Commune de Ouessa : Des entraves à la bonne gestion des affaires
Commune de Ouessa
Des entraves à la bonne gestion des affaires
A en croire l'auteur de cette tribune qu'il a lui même intitulée "Nouvelles de la communes de Ouessa", les nouvelles ne seraient pas tout à fait bonnes du côté de cette localité du Ioba, jadis paisible. Il relate de long en large des faits de malversations, d'exactions, d'atteinte à la quiétude sociale, etc. de la part de politiciens dans cette commune. Pour des raisons d'éthique et de déontologie, nous avons amputé le texte d'un passage.
La commune de Ouessa fait partie des huit communes de la province du loba. Elle s'étend sur une superficie de 175 km2 et compte sept villages (Bèkoteng, Dianlé, Kolinka, Kiérim, Langlé, Ouessa). Elle est limitée au sud par la république du Ghana, au nord par la commune de Niégo, à l'est par la commune de Boura (province de
La population totale de la commune était estimée en 1996 à 10 502 habitants. Les ethnies les plus représentatives sont les Dagara, les Mossi et les Sissala. Il existe d'autres communautés minoritaires telles que les Gourounsi, les Bobo et les Peulh.
Le secteur primaire, notamment l'agriculture et le commerce transfrontalier, constitue les activités porteuses de l'économie de la commune. Les spéculations agricoles, quoique tournées vers les cultures vivrières, ont une forte connotation commerciale avec les cultures de rente (coton, igname, arachide...).
Les activités commerciales sont surtout prédominantes dans les villages de Hamélé et Kiérim.
Tout comme les autres communes du Burkina Faso, la commune de Ouessa est gérée, suite aux élections municipales du mois d'avril 2006, par des organes délibérant et exécutif. Le conseil communal est constitué de conseillers issus de deux formations politiques : le CDP et l'UNDD.
La commune de Ouessa dispose de potentialités économiques et fiscales suffisantes et d'une expertise appréciable au sein de son conseil. Ces deux facteurs sont des éléments non négligeables qui devraient contribuer à promouvoir une dynamique dans son fonctionnement et dans les activités de développement. Malheureusement, il s'est installé une crise ouverte au sein du conseil municipal, ce qui ne favorise pas la participation pleine de beaucoup de conseillers, aussi bien de l'opposition que de la majorité, à la gestion des affaires de la commune.
Des exemples d'entraves
La présente page, "Nouvelles de la commune de Ouessa", est d'informer la population et l'opinion nationale sur la vie de cette petite commune frontalière, et notamment les réalités qui touchent à la gestion quotidienne des affaires locales. La population de cette commune dénonce certains comportements du responsable de l'exécutif communal et de quelques membres du conseil municipal. Depuis un certain temps, il court des bruits insolites de malversations, d'exactions et de tensions sociales dans cette paisible localité du loba. Nous proposons donc de relater les faits tels que nous les avons entendus, sans verser dans des commentaires qui risquent d'être mal interprétés. Les informations qui ont une certaine gravité, si elles sont avérées, seront portées à la connaissance des autorités de tutelle pour suite utile à donner. Qu'en est-il exactement ?
Premier cas : Dans le cadre de la gestion budgétaire de la commune, notamment pour le recouvrement des taxes locales, le maire a nommé des collecteurs de marché pour suppléer la perception, qui est assez éloignée de Ouessa. Cela est tout à fait régulier. Mais là ou le bât blesse, c'est quand le maire nomme son propre frère pour faire partie de l'équipe des collecteurs, même si les autres sont choisis à sa seule initiative. Cette nomination cooptée des collecteurs a des conséquences sur le comportement de ces derniers et sur la sécurité des fonds collectés. (...)
Deuxième cas : Le bureau de l'Association des transporteurs du département de Ouessa connaît des jours sombres. Le maire a procédé à un renouvellement de la direction de cette organisation de façon très cavalière et en violation flagrante des textes en vigueur en la matière. Il faut souligner que cette association et son organe de gestion ont été légalement reconnus à travers un récépissé signé de l'autorité provinciale. Le maire aurait nommé des personnes proches de lui en remplacement du bureau légal sans la tenue d'une assemblée générale comme les textes l'exigent. La seule raison plausible d'un tel comportement est que le président du syndicat est un militant de l'UNDD. Des actions sont en cours pour contrecarrer cette pratique en vue d'éviter les situations conflictuelles qui se dessinent.
Troisième cas : Dans le courant du mois de décembre, la communauté traditionnelle a décidé de pourvoir le village d'un chef pour combler le vide qui existe depuis quelques années. La désignation du chef de Kiérim par le collège des sages a failli dégénérer en un conflit familial puisqu'à partir de Ouagadougou et sur les mensonges d'un conseiller CDP, candidat malheureux, le préfet et la gendarmerie se sont rendus sur les lieux pour demander de surseoir au déroulement de la cérémonie. Heureusement, grâce à la persistance et à l'habileté des responsables coutumiers, le pire a été écarté et le conseiller Brô a présenté ses excuses à la famille. Désormais, c'est monsieur Dombilo qui a été investi par la coutume comme chef du village de Kiérim. Nous lui présentons toutes nos félicitations tout en l'invitant à travailler au bonheur de la population de cette localité.
Quatrième cas : Il y a un conflit latent entre la communauté sissala de Hamélé et le maire, consécutif à l'implantation du marché dont les limites déborderaient sur le quartier traditionnel. De la lettre reçue du chef de village de Hamélé, les limites du quartier traditionnel avaient été tracées lors du lotissement de commun accord en présence du haut-commissaire, du député Hien Mutan devenu aujourd'hui maire de la commune et du collège coutumier. Cette population ne comprend pas que cette même personne vienne lui parler d'une nouvelle délimitation, alors que la première avait été faite dans le souci de préserver les mânes des ancêtres. En effet, aux dires du chef de village, chaque concession abrite des fétiches qu'il est difficile de déménager. Pour préserver ce patrimoine traditionnel, le chef a suggéré au maire de lui désigner un autre emplacement, proposition rejetée par l'autorité communale. Il (le maire) m'a même dit que si je refusais sa proposition, mes coutumiers et moi serions tués par des soldats délégués par lui, et les maisons de mes notables démolies par des tracteurs. Comme à son habitude, le maire procède par intimidations et menaces en lieu et place de la sensibilisation et de la communication. Les fonctionnaires qui ont servi à Ouessa au temps où il était député en savent quelque chose.
Cinquième cas : Une commerçante de céréales aurait été passée à tabac par un collecteur de marché, neveu du maire. Pourquoi ? Le collecteur de marché aurait demandé à la commerçante de présenter ses papiers et cette dernière s'est exécutée en montrant sa patente (CSI) en règle. Néanmoins, le collecteur considéra cette preuve insuffisante et exigea le ticket de droit de marché. La commerçante lui expliqua qu'elle était à jour de ses obligations fiscales et que, de ce fait, elle se pouvait pas faire face à une taxe d'une telle nature. Cette réponse lui a valu, semble-t-il, des injures qui ont énervé la femme qui, en guise de réaction, a versé de l'eau à la figure du collecteur. Elle fut battue copieusement par le groupe de collecteurs, et l'enfant qu'elle portait au dos s'est retrouvé par terre. Toujours selon nos sources, la femme et son mari ont été convoqués au commissariat de police de Ouessa et ont été sermonnés par le commissaire de police. Le maire aurait dit au mari d'aller se plaindre où il veut parce qu'il a suffisamment de moyens et de relations pour défendre son neveu, le collecteur en question. Quelle affaire !
Sixième cas : Dans le village de Kolinka de Dianlé, la mise en place des CVD suscite beaucoup de commentaires. A Kolinka, la population a publiquement contesté une liste qui aurait été transmise par le maire pour constituer le bureau. Les personnes proposées par le maire sont d'anciens membres du CVGT. La population reproche à cette ancienne équipe une mauvaise gestion des fonds du PNGT. L'ancien trésorier se retrouve cependant dans le bureau du CVD et les jeunes demandent au nouveau président d'inviter la tutelle à l'enlever de la liste. La population fait de ce départ la condition sine qua non de la collaboration avec le nouveau bureau, car la présence d'un tel trésorier entraînerait, comme par le passé, une gestion gabegique des fonds. En sus de cela, la population exige que la passation de fonction entre le nouveau bureau et l'ancien bureau se fasse en public et au même lieu où s'est tenue l'assemblée générale pour le renouvellement du bureau. Les autorités provinciales seront, semble-t-il, saisies de cette affaire.
Par contre à Dianlé, trois personnes, anciens membres du CVGT et qui se sont retrouvées dans le CVD. auraient volé du ciment du PNGT destiné audit village pour la construction de fosses fumières. Les jeunes du village ont saisi l'ancien président, qui fait partie des trois "détourneurs", pour exiger la restitution du ciment. Ce dernier aurait déclaré que le ciment avait été restitué à la mairie sur recommandation du maire. Les jeunes seraient donc aller s'informer auprès de l'autorité communale, qui ignorait tout des opérations menées par les trois individus. L'un d'entre eux est d'ailleurs conseiller élu du village. Selon nos sources d'informations, le maire, complètement indigné de cette affaire, a néanmoins payé du ciment pour remboursement. Sur quels fonds et pourquoi ?
Septième cas : Un conseiller UNDD de Hamélé fait l'objet de menaces d'expulsion par le maire. Il semble que ses prises de position lui créent des insomnies. Dernier des faits, c'est le refus des conseillers UNDD d'entériner une délibération du conseil municipal relative à l'instauration d'une taxe de visite sanitaire de 200 francs. Ces derniers auraient préféré un taux de 100 francs, facile à payer et susceptible d'éviter les abattages clandestins. La délibération a néanmoins été votée par le conseil. Pourtant quelques jours plus tard, le maire envoya une lettre de mise en garde audit conseiller, parce que, informations de certains conseillers, il y aurait des propos qui remettraient en cause la délibération et qui s'assimilent à une préparation des contribuables à la révolte et au rejet de la délibération. Monsieur le maire, que faite vous de la liberté de parole et d'opinion ? Vous faites un procès d'intention à ce conseiller avant même que la fameuse délibération ne soit approuvée par l'autorité de tutelle ? Curieux, non ?
Ce qu'il faut dire, ce que les conseillers UNDD font l'objet de pressions quotidiennes pour quitter leur parti et rejoindre le bord politique du maire. Peut-on alors parler de démocratie et de gouvernance locale avec de tels comportements ? Le mode d'administration par la menace et l'intimidation est à bannir, car susceptible de dégoûter la population du processus de décentralisation. Malheureusement, les forces de l'ordre se laissent utiliser par l'autorité communale sans avoir le courage de le ramener à la raison.
Huitième cas : Au moment où je terminais cet article, un autre fait grave a été porté à ma connaissance. Un appel m'a informé que le 1er adjoint, la police et la gendarmerie avaient donné un ultimatum à des résidents de Hamélé de déguerpir de leurs concessions dans les trois jours qui suivent pour permettre l'implantation du siège de
Nous nous proposons dans les jours à venir d'informer par voie de presse l'évolution des cas constatés dans la gestion des fonds publics (contributions pour la construction du marché, comportement de certains collecteurs, dépenses opérées en marge des procédures d'exécution des dépenses publiques, ventes de parcelles, etc.)
Nos écrits, loin de vouloir discréditer certaines personnes, rentrent dans le cadre du droit de la population à l'information sur la gestion des affaires de la commune, et dans le souci de la saine gestion des fonds de la collectivité territoriale.
Somda Nalobemagr
Le Pays du 7 février 2008
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