L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Ces vœux qui nous coûtent la peau des fesses

Ces vœux qui nous coûtent la peau des fesses

 

Question à mille francs. Combien coûte aux contribuables burkinabé l’organisation des cérémonies de présentation de vœux ? Minutieusement concoctées, exagérément budgétisées et rondement médiatisées comme s’il s’agissait là d’atteindre des objectifs de croissance économique, ces retrouvailles annuelles sont un véritable gouffre financier dont personne ne mesure la profondeur.  Et lorsque s’ouvre la saison, oui, la saison des présentations de vœux en fin décembre, il faut attendre février, parfois mars pour que s’estompe la très longue et ruineuse série de cérémonies de «bonne année» aux chefs et autres chefaillons. Un record désastreux pour un pays pauvre très endetté et qui vit en partie grâce aux subsides de ses partenaires. Y aurait-il corrélation entre pauvreté et propension à la fête ? Hélas, c’est à croire que oui.

Jugez-en vous-même.

  D’abord dans la capitale. Au chef de l’Etat, « à sa famille et à tous ceux qui lui sont proches » le personnel de la présidence présente ses vœux de nouvel an. Suivront, selon un calendrier précis et un ordre protocolaire bien strict, les représentants des corps constitués et ceux des missions diplomatiques pour sacrifier à la tradition. 

Sans oublier le chef d’état-major particulier de la présidence, qui a droit à une ration toute aussi particulière.

Au niveau de la Première dame, le même rituel a été accompli cette fois-ci par les représentantes des associations féminines du pays puis par  les épouses des personnalités.

Au Premier ministre et au président de l’Assemblée nationale, à chacun sa cérémonie de présentation de vœux.

A chacun des trente et cinq ministres, sa part de «bonne et heureuse année ».

Aux présidents d’institution, aux DG de sociétés d’Etat et aux DAF des services ministériels, les personnels et leurs familles sont invités à venir souhaiter longue carrière.

Et ce n’est pas fini. Loin s’en faut.

 Ensuite dans les treize régions et  collectivités territoriales et dans les quarante-cinq provinces, on trinque à la santé de chaque gouverneur, de chaque président de conseil régional et de chaque haut-commissaire.

 Arrive ensuite, au niveau local, le tour des directeurs régionaux et provinciaux de goûter, le temps d’une soirée bien arrosée, aux plaisirs du pouvoir.

Aux 350 préfets au moins et autant de maires de communes urbaines et rurales, de receveurs et de comptables de casser la tirelire pour garantir un succès retentissant à la cérémonie de vœux, tant attendue.

Quid des proviseurs, des directeurs de collèges et d’écoles, des chefs de circonscriptions d’enseignement de base (CEB) ? Du pareil au même.

Combien cela nous coûte-t-il ? A chacun ses estimations.

Ce qui est du nombre de cérémonies, avouons que c’est trop. Quant à ce qui est des coûts, la parole est à la Cour des comptes.

           

 

 

Accord de paix  au Kivu

Maintenant, place à la rumba !

 

Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera. Autant peut-on en dire aussi du Zaïre, pardon de la République démocratique du Congo, les similitudes naturelles faisant de ces deux pays asiatique et africain  des parfaits sosies.

A la seule différence que le "Pays du milieu" a  su très tôt se réveiller, pour voler de conquête en conquête dans la bataille mondiale du développement socio-économique, s'offrant le scalp de l'Allemagne, à laquelle elle a ravi le troisième rang des Etats les plus riches de la planète.

Mais, hélas, notre Congo démocratique doit toujours attendre, le  temps que les sujets d'hier du roi Mobutu se tendent la main, après une décennie de guerre meurtrière, et rangent les armes, qui rythmaient le quotidien.

La dictature du général à la toque de léopard appartient, certes, désormais à l'histoire, mais son règne calamiteux aura fait place à des rébellions sans fin, dont les figures emblématiques demeurent feu Laurent Désiré Kabila, Jean-Pierre Bemba, l'exilé de luxe de Lisbonne, et... le général Laurent NKunda, l'anophèle venue du Rwanda voisin et qui troublait jusque-là le sommeil de Kabila fils à Kinshasa.

Oui, ce NKunda, fort du soutien de son parrain   Kagamé et qui, depuis quelque cinq longues années, tutoie l'armée nationale dans le Kivu.

Incroyable mais vrai; celui-là contre qui ont été engagées des poursuites pour génocide et crimes contre l'humanité vient de réussir l'exploit de s'asseoir à la même table que ses cobelligérants.

Mieux, le chef du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), Laurent NKunda, a été le premier le mercredi 23 janvier 2008 à ratifier l'Accord de cessation immédiate des hostilités dans les régions troublées de l'Est de la République démocratique du Congo, le Kivu, né par césarienne de la Conférence sur la paix et le développement,  ouverte trois semaines plus tôt.

La médiation des Nations unies, de l'Union européenne et de l'Union africaine  n'aura donc pas été vaine. Nous en convenons, bonnes gens, nul accord n'est parfait, même en musique, la tasse de thé des Congolais.

Mais aucun accord n'a  de valeur tant qu'il n'est appliqué par toutes les parties signataires.

Il est donc à souhaiter qu'à l'exemple des protagonistes de la crise ivoirienne, qui ont    su fumer le calumet de la paix en mars 2007 sur les bords du Kadiogo, Tutsis, Hutus et Bayamulengué troquent effectivement leurs kalachnikov  contre des guitares pour que les Congolais retrouvent la joie de danser. Mais encore faut-il que les parrains visibles et invisibles des uns et des autres fassent preuve de bonne foi !

 

 

Kenya

La poignée de main de l'espoir

 

Le Kenya est sous les feux de l'actualité depuis la présidentielle du 27 décembre 2007 dont l'annonce des résultats a soulevé une vague de contestations des militants de l'opposition, le Mouvement démocratique orange (ODM) de Raila Odinga, qui estiment que le président sortant, Mwai Kibaki, a triché pour se faire réélire. L'empressement de ce dernier à prêter serment avait d'ailleurs quelque chose de suspect. Du coup, ce pays, jadis cité comme un exemple de démocratie et de stabilité en Afrique orientale, a sombré dans une violence inouïe qui a vite viré au conflit interethnique avec au quotidien un bilan humain macabre.

Les appels au calme et les pressions diverses ne changeront rien à l'attitude des deux camps. L'Union africaine a dépêché son président en exercice, John Kufuor du Ghana, pour amener les deux chefs rivaux à dialoguer afin de trouver un compromis. Cette tentative de médiation fut un échec. Et c'est finalement Kofi Annan, l'ancien secrétaire général de l'ONU, qui a pris son bâton de pèlerin pour se rendre sur place.

Après un report lié à une grippe dont souffrait l'ex-patron de l'ONU mais qui  s'expliquait sans doute par le besoin de bien affûter ses armes de médiateur avant de faire le déplacement, Kofi Annan est arrivé à Naïrobi le 22 janvier 2008.

Faisant l'unanimité des deux parties  en conflit, Kofi Annan a réussi à amener Mwaï Kibaki et Raila Odinga à se serrer la main.

Cette poignée de main entre les deux frères ennemis est un grand pas vers la paix vu le radicalisme qui caractérisait leur attitude depuis le début de la crise. Toutefois, les violences continuent sur le terrain, notamment dans la vallée du Rift, où Kofi Annan a dénoncé des abus graves et systématiques des droits de l'homme. Il a d'ailleurs signifié qu'il ne s'agit plus de violences postélectorales, mais d'affrontements interethniques. "Seule une solution sur le long terme est envisageable pour sortir de la crise... Sinon, nous serons obligés de revenir dans trois ou cinq ans". Ce triste constat de la situation, fait par l'ex-SG de l'ONU, montre que la crise a véritablement dépassé le simple cadre de la présidentielle pour devenir une crise profonde de la société kenyane en tant que telle.

Vivement qu'au-delà de la poignée de main de l'espoir, la sagesse anime les populations afin que le pays ne se transforme pas en un autre Rwanda.

 

 

 

 

Rabi Mitbkèta

L’Observateur Paalga du 28 janvier 2008



28/01/2008
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