«Blaise a tué plus que Sankara» : Crimes politiques au Burkina
Crimes politiques au Burkina
«Blaise a tué plus que Sankara»
Dans les lignes qui suivent, Joseph Ouédraogo, le président de la coordination de l’Union des partis sankaristes (UPS), réagit à l’écrit d’Enock Ghislain Wendenda Kafando, qui interpellait dans la presse Mariam Sankara sur le fait que son mari «a aussi fait des veuves». Pour Joseph Ouédraogo, Sankara n’est pas comptable de tous les crimes commis sous son régime alors que le pouvoir de Blaise Compaoré, sur une même période de quatre ans, a «tué» de très nombreux militaires et civils.
Suite à l'écrit d'Enock Ghislain Wendenda Kafando dans l'Observateur Paalga, interpellant Mariam Sankara sur les veuves que son mari a faites, l'Union des partis sankaristes (UPS) voudrait réagir sur des faits rapportés par l'auteur, lui qui ne porte pas les bienfaits de
L'écrit est truffé de propos qui ne résistent pas à la critique. Mais pour aller à l'essentiel, permettez-nous de dire ceci et il reste entendu que les faits non relevés ne rencontrent pas pour autant notre assentiment.
Pour qui roule Enock Ghislain Wendenda Kafando qui, par ailleurs, n'a pas le courage d'écrire masque à terre ? Parlant de Mariam Sankara, qui n'a pas été empêchée de revenir au bercail, l'auteur se permet de douter fort, malgré l'écrit plus tôt d'Odile Sankara dans les journaux et relayé par Radio Savane FM, qui a parlé des tentatives du système pour empêcher la veuve Sankara de revenir au Faso. Et puis RFI, qui en a parlé se trouve à Paris tout comme l'Elysée, Matignon, ou le Quai d'Orsay. Là-bas, l'information est un droit et certainement que les propos du correspondant de RFI de Ouagadougou ont été corroborés par la station mondiale qui a approché les officiels français. Pourquoi un tel démenti de la part de Kafando, un quidam ?
Historiquement, l'auteur de l'écrit doit s'intéresser à la chose politique depuis peu de temps. Voilà pourquoi il y a des amalgames sur la responsabilité entière de Sankara seul dans la mort du lieutenant-colonel de gendarmerie Nézien Badembié Pierre-Claver, qui serait, selon lui, le "1er cadavre politique" au Burkina.
Aussi loin que puissent aller nos souvenirs, il y a des cadavres politiques depuis l'ère coloniale, à l'orée des indépendances et sous les différents régimes avant
Les mauvaises habitudes ont la vie dure
De plus, dire que Thomas Sankara était Premier ministre le 9 novembre 1982, lors de la mort de Nézien est archifaux, car à cette date, c'était le Conseil provisoire de salut du peuple (CPSP), dont aucun membre n'était connu et plus tard ce sera le médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo. Le communiqué officiel lu à la télévision dit que "Le prisonnier (Lt-col Nézien Badembié) a été abattu lors de son transfèrement pour tentative d'évasion".
Kafando parle également de survivances de l'Etat d'exception en écrivant que "Les mauvaises habitudes ont la vie dure de sorte que nous continuons de traîner les survivances des Etats d'exception, particulièrement des années de braise révolutionnaire". C'est un jugement à
Alors que ceux qui ont pris le pouvoir le 15 octobre 1987 en 4 ans ont tué : 13 personnes au Conseil, 2 à Kamboinsin pour arriver au pouvoir, une vingtaine le 27 octobre 1987 à Koudougou, sans oublier les morts suspectes de Watamou Lamien, de Gaspard Somé, de Clément Oumarou Ouédraogo. Et entre-temps, le 19 septembre 1989, 5 militaires dont le Cdt Lingani, les Capt Zongo et Koudamba, soit près du triple dans le même laps de temps. Si pour moins que ça on a été balayé, quelle logique pour ceux qui ont tué plus par sadisme que par légitime défense et c'est toujours "leur soleil".
Pourquoi garder un régime qui a fait des centaines de morts ?
Et sans oublier les civils comme Guillaume Sessouma, Dabo Boukari, les lycéens de Garango, le scolaire de Boussé, Mamadou Koné à Banfora, les quatre brûlés de Sapouy, le vendeur de pneus mort à
Enfin, l'auteur de l'écrit, plus qu'électique, aurait aimé que Mariam Sankara approchât "en toute humilité ces femmes et ces enfants devenus veuves et orphelins quand (...) Thomas était aux affaires". Pour effacée qu'elle fût sans Thomas, ce conseil est tout indiqué pour Chantal qui, pour un rien, est devant les caméras, ès qualité première Dame. Dites-lui de commencer à voir les orphelins, les veuves du régime de son mari, pendant qu'elle a encore le temps et les moyens pour aller à l'extérieur. Pour les orphelins et les veuves sous Sankara, nous sankaristes, nous nous en chargerons a posteriori.
Nous sentons que Kafando en a gros sur le cœur et peut-être que la "furie du CNR" a touché un de ses proches. Mais pourquoi pas d'autres ? Et ceux dits victimes de
Seulement, sur l'ensemble des sanctionnés sous
Pour
Le président
Joseph Ouédraogo
L’Observateur Paalga du 7 novembre 2007
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