Bilan de la campagne agricole : Des enquêteurs à Bado Nébilma de Koukouldi
Bilan de la campagne agricole
Des enquêteurs à Bado Nébilma de Koukouldi
"Vos chiffres ne sont pas fiables", tel était le titre de la lettre ouverte que le sieur Bado Nébilma de Koukouldi a adressée dans notre édition du mardi 13 novembre 2007 au ministre de l'Agriculture. C'était au sujet du bilan de la campagne agricole 2007/2008 qui dégage, selon les chiffres officiels, un excédent céréalier de quelque 777 000.
C'est cet écrit qui fait l'objet du droit de réponse suivant émanant d'un groupe de contrôleurs de l'enquête agricole.
C’est avec grande indignation que nous avons lu l’article que notre ancien collaborateur M. Bado Nébilma de Koukouldi a fait passer dans les colonnes de l’Observateur Paalga n° 7010 du mardi 13 novembre 2007. Pendant que nous ruminions sourdement notre colère et notre frustration, cherchant la meilleure forme de réplique à notre collègue, voilà que l’interview du ministre de l’Agriculture sur les méthodes d’évaluation de la situation alimentaire dans l’Observateur Paalga n° 7013 du vendredi 16 novembre 2007 nous mît du baume au coeur. Nous sommes vraiment reconnaissants au Ministre d’avoir montré au peuple burkinabè l’importance stratégique du «travail d’âne» (terme employé par M. Bado) que nous abattons chaque année, des fois dans l’indifférence totale de ceux qui soutiennent qu’on «ne mange pas les chiffres». Au cours des différentes sessions de formation, on ne cesse de nous répéter l’importance de notre travail et à notre tour nous le répétons aux autorités villageoises mais surtout aux ménages échantillons pour obtenir leur collaboration ; mais dans cette interview, le fait que le Ministre se mette au premier plan pour expliquer les détails du fonctionnement du dispositif, nous nous sentons fortement honorés de cette marque de reconnaissance.
Notre ancien collègue évoque un problème de fiabilité des chiffres depuis l’arrivée aux affaires du ministre de l’Agriculture, lequel a nommé son ami fidèle M. Z. qui a transformé
C'est vrai, nous abattons un "travail d'âmes"
Dans tous les cas, nous nous posons la question de savoir pourquoi notre ancien collègue quitte ce travail au moment où nos conditions s’améliorent et malgré le nouveau dispositif mis en place. En effet, M. Bado comme tous les autres anciens étaient systématiquement intégrés sans passer par un test. Avec cet article, nous avons l’impression que notre collègue n’ayant plus la possibilité de se cacher a préféré de lui-même fuir avant d’être chassé, vu le renforcement du dispositif de supervision avec la nomination des superviseurs provinciaux qui n’existaient pas à l’époque et l’augmentation des effectifs des contrôleurs. Notre ancien collègue croit nous rendre service avec son article, mais nous croyons à notre humble avis que cet article constitue une insulte à notre égard. C’est vrai, nous abattons un important travail que M. Bado de Koukouldi a qualifié de «travail d’ânes» ; en toute honnêteté, sachant que son oncle a quitté le service des statistiques agricoles en 1999, notre ex-collègue devrait aussi abandonner le dispositif à ce moment s’il était un patriote convaincu de ce qu’il avance. Nous sommes 700 agents à parcourir nuit et jour les sentiers et à patauger dans la boue pour permettre au ministère de suivre le secteur de l’agriculture et de la sécurité alimentaire de notre pays. Nous en sommes fiers, et par respect, M. Bado (qui a choisi de quitter le dispositif seulement en 2006) devrait au contraire nous encourager à plus d’abnégation. M. Bado n’est ni honnête avec lui-même, ni honnête avec son peuple, car pendant dix (10) ans, il a empoché l’argent de ce peuple pour un travail dont il n’est pas convaincu. Si nous avons bonne souvenance, notre collègue, en
Nous comprenons aussi qu’après le départ de son oncle, M. Bado cherche une nouvelle situation en s’alignant derrière une certaine opinion pour apprécier le «travail d’ânes» que nous avons abattu ensemble pendant dix ans, en prenant à témoin les appréciations politiques qu’a livrées un certain Bénéwendé Sankara dont nous ignorons les instruments d’analyse. Nous réaffirmons que notre activité n’a aucun lien avec la politique politicienne de qui que ce soit, et sommes désolés de découvrir que notre ancien collègue pouvait se laisser influencer par des positions partisanes dans ce genre de travail technique que nous avons choisi de mener.
C’est d’autant plus regrettable qu’après dix ans de service aux statistiques agricoles, M. Bado ne sait pas que les résultats de la campagne agricole sont publiés deux fois dans l’année (une fois en prévisionnel et l’autre fois en définitif) lorsqu’il dit que les résultats de 2001 ont été repris en conseil des ministres sous l’exigence des bailleurs de fonds. A propos de bailleurs de fonds, votre écrit a-t-il pour objectif de les inciter à couper leur contribution et donc de voir beaucoup de vos compatriotes au chômage ? Monsieur Bado Nébilma de «Koukouldi» qui a apparemment un problème de reconnaissance social est viscéralement mauvais.
Nous sommes dans le dispositif depuis 1993
Tout aussi curieux est l’étonnement de notre ancien collègue lorsqu’il pose la question de savoir si les enquêteurs comprennent bien le questionnaire et s’ils vont réellement sur le terrain. La maîtrise du questionnaire est liée à la maîtrise des outils de collecte qui sont élaborés par
De l’effectivité de la présence des agents sur le terrain, notre ancien collègue, en tant que contrôleur, avait pour rôle de démasquer les éventuels enquêteurs fantômes ; s’il ne l’a pas fait lorsqu’il était commis à cette tâche, et c’est après son départ du dispositif qu’il évoque ces cas, c’est dire que si laxisme il y a de la part des enquêteurs, il en porte une grande part de responsabilité ; qu’il sache que les personnes qu’il a protégées pendant dix ans (si elles sont toujours dans le dispositif et dans les mêmes habitudes de fraudes) seront démasquées avec le nouveau dispositif mis en place par
Nous sommes dans le dispositif depuis 1993 ; plusieurs ministres se sont succédé à la tête du département et nous avons toujours travaillé avec la même abnégation. La différence avec le ministre actuel, c’est surtout la visibilité offerte à notre travail parce qu’il y apporte de l’intérêt. Nous ne nous pouvons qu’en être fiers et l’encourager ; nous demandons donc à toutes les personnes responsables de ce pays de savoir reconnaître la qualité d’un travail aussi pénible mais utile qu’est le nôtre en le protégeant contre toute forme d’utilisation démagogique. Personne d’autre que les responsables du dispositif de sécurité alimentaire n’est mieux placé pour qualifier et anticiper l’issue de la campagne agricole, avec toutes les informations détaillées que nous communiquons chaque jour. Avant que les esprits mal intentionnés ne s’évertuent à ne voir la famine partout où ils passent, nous savions déjà ce que sera la campagne agricole et ce qu’en pensent les paysans eux-mêmes. Nous vivons chaque jour avec les paysans et parcourons leurs parcelles du matin au soir, nous savons ce qui se passe, et en informons nos responsables.
Votre écrit a des relents de dénigrement ; en plus, c’est un gros mensonge que d’insinuer que les agents ne vont pas sur le terrain. Aucun enquêteur, contrôleur, superviseur provincial, superviseur régional et même national n’acceptera qu’on doute de sa présence effective sur le terrain. Si tel est ce que vous voulez faire croire, alors vos nouveaux collaborateurs devront sérieusement se méfier de vous.
Pour finir, nous faisons confiance au Premier ministre et au gouvernement tout entier, pour mettre le dispositif statistique agricole hors des assauts des démagogues qui pullulent dans notre cité,et qui sont prêts à faire feu de tout bois ; nous rendrons ainsi un service inestimable à notre peuple.
Un groupe de contrôleurs de l’enquête agricole indignés
M. Lankoandé Lamoussa
Contrôleur de l’enquête agricole dans la province du Gourma depuis 1986
M. Ouédraogo Kogoraogo
Contrôleur de l’enquête agricole dans la province du Bam depuis 1993
M. Bihoun Nasoa
Contrôleur enquête agricole dans la province du Tuy de 1975 à 1982 et 1997-2007
L’Observateur Paalga du 21 novembre 2007
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