L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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CONGO : La démocratie de pacotille part en lambeaux

Législatives au Congo-Brazza

La démocratie de pacotille part en lambeaux

 

Serait-ce la démocratie du Mbochi l'ethnie de Denis Sassou N'Guesso, où c'est le chef qui décide de tout ? Et "un chef ça se respecte" comme aime le répéter le maître du Congo-Brazza lors de ses colères homériques. Ce pays en tout cas est pudiquement appelé "Une démocratie apaisée" concoctée à la sauce de la moribonde (?) Françafrique qu'applique méticuleusement Sassou. Le premier tour des législatives qui viennent de se tenir le 24 juin dernier illustre  à merveille cette démocratie tropicalisée.

En effet, dimanche dernier, 2 millions de Congolais se sont rendus aux urnes pour élire les 137 députés qui devront siéger à l'Assemblée nationale. Premier constat de ce scrutin chaotique  : l'ouverture des bureaux de vote qui a accusé un grand retard. Si les opérations de vote étaient normalement prévues pour commencer à 7 heures, de nombreux bureaux, ont ouvert à 17 heures, soit une heure avant la fermeture. C'est le cas à Makelèkelé (Sud du Congo) et à Talangaï (Nord). A cela s'ajoute le manque de matériel dans de nombreux bureaux de vote ou encore les difficultés relatives au corps électoral dans certaines circonscriptions où les scrutateurs ont dû ajouter manuellement les noms de certains électeurs qui ne figuraient pas sur les listes. C'est le cas à Kinkala, chef-lieu de la région martyre du Pool, (fief de l'ex-rebelle Frédéric Bitsangou dit Ntumi) et dans 7 autres circonscriptions où déjà en 2002, les électeurs n'avaient pas pu voter pour cause d'insécurité ambiante.

On ne saurait oublier la polémique autour de l'impartialité de la Commission nationale d'organisation des électeurs (CONEL). Autant de griefs qui ont incité les partis de l'opposition à prôner le boycott du scrutin.

Pourtant Sassou N'Guesso, en fin tacticien, héritage du militaire qu'il est, avait su appliquer la potion de la démocratie apaisée, de façon homéopathique :

- à quelque chose malheur est bon, à l'occasion du décès de l'épouse de l'ex-maire de Brazza, Bernard Kolelas et grand opposant de Sassou, ce dernier avait permis qu'il rentre au pays (il était recherché par la justice), pour organiser les obsèques de sa femme ; on avait alors parlé de la "diplomatie du cercueil". Du reste, depuis  plusieurs mois, les deux hommes se rencontrent régulièrement, et Kolelas a même demandé pardon aux Congolais pour les fautes commises par ses milices, les Ninjas, du temps de la guerre civile en 1997.

- Le pasteur Ntumi est nommé depuis le 21 mai 2007 délégué général auprès du président de la République, preuve que celui dont les miliciens Nsiloulous ont écumé le pool, après moult tergiversations, a décidé vraiment de déposer les armes, même si tous ces milliers, des jeunes qu'il a délaissés, ne savent plus à quel saint se vouer.

Cependant l'arbre ne saurait cacher la forêt, et Sassou n'est que le pur produit de la période de braise marxiste-léniniste des années 70. Après son coup d'Etat en 1979 et après 13 années de règne, l'homme concéda une parenthèse de 5 ans en 1992, ayant perdu la présidentielle face à Pascal Lissouba de l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS).

Chassez le naturel, il revient au galop, en 1997 après une guerre civile face à Lissouba, revoilà le gendre d'Omar Bongo Ondimba à la tête du Congo. Et rebelote pour lui en 2002, lorsqu'il s'est moulé dans les habits de président élu de manière truquée et tronquée, ses opposants n'ayant pas été autorisés à faire campagne à l'époque.

C'est pourquoi il est évident que le 22 juillet prochain, le Parti congolais du travail (PCT) va encore être supra- majoritaire au parlement comme à la dernière législature, où il avait 115 députés sur 137. Et l'on dira encore que le Congo vient d'organiser des législatives, que la démocratie se renforce au Congo et tuti quanti...

Mais une telle démocratie n'est-elle pas la source des guérillas à répétition au Congo ? Le pasteur Ntoumi, avec son parti le Conseil national des républicains (CNR), acceptera-t-il longtemps de bonne grâce d'abandonner totalement le maquis ?

Et que dire de Pascal Lissouba, qui est toujours frappé par un mandat de justice et perclus par la maladie dans son appartenant de Londres ?

Enfin, les questions relatives à la manne pétrolière mal répartie sont aussi pendantes. Pour tout dire, à quand l'avènement d'une démocratie débarrassée des oripeaux de la Françafrique au Congo ?

 

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga du 26 juin 2007



26/06/2007
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