L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Ces villas ministérielles de Ouaga 2000

Une Lettre pour Laye

Ces villas ministérielles de Ouaga 2000

Cher Wambi,

Tu peux rassurer tout le village, le grand sachem est rentré sain et sauf de son dernier voyage dans l’Hexagone. Parti, en effet, le 26 mars ainsi que je te le rapportais dans ma dernière lettre, Blaise Compaoré a regagné Ouagadougou le mercredi 2 avril au terme d’un rendez-vous médical qui n’aura duré donc qu’une petite semaine. Evidemment, pendant son absence, cher cousin, le Faso a continué à évoluer à son rythme, celui de la flambée des prix des produits de première nécessité, et des soubresauts politiques.

C’est dans cette atmosphère que le Premier ministre, Tertius Zongo, a prononcé devant l’Assemblée nationale le 27 mars son discours sur la situation de la nation.

Un rituel très attendu, comme tu le sais, et qui aura nécessité à l’évangéliste un sacrifice oratoire de quelque huit heures pour tenter de convaincre les sceptiques du Faso de sa bonne foi.

Au sortir de cet exercice, que te dire sinon qu’une fois encore la malgouvernance et la corruption se sont invitées dans les débats avec les honorables députés.

En tous les cas, l’enfer annoncé ne semble pas être pour demain, mais à nous, Burkinabè de tous bords, d’œuvrer à en reculer davantage l’échéance.

Cher Wambi, la question du redéploiement du personnel diplomatique burkinabè trouvera, certainement, réponse d’ici-là ; du moins à en croire le quotidien d’Etat, qui, dans sa livraison du mercredi 2 avril, nous livre quelques indiscrétions.

Dans l’attente qu’elles soient confirmées, cher cousin, cinq personnalités pourraient être nommées prochainement et officiellement ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires du Burkina Faso à l’étranger.

Mais qui sont-ils, ces heureux élus ? Eh bien, il s’agirait de Moumouni Fabré, annoncé en Afrique du Sud ; de Monique Ilboudo au Danemark ; d’Hyppolite Ouédraogo au Sénégal ; de Beyon Luc Adolphe Tiao en France ; et de Prosper Vokouma en Suisse.

Toutefois, cher cousin, l’on ne peut s’empêcher de s’inquiéter de la vacance prolongée de certaines représentations diplomatiques, telle celle en Inde, jadis occupée par l’ambassadeur Elysée Albert Kiemdé, et j’en oublie.

Il y a aussi et surtout le cas de ces ambassadeurs qu’on semble avoir oubliés à l’autre bout du monde depuis une éternité, et qui risquent fort de se retrouver un jour étranger dans leur propre pays, au Faso. Mais, peut-être, s’y plaisent-ils ? Vas-y le savoir !

Tu te rappelles, j’en suis certain, qu’à l’avènement du Front populaire, des voix s’étaient élevées pour demander la reprise des agents civils comme militaires dégagés sous la Révolution, avec reconstitution de leurs carrières.

Evidemment, si au niveau de certains, cela l’était depuis belle lurette, il n’en était pas de même pour tout le monde, en l’occurrence les corps habillés.

Mais, apprenons-nous, l’injustice aurait été corrigée récemment, du moins pour une soixantaine d’entre eux (une centaine, avancent d’autres sources). Or qui dit reconstitution de carrières dans l’armée dit élévation à des grades supérieurs et "ration" plus consistante.

De quoi se poser, pour le citoyen lambda, certaines questions. Relatives par exemple à l’attitude des chefs d’hier devenus aujourd’hui subalternes du fait de ces réaménagements. Ou encore, comme le laisse entendre cet esprit mesquin, ce qui a sous-tendu cette mesure, vu que le chef suprême des Armées ne fait jamais les choses au hasard.

En attendant, ceux qui tirent ainsi leurs marrons du feu, c’est bien ces discriminés d’hier, injustement frappés, parfois même sans avoir su le motif de leurs sanctions. De quoi saluer cette disposition, car il n’est jamais trop tard, dirait quelqu’un, pour réparer une injustice.

Maintenant, à la question de savoir si tous ceux concernés par cette mesure bénéficieront d’un rappel salarial correspondant à la durée de leur calvaire, cher cousin, je ne saurais y répondre. Mais peut-être y a-t-on pensé ?

Eh bien, cher Wambi, comme il fallait t’y attendre, la Société nationale de gestion des stocks de sécurité (SONAGESS) ne pouvait restée muette sur la question de la qualité des céréales vendues à prix social dont je t’ai parlé il y a quelques jours.

A preuve, ces informations relatives aux opérations d’entretien et de vérification, que m’a fait parvenir la directrice générale de ladite structure, Mme Fati Ouédraogo. Prends-en connaissance, cher cousin :

"Faisant suite aux informations publiées dans la rubrique "Une lettre pour Laye" (L’Observateur paalga n°7096 du vendredi 21 au lundi 24 mars 2008) relatives à la qualité des céréales vendues à prix social, et à titre d’information, je vous transmets les précisions suivantes :

Les stocks de céréales SONAGESS font l’objet d’entretiens permanents tout au long de l’année. Ces opérations courantes d’entretien ont pour objectifs de :

 assurer quotidiennement la propreté des lots de céréales, l’hygiène des magasins de stockages et de leurs environnements ;
 réaliser les traitements préventifs et/ou curatifs des céréales stockées ;
 vérifier et/ou suivre la qualité sanitaire des céréales stockées au moyen d’analyses périodiques effectuées en laboratoire.

De la qualité des lots distribués

Le rapport d’analyse de qualité effectuée courant août-octobre 2007 indique que les lots distribués peuvent être classés en deux grandes catégories, à savoir :

 les lots de qualité A, portant sur 61,2% des stocks (conservable encore à long terme, c’est-à-dire pendant 3 années),

 les lots de qualité B (conservable encore sur une période d’une année). Il n’existe donc pas de stocks de céréales « hors d’usage » pour le moment, sinon nous nous serions fait le devoir de les retirer du circuit ou de les traiter conséquemment.

Nous savons aussi que les spéculateurs mécontents (il va de soi) qui ont des difficultés à écouler leurs céréales, face aux prix sociaux affichés, entretiennent des rumeurs alarmantes sur la qualité de nos stocks dans le but de détourner les consommateurs vers leurs propres produits, vendus à des prix jugés plus rémunérateurs pour eux. Je vous prie de bien vouloir en informer vos lecteurs".

La Directrice générale de la SONAGESS

Mme Fati Ouédraogo

Cher Wambi, les élus locaux de la cité du paysan noir étaient en session ordinaire le 31 mars dernier. Entre plusieurs points inscrits à l’ordre du jour, était une délibération portant révision du seuil d’approbation des marchés de la commune de Banfora.

A travers cette délibération, le bourgmestre soumettait à l’adoption des membres de son conseil une révision à la hausse du seuil du montant, lui conférant ainsi plus de marge.

Selon des sources proches du conseil, la décision à prendre devrait permettre au maire, dans l’attribution des marchés, d’aller à 50 millions au lieu de 20 initialement, cela, sans passer par le conseil.

Les débats ont été, dit-on, très houleux, et les décideurs des affaires de la commune obligés d’aller au vote pour trancher la question. A l’issue de cette épreuve, la majorité des conseillers municipaux ont rejeté la délibération.

Fait insolite qui suscite des commentaires dans la cité, le président de séance n’a pas bénéficié de l’adhésion de certains de ses plus proches à cette mesure. Au-delà des commentaires que cela engendre, c’est la cohésion pour le développement de la commune et les débats démocratiques qu’il convient de noter.

En attendant, les choses restent en l’état, c’est-à-dire que le bourgmestre devra garder « sa fourchette » d’antan, qui lui octroie le droit de passer un marché jusqu’à hauteur de 20 millions sans passer par son conseil.

Certainement, cher Wambi, une affaire qui, un jour ou l’autre, reviendra sur le tapis, mais, pour ma part, je t’invite à feuilleter très rapidement avec moi le Carnet secret de Tipoko l’Intrigante, bien maigre aujourd’hui :

 Depuis la formation du gouvernement Tertius 1er, ils sont nombreux, pour ne pas dire une quinzaine de ministres, qui ont occupé une résidence officielle dans la cité futuriste de Ouagadougou. Mais, contrairement à ce que propage Dame Rumeur, lesdites villas ministérielles n’auraient nullement été construites sur fonds de l’Etat burkinabè.

Ce serait des réalisations de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), rachetées à 500 millions de F CFA l’unité par l’Etat, et payables à tempérament. Mais quoiqu’on dise, les frais d’entretien de tels bunkers ne manquent pas de rougir les yeux des illustres locataires.

Heureusement d’ailleurs que, pour l’instant, ils s’y pavanent aux frais de la princesse, sinon combien sont-ils qui pourraient honorer une facture d’électricité mensuelle de 300 000 F CFA minimum ?

On nous répondra que pourtant des particuliers en ont aussi acquis, mais doit-on oublier qu’ils ne sont nullement logés à la même enseigne ? Pas de doute qu’il est merveilleux, le paradis terrestre, mais quand tournera le vent...

 Selon certaines indiscrétions, la Commission des finances et du budget (COMFIB) de l’Assemblée nationale avait dans son agenda, ces jours-ci, l’audition du gouvernement sur un projet de loi portant institution d’une taxe parafiscale au profit des agences de l’eau.

Le gouvernement ayant changé de configuration depuis le 23 mars, le ministre délégué à l’Agriculture aurait été invité à répondre aux questions de la COMFIB. Curieusement celui-ci, dit-on, aurait déclaré n’avoir jamais été mis au parfum d’un tel projet.

Renvoyé à la prochaine audition à l’effet de permettre au ministre de s’en imprégner, le fameux projet sera finalement rayé de l’agenda. Alors question : cette situation serait-elle liée à l’éviction de l’ex-maître des lieux, Salif Diallo, alors ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques ?

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

L’Observateur Paalga du 4 avril 2008


04/04/2008
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