St-Valentin au Burkina : Un jour, ils vont nous amener à Holloween
Saint-Valentin au Burkina
Un jour, ils vont nous amener à Holloween
Il y a à peine dix ans, mettons même cinq, peu nombreux étaient les Burkinabè qui connaissaient ce saint Valentin, un martyr romain du IIIe siècle, devenu le patron des tourtereaux. A la suite d’une tradition médiévale, la Saint-Valentin, célébrée le 14 février de chaque année, début de la période des amours chez les oiseaux, a, en effet, été érigée pour ne pas dire sanctifiée en fête des amoureux.
En cela, rien de mauvais dans le principe, car, après tout, il vaut mieux faire l’Amour que la Guerre. Mais quand on voit l’appropriation excessive et quasi infantile que nous en avons faite, on finit par se convaincre que, décidément, nous, les Nègres, aimons singer les autres au point de devenir plus singe que les singes. Et en la matière, ce sont surtout les femmes qui sont championnes. Ne sont-elles pas censées être plus sentimentales, plus romantiques ou plus rêveuses ?
Alors, à l'occasion du 14-Février, comme ce fut le cas cette année, elles sont généralement prises d’une excitation quasi irrépressible au fur et à mesure que le jour J approche.
Des «crudités» aux grand-mères en passant par les jeunes femmes, les FM1, 2, 3 ou 4 bandes, pour autant d’émetteurs (1), les "gnagnis" et autres amatrices professionnelles de jeunes, chacune y va de son Valentin. Comme si on avait besoin d’un jour particulier pour manifester son amour à l’autre.
S’est développé donc, autour de cette date de la vérité comme l’est le 31 décembre, tout un business de la Saint-Valentin, qui laisse croire que ce sont les commerçants, traditionnels ou modernes, qui poussent à la roue pour faire de bonnes affaires.
Avec la complicité des mass médias, tout y passe : téléphones portables, vêtements, strings, l’institutionnel et incontournable poulet (à moins que Valentine soit plus poisson) et même des fleurs…, ces horribles roses en caoutchouc qu’il faut absolument offrir à sa dulcinée. Mais pourquoi pas des noix de cola pendant qu’on y est ?
Ça, au moins, fait partie de nos us et coutumes, contrairement à ces fleurs dont on ignore bien souvent le langage.
Hélas, avec ce lobby de la Saint-Valentin, qui s’est maintenant constitué, difficile de résister à l’arnaque des commerçants et à la pression de la "gounda", ne serait-ce que pour avoir la paix.
Le plus dur, souvent, pour les mecs, c’est le fait, pour certains, d'avoir un bouquet de valentines ; il faut alors s’arracher les cheveux pour satisfaire le 2e, voire le 3e bureau, à moins d’anticiper le 13 ou de différer le 15. C’est tout ça qui fait folklore et ridicule, mais comme il en est qui aiment à se bercer d’illusions et de faux symboles, que la St-Valentin grand bien leur fasse.
D’ailleurs, au rythme où vont les choses, on ne serait pas étonné que les importateurs de traditions étrangères nous amènent un jour Holloween, qui a déjà traversé l’Atlantique (2), sur les rives du Kadiogo.
Source, L’Observateur Paalga du 19 février 2007
Notes
(1) : F.M. : fille mère avec 1, 2, 3 ou 4 enfants pour autant de pères.
(2) (2) : fête célébrée le 31 octobre aux Etats-Unis, au cours de laquelle les enfants, déguisés, déposent devant la porte des maisons un panier où l’on doit mettre des friandises.
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