L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Bousculade monstre pour une si petite liste (Lotissement à Zongo)

Lotissement à Zongo

Bousculade monstre pour une si petite liste

Hier matin, environ un millier de personnes se sont bousculées à la mairie de Boulmiougou autour de la liste des attributaires de parcelles à Zongo. Beaucoup sont rentrées sans être fixées sur leur sort, n’ayant pas pu accéder à la liste, affichée sur un seul tableau.

La population de Zongo a été informée par des communiqués radiophoniques de la publication de la liste des attributaires de parcelles dans un certain nombre de zones.

Une telle information ne saurait laisser les concernés indifférents surtout que pour nombre d’entre eux avoir son lopin de terre est une question de vie ou de mort. Ainsi, des centaines de personnes ont pris d’assaut la mairie de Boulmiougou, où la fameuse liste est affichée.

L’enjeu était de taille, car il fallait y voir son nom avant de passer à la caisse pour payer les frais y relatifs. Mais sur les lieux, que de surprises, la première, c’est que la liste est affichée en un seul endroit sur un seul tableau, ce qui n’a pas manqué de susciter l’indignation de la population :

"La mairie n’a pas fait un bon travail, dans la logique, on devrait afficher par zone et en plusieurs lieux, vous voyez, il y a trop de monde et les voleurs en profitent pour soutirer les portables et les porte-monnaie. J’ai même vu une victime de ces malfrats. Combien coûte une photocopie pour qu’on nous laisse souffrir dans le désordre ?", a martelé Madi Tapsoba.

La deuxième surprise concerne ceux qu’on appelle les "résidents virtuels". Sont de ceux-là Ali Simporé, qui a partagé avec nous son incompréhension : "Ils ont dit qu’ils vont afficher toutes les listes pour que chacun voie son numéro et le montant à verser, mais, à ma grande surprise, j’ai constaté que seuls les numéros RR (NDLR : résident réel) sont affichés ; quel sort est réservé à tous ceux qui ont le numéros RV (résident virtuel) ?".

Amado Zoungrana désapprouve tout le processus : « depuis 2001, dit-il, il y a eu jusqu’à trois recensements, sans que le problème ne soit résolu. Plusieurs fois avec les pluies diluviennes, j’ai dû reconstruire ma maison, de vingt tôles ; en tout, j’y ai mis au moins un million de FCFA, j’ai un numéro RR, mais rien n’est gagné d’avance ».

Un tableau ambulant

Pour se convaincre que les gens lient leur vie aux parcelles, il faut voir la détermination avec laquelle ils se battaient pour accéder au tableau d’affichage, avec, parmi eux, des femmes, dont certaines avaient des bébés au dos. "Mon mari est en voyage, il m’a dit de tout faire pour savoir notre position, j’ai commencé à me battre pour accéder à la liste, mais, vu la bousculade, je me suis retirée parce que je risque gros avec mon bébé", nous confie Fatoumata Yaméogo.

Des cas pathétiques, il y en a eu. Comme celui de Rasmata Ouédraogo, qui, avec ses deux jumelles, une au dos et l’autre entre les bras, tentait de se frayer un chemin vers le tableau, munie de sa carte, portant la mention RV. Nous avions bien peur de la voir au milieu de la foule. Heureusement, le tableau fut transporté par un groupe de personnes qui voulait avoir une meilleure position de lecture. Sachant que la dame ne verrait pas son numéro, au regard de la mention sur son ticket, nous lui demandons de rentrer :

"Je ne peux pas rentrer sans savoir si mon numéro est sorti, je suis une veuve avec des jumelles, que vous voyez ; j’en ai d’autres à la maison alors que je suis rentrée de la Côte d’Ivoire après le décès de mon mari", nous dit-elle dans l’amertume.

Pour la rassurer, nous négocions avec la police municipale, qui tentait d’instaurer l’ordre pour que cette veuve s’approche du tableau, ce qui fut fait, mais le constat est amer : point de numéro. Mais elle refuse de quitter les rangs, car dépassée, et pour mettre fin au désordre, la police municipale tentera de regrouper les listes par zone, mais leur initiative, fort louable, n’a pu résoudre tout le problème. "Vous pensez que les gens sont désordonnés ?

Non il fallait tout organiser avant d’inviter le public. Vous, les policiers, vous n’avez rien à voir dans cette affaire, les organisateurs de ce désordre sont ailleurs", a lancé indigné un monsieur à la police. C’est peu de dire que nous avons frôlé l’émeute ce 8 septembre 2008. Les autorités municipales doivent donc prendre les mesures qui s’imposent pour une large diffusion des listes pour que chaque demandeur de parcelle sache à quoi s’en tenir dans ces désagréments, inutilement créés, surtout que les autorités annoncent d’autres listes dans les jours à venir.

Abdou Karim Sawadogo

P. Oumar Ouédraogo (Stagiaire)

L’Observateur Paalga du 9 septembre 2008



09/09/2008
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