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Un plat qui passe en travers de la gorge de l’UMP (Loi sur les OGM)

Loi sur les OGM

Un plat qui passe en travers de la gorge de l’UMP

 

Par 136 voix contre 135, l’opposition française a obtenu le rejet du projet de loi sur les OGM (Organismes génétiquement modifiés) le 13 mai 2008 à l’Assemblée nationale. A l’origine de cette déculottée, le député communiste André Chassaigne. Tirant profit des dispositions légales, il a usé de la motion de procédure fondée sur la question préalable pour contester l’utilité et même l’opportunité de cette loi en gestation. Bénéficiant du soutien total de toute l’opposition, André Chassaigne a pu faire rejeter ce texte, auquel le président Sarkozy et son gouvernement tenaient tant.

Pas étonnant que dès l’annonce des résultats du vote de la motion, le président et le Premier ministre se soient précipités pour appeler Jean-François Copé, le président du groupe parlementaire UMP (Union pour un mouvement populaire), pour lui passer un savon en lui reprochant notamment de n’avoir pas su tenir ses troupes et de ne les avoir pas mobilisées et sensibilisées à l’importance de cette loi pour le gouvernement.

Ce camouflet est-il le fait d’un problème de communication et de coordination entre l’exécutif et sa majorité au Parlement ? On ne le sait trop. Mais ce qui est sûr, c’est que la responsabilité des deux parties est entièrement engagée dans cette débâcle.

En effet, inlassablement, le gouvernement doit toujours s’assurer qu’il bénéficie du soutien indéfectible de chaque élu de la majorité. Pour cela, il doit toujours dialoguer avec sa majorité, ne pas évoluer sans elle. Rien qu’à l’occasion de la commémoration de son premier anniversaire à l’Elysée, Nicolas Sarkozy en avait profité pour rappeler les députés UMP à l’ordre.

Pour ce qui est du cas précis du rejet de la loi sur les OGM, il faut reconnaître que les députés de la majorité ont péché par négligence, vu leur supériorité numérique à l’hémicycle. Et c’est vrai qu’avec 324 voix sur 577, il est difficile qu’une décision puisse être prise à l’Assemblée nationale sans leur accord. Mais encore faut-il qu’ils soient tous présents lors des votes pour assurer de tout temps cette majorité ! C’est donc cette négligence qui vaut à leur parti d’être la risée de la classe politique française depuis mardi dernier.

Une douche froide qui aurait pu être évitée si les 324 élus UMP étaient à l’Assemblée ce soir-là. Mais voilà, ils ont plutôt préféré se signaler par leur absence de l’hémicycle. Une véritable preuve de leur négligence, car rien que la moitié des députés UMP, 166 élus, était suffisante pour contrer cette motion de procédure, initiée par André Chassaigne.

L’UMP a péché dans son organisation, puisque tout le monde savait très bien que cette loi était des plus controversées. Raison pour laquelle le parti aurait dû mobiliser et regrouper ses troupes plutôt que de les laisser en vadrouille loin de l’hémicycle. C’est aussi pour cette raison qu’on tire aujourd’hui à boulets rouges sur Jean-François Copé, le principal responsable présumé de cette débâcle, qui prend l’allure de prolongement d’une guerre entre Chirac et Sarkozy. Le président du groupe parlementaire UMP est en effet sur la sellette d’autant qu’on commence à le présenter comme un chiraquien mal reconverti au sarkozisme.

Le résultat de ce vote est sans conteste la preuve que le parti de Nicolas Sarkozy est divisé par la question des OGM tout comme la société française l’est. On le voit, sur ce sujet sensible, on dépasse allègrement le clivage gauche/droite. Et plus que jamais, c’est le signe que le gouvernement doit revoir sa copie sur ce point qui hérisse le poil des opposants politiques et des altermondialistes. Cette opposition-là qui a jeté son va-tout dans la balance en déposant jusqu’à 800 amendements dans le but de dénaturer le texte proposé et de retarder le plus longtemps possible son vote. On attend de voir quelle sera la nouvelle mouture de ce texte lorsqu’il reviendra à l’Assemblée nationale. Sarkozy va-t-il chercher un passage en force ou va-t-il, au contraire, tenir compte un tant soit peu de l’avis de son opposition ? Rien n’est moins sûr.

Ce qui est certain, c’est qu’il y a comme un parfum de révolte, de fronde interne à l’UMP. Et le président Sarkozy gagnerait à vider ce contentieux le plus vite possible et à accorder définitivement ses violons avec sa majorité s’il veut mener à bien le vaste chantier des réformes, qu’il a ouvert dès sa prise de fonction à l’Elysée.

Mais les députés UMP doivent se ressaisir et rentrer franchement dans les rangs, car leurs agissements pourraient un jour se retourner contre eux. Ils doivent avoir constante à l’esprit cette sagesse populaire qui dit qu’on ne doit pas scier la branche sur laquelle on est assis.

 

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga du 15 mai 2008



15/05/2008
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