Côte d’ivoire : Le temps des symboles
Redéploiement de l’administration en Côte d’ivoire
Le temps des symboles
Symbole après symbole, la Côte d’Ivoire travaille peu à peu à mettre définitivement fin à sa partition de fait. Le dernier symbole de réunification en date a consisté au lancement, le 18 juin dernier à Bouaké, du redéploiement de l’Administration en ex-zone rebelle, en présence du Premier ministre ivoirien Guillaume Soro. Cette remise en place de l’Administration, qui se fera progressivement, devrait permettre de lancer prochainement le processus d'identification des populations, dans la perspective des futures élections. Mais en attendant la tenue de ces élections, fixée, en principe, en début de premier trimestre de 2008, les habitants de la Côte d’Ivoire septentrionale se réjouissent sans doute déjà à l’idée que la nouvelle donne se présentera pour eux, comme une bouffée d’oxygène. Car, à l’état d’engourdissement voire à l’asphyxie socio-économique qui avait caractérisé cette zone durant la crise, pourrait succéder un état de renouveau sur bien des plans. Voilà déjà dessinées les retombées d’un tel redéploiement. Mieux, le début de réunification est un nouveau signe de la décrispation politique pour la Côte d'Ivoire. Il est vrai que tout n’est pas parfait et qu’il faut éviter de céder à un excès d’optimisme. D’autant que certains points de l’accord de Ouagadougou avaient connu des difficultés dans leur application, qui ont du reste occasionné un retard de deux mois sur le chronogramme initial de l'accord en question. Des difficultés ont été soulignées notamment par la délicate question de la reconnaissance des grades des soldats des Forces nouvelles. Mais à ce propos et sur bien d'autres sujets encore, les différents protagonistes de la crise ont été appelés à agir avec une plus grande célérité par rapport aux actions à venir pour rattraper ce temps perdu, comme les y ont invités le facilitateur. Le fait qu’ils se soient déjà montrés disposés à surmonter les difficultés est un signe encourageant qui, en plus, témoigne de leur foi dans le processus. Bref, c’est dire que la Côte d'Ivoire est désormais sur le bon chemin, qu’elle avance dans la direction de la résolution définitive de la crise. Des avancées que l’on doit non seulement au facilitateur Blaise Compaoré et au tandem Laurent Gbagbo/Guillaume Soro, mais aussi à l’ensemble de la classe politique ivoirienne qui semble appeler de tous ses voeux, la paix. L’accord de Ouagadougou ayant prévu que les leaders soient associés à la sortie de crise à travers le Cadre permanent de concertation (CPC), a donné des résultats tels qu’ils montrent que les solutions sont parfois géographiquement plus proches que l’on imagine. Même si d’aucuns pourraient répondre que Laurent Gbagbo se dressait à l’époque en facteur bloquant de la paix pour gagner du temps et que, une fois ses ambitions assouvies, il a sonné la fin de la récréation en s'ouvrant au dialogue. En tout état de cause, il est indéniable qu’aujourd’hui, par les signes qui succèdent aux symboles, la Côte d’Ivoire se débarrasse peu à peu de ses haillons d’Etat d’exception et qu’elle a le regard désormais tourné vers l’avenir. Reste à espérer que rien ne viendra entraver la marche de la réconciliation et de la paix, par la mauvaise foi de certains Ivoiriens. Certes, la signature de l'accord de Ouagadougou a contribué à faire baisser la tension. Mais les Ivoiriens devraient toujours garder à l’esprit que l’apaisement n’est pas la paix et qu'ils ne pourront y parvenir que par la détermination à aller jusqu'au bout. C’est dire combien chacun, à quelque niveau qu’il soit, doit poser des actes au quotidien, qui aillent au-delà des symboles et qui tendent vers la paix. En ce qui concerne particulièrement les acteurs politiques ivoiriens, ils doivent jouer franc jeu et ne pas se borner aux basses querelles de dates. Là n’est pas l’essentiel. La paix est l’affaire de tous et nécessite par conséquent l’adhésion de tout le monde. Engagée dans la résolution de la crise depuis ses débuts, la communauté internationale a elle aussi un rôle capital à jouer pour l’avènement de la paix. Elle doit accompagner le processus en montrant une volonté sans limite d'appuyer les Ivoiriens.
Le Pays du 20 juin 2007
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