les faits est accouru, Boureima avait déjà presque perdu connaissance. Il a eu néanmoins le temps de prononcer quelques mots.

La roue avant (côté droit) du véhicule était crevée mais notre témoin est formel : "Quand le véhicule repassait, il n'y avait pas de crevaison, mais ce n'est pas le conducteur qui a intentionnellement provoqué cette crevaison avec un quelconque objet". Tout le mystère réside ici et suscite des avis et commentaires divergents. Qu'est-ce qui a entraîné le mouvement du véhicule vers le cycliste ?

Victime de traumatismes

Transporté au CMA de Manga, Boureima a été évacué sur-le-champ au CHU-YO, le service du bloc opératoire de Manga ne disposant pas de moyens conséquents pour faire un diagnostic précis. C'est après avoir repris connaissance que le jeune commerçant a recouvré peu à peu l'usage de la parole dans l'après-midi. L'examen a conclu qu'il souffrait de traumatismes thoracique et lombaire. "On nous a dit que ce n'est pas très grave. Donc nous avons demandé la permission pour rentrer et continuer le traitement à domicile ; on a refusé. En complicité avec le malade qui s'efforçait de rassurer le docteur qu'il allait beaucoup mieux, nous avons été autorisés à rentrer", nous a confié son frère Salifou qui l'a accompagné. C'est ainsi que le jeune Kabré a regagné son domicile dès le lendemain (lundi) dans la soirée.

Après le constat fait par la gendarmerie de Manga, la douane a emporté le vélo et toute sa charge à ses services. Nous avons rencontré le jeune Boureima Kabré avec lequel nous avons eu un entretien. Pourquoi a-t-il doublé le nombre de rayons de la roue arrière de son vélo ? A-t-il déjà vendu des articles prohibés ? Ce dimanche matin, a-t-il désobéi à une sommation du chef de la brigade ? A ces questions et à bien d'autres, il nous a livré ses réponses. Mais nos efforts ont été vains d'avoir une réaction du conducteur du véhicule ; celui-ci disant devoir se référer à sa hiérarchie. Dans un souci d'équilibre dans le traitement de l'information, nous tairons la version du jeune commerçant, avec l'espoir que d'ici peu, cet incident sera un lointain souvenir dont le rappel ne donnera pas de frisson. La vie du commerçant n'est plus en danger ; cela aidera à apaiser les coeurs.

Il convient à chacun de tirer les bonnes leçons de l'incident pour se donner la chance de s'en préserver à l'avenir.

Dominique DIPAMA (Collaborateur)

Le Pays du 28 février 2008



27/02/2008
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