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Biodiesel made in Burkina Faso : «Les premières gouttes sont attendues en 2011»

Biodiesel made in Burkina Faso

«Les premières gouttes sont attendues en 2011»

 

Faire du Burkina Faso un pays producteur de biodiesel. C’est le pari que s’est fixé Agritech-Faso, en partenariat avec une équipe de chercheurs Américains, Australiens, Philippins, Chinois et Burkinabè.  Un projet pilote de plantation de jatropha, plante dont l’huile servira à la production du biocarburant, est déjà en marche dans la commune rurale de Boni.

William Kwendé, consultant burkinabé aux Philippines et partenaire du projet était en séjour la semaine dernière à Ouagadougou. Il nous parle, avec forte conviction, du programme «biodiesel» au Burkina.     

 

Parlez-nous du projet de production de biodiesel au Burkina dont vous êtes un des partenaires.

 

• Il y a quelques années, avec la crise pétrolière, nous avons fait un lien entre le développement et le coût de l’énergie. Nous nous sommes alors rendu compte que la facture énergétique pesait énormément sur la balance commerciale, déjà déficitaire, des pays pauvres sans ressources énergétiques. C’est à partir de ce constat que nous nous sommes lancés dans la recherche de solutions dans le cadre des biocarburants aux fins d’atténuer la dépendance énergétique des pays en voie de développement.

Le choix a été porté sur le jatropha qui est une plante dont le taux d’huile est relativement élevé (40%). C’est aussi une plante qui pousse sur des sols relativement pauvres. Pressé, le fruit du jatropha produit une huile très favorable à la production de biocarburant.

En collaboration avec le ministère de l’Agriculture et celui de l’Environnement, Agritech-Faso a un projet de culture de 200 000 ha de jatropha dans plusieurs communes du Burkina Faso. Ce projet est dirigé en partenariat avec des Australiens, des Philippins, des Américains, des Chinois et bien sûr des Burkinabé comme le professeur Makido Ouédraogo, enseignant à l’université de Ouagadougou, et considéré comme le pionnier du biocarburant au Burkina.

Dans la commune rurale de Boni, où se trouve le projet pilote, nous avons déjà investi 100 millions de francs CFA dans la création d’une pépinière. Cette année, il y est prévu le lancement de la deuxième phase du projet qui est la plantation à grande échelle de jatropha. Les villages concernés sont déjà sélectionnés et les organisations paysannes suivront une formation en technique de culture au mois de mai.

 

Produire du biocarburant au Burkina Faso, n’est-ce pas une ambition démesurée pour un pays très pauvre ?

 

• Non, ce n’est pas une ambition démesurée. Voyez le Mali. C’est un pays avec lequel le Burkina a de nombreuses similitudes tant au plan climatique qu’économique. Il existe là-bas une usine de production de biocarburant même si la capacité de transformation des 750 000 l/an  reste toujours faible.

Au Burkina, notre objectif vise, à long terme, l’autosuffisance énergétique en milieu rural. Nous pensons commencer à produire de l’énergie  directement à partir de l’huile de jatropha. C'est-à-dire avant même que cette huile n’ait subi une quelconque transformation en biodiesel.

 

De la graine de jatropha au biocarburant comment se déroule le processus de transformation ?

 

• La graine est d’abord pressée pour obtenir de l’huile puis du tourteau. Ce tourteau, il faut le préciser, peut être transformé en engrais ou même en aliments pour bétail, car les toxines auraient déjà été éliminées lors de la pression des graines.

Ensuite par le raffinage, cette huile est transformée en biodiesel grâce à un procédé appelé transestérification. Par ajout d’alcool, on obtient du biodiesel et de la glycérine.

Durant tout le processus, il y a une production d’énergie en très grande quantité.

L’huile simple de jatropha peut être utilisée pour faire tourner certains moteurs. C’est déjà le cas par exemple au Mali.

Nous travaillons déjà à l’adaptation de certains types de moteur comme ceux des petits générateurs, des motopompes, des tracteurs et des moulins.

Au niveau plus avancé, c'est-à-dire le biodiesel, la production sera destinée aux véhicules.

Si on parvient à mettre en place une chaîne de distribution d’huile de jatropha, cela contribuera à sortir le monde rural du marasme énergétique qui limite aujourd’hui la production agricole.

Le biodiesel, quant à lui, pourrait se retrouver dans les stations-service pour compléter le diesel existant.

Voilà en quelques mots notre vision sur la production du biocarburant au Burkina Faso.

 

Le jatropha  peut-il être considéré comme une alternative du pétrole ?

 

• Oui, c’est une alternative du pétrole. Des pays comme l’Inde, le Ghana et le Mali, pour ne citer que ces pays, disposent d’usines de production de biocarburant vendu dans les stations-service.  L’usine de Koulikoro produit du biodiesel utilisé comme carburant dans certains véhicules. Reste maintenant la question de la quantité des productions. Pourra-t-on couvrir les besoins ?

Avec une plantation industrielle de jatropha, nous espérons réduire substantiellement notre facture pétrolière.

 

A quand les premières gouttes de biodiesel au Burkina ?

 

• Je dirais en 2011. En 2009, nous comptons produire l’huile de jatropha pour une utilisation exclusive en milieu rural. Voilà l’échéance que s’est fixée Agritech-Faso.

 

Entretien réalisé par

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga du 10 avril 2008



10/04/2008
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