Blaise, soyez Val… plutôt que Eyadema !
Façon de voir
Blaise, soyez Val… plutôt que Eyadema !
Il y a dans la posture du président burkinabè, une attitude déconcertante. Il recherche l'amitié des gens biens, sans que cela n'influence aucunement sa conduite des affaires. De Amadou Toumani Touré à Ould Val, tous ont été accueillis et même encouragés par Blaise Compaoré, dans les actions de rédemption de la vie et des moeurs politiques dans leur pays respectif. Tous se sont essayés et ont brillamment réussi, devenant de la sorte des modèles sur le continent.
En effet, qui n'est pas fier aujourd'hui de Ould Val ? Qui ne souhaite pas pour son propre pays, ce qui est advenu en Mauritanie et pour les Mauritaniens qui vivaient, il n'y a pas si longtemps, sous le joug d'une dictature abjecte ? Tous les Africains rêvent que cela se produise chez eux et que le Tout puissant les gratifie d'un Val ou d'un ATT. Alors la question que l'on peut poser à Blaise Compaoré, est la suivante : "Pourquoi n'empruntez-vous pas ce chemin, vous qui aimez la compagnie de ces gens, au point d'avoir été pour certains un ''parrain'' ? " Nous en voyons qui s'étoufferont de moquerie, en estimant que nous ne croyons pas ce que nous disons.
Et pourtant, malgré tout ce que l'on peut imaginer, le président Blaise Compaoré n'a rien à gagner dans la voie actuelle d'"éternisation au pouvoir ". Il n'y a pas de gloire dans l' "éyademisation " et dans la "mobutisation" du pouvoir. Ce n'est pas en restant trente ou quarante ans que l'on laissera un souvenir honorable à ses concitoyens… bien au contraire.
Le président Blaise Compaoré fêtera en octobre prochain, ses 20 ans au pouvoir. A cette occasion, la seule chose dont-il pouvait être fier, la démocratisation de son pays, se trouvera en lambeau. Les législatives à venir, dans l'étape actuelle de leur préparation, promettent davantage une Assemblée nationale du type " parti unique, parti Etat " que d'une véritable Assemblée parlementaire, reflet d'une démocratie qui s'enracine. Au mieux, ce sera une Assemblée des " partisans ".
Pourquoi notre démocratie ne peut être autre chose, que ce qu'elle est actuellement ? La réponse est simple, monsieur le président. Parce que vous avez voulu être à la fois l'architecte et le maçon. Ce mélange des genres marche mal en architecture encore moins bien en politique. Ould Val et ATT ont accepté être architecte dans un premier temps. Même ATT n'a pas confondu ces deux phases historiques de la construction de la démocratie. Il a dans un premier temps accepté d'être architecte, en posant les jalons, rôle pour lequel, la communauté africaine et internationale l'a beaucoup félicité et depuis quelques années, il est revenu comme "maçon". Et pour cette deuxième phase, on attend de voir pour apprécier, même si déjà, il semble qu'il sera moins bon maçon, qu'il n'a été bon architecte.
Le rôle de maçon, comme vous le voyez, est extrêmement délicat. Il l'est encore plus dans votre cas, puisque vous avez fait les plans en prévision de ce que vous serez maçon. C'est pourquoi IDEA international (un institut d'étude) a écrit que le problème de la démocratie burkinabè, c'est qu' " elle est impulsée et régulée de là-haut… "
Et en réalité, comme les poussées de crises sociales épisodiques nous le montrent, les gens n'y croient pas. Ils n'ont pas le choix seulement. C'est pourquoi, il nous semble qu'il faut vous économiser dans les bonnes médiations et les fructueuses facilitations, pour vous concentrer sur comment vous pouvez être un Ould Val burkinabè. Vous aviez dit une phrase en 1995 qui avait séduit le jeune journaliste que nous étions. Répondant à une question d'un journaliste de la TNB, sur la démocratie dans notre pays, vous aviez dit : " …ce qui m'importe, c'est de voir qu'un jour notre démocratie fonctionne sans moi… ". C'est vrai que la révision constitutionnelle de janvier 1997 est venue mettre fin à l'illusion. Mais il n'en demeure pas moins que c'est en travaillant à cet avènement que vous serez " grand ".
Pour les glorioles des médiations, c'est toujours bien. Mais il faut laisser cela à vos illustres devanciers qui s'ennuyaient tellement de ne plus rien trouver à faire chez eux, qu'ils s'occupaient à démêler l'écheveau des voisins. En oubliant bien entendu que le leur était encore plus emmêlé. Soyez Ould Val….et non Eyadema.
Newton Ahmed BARRY
L’Evénement N°113 - 10 Avril 2007
A découvrir aussi
- François Compaoré et l'affaire Norbert Zongo : De nouvelles révélations en perspectives ?
- Compte-rendu du Conseil des ministres du 6 septembre 2007
- La part de vérité du G-14
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1021 autres membres