L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Crise en Belgique : «C’est la recherche d’un nouvel équilibre»

Crise en Belgique

«C’est la recherche d’un nouvel équilibre»

(Daniel Bertrand, ambassadeur au Burkina Faso)

 

A sa résidence à Ouaga 2000, l’ambassadeur belge au Burkina Faso, son excellence Daniel Bertrand, a célébré le jeudi 15 novembre 2007 la traditionnelle fête du roi de Belgique. Une occasion pour le diplomate de répliquer à tous ceux qui parlent de «la fin de la Belgique», depuis l’installation, le 10 juin 2007, de la crise politique dans son pays. «Simple recherche d’un nouvel équilibre», rétorque-t-il dans le présent entretien avant d’annoncer l’arrêt de la coopération belgo-burkinabè à compter de fin 2007.

 

Comment vivez-vous ici la crise politique survenue dans votre pays depuis le 10 juin 2007 ?

 

• Je suis habitué aux crises politiques dans mon pays. La Belgique est un Etat pluriculturel avec deux communautés principales : les Flamands et les Wallons. Nous sommes arrivés à un stade où suite aux élections du 10 juin dernier, il faut trouver un équilibre institutionnel dans un cadre étatique belge. Evidemment, les demandes de part et d’autre sont un peu compliquées à concilier. Les hommes politiques ont été eux-mêmes surpris par les résultats des élections. Ils doivent trouver maintenant de nouvelles voies pour  jeter des ponts et négocier un nouvel accord de gouvernement. Bien sûr, cela va prendre un peu de temps, ça risque d’être un peu chaud ; mais cela fait partie de notre vie politique. La presse internationale doit bien sûr lire nos événements avec une grille spécifiquement adaptée à la Belgique.

 

Dans votre mot à l’endroit des invités, vous avez réfuté la perspective de la «fin de la Belgique» telle qu’entretenue par la presse internationale, je vous cite toujours. Mais on se rend compte que ce que les Flamands revendiquent n’est plus ni moins que l’autonomie de la Flandre. Donc une remise en cause de la fédération.

 

• Non. La revendication, c’est de donner davantage de compétences aux régions. C’est procéder au transfert des finances de l’Etat central vers les communautés des régions dans un cadre belge.  Bien entendu, cela veut dire que les compétences fédérales se concentreront en un petit noyau. Mais c’est le propre de toute fédération ou confédération. Cela n’est pas spécifique à la Belgique.

 

Concrètement comment votre représentation diplomatique fonctionne actuellement vu que le gouvernement actuel est réduit à l’expédition des affaires courantes ?

 

• Evidemment, la situation présente nous gêne un peu. Pas de gouvernement, pas de ministres donc pas de politique nouvelle. Par conséquent, nous exécutons ce qui a été décidé et nous attendons qu’un nouveau gouvernement se constitue pour aller de l’avant. Cela dit, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de gouvernement que l’Etat ne fonctionne pas. Bien au contraire, il y a toujours le gouvernement, sortant qui occupe toujours sa place au sein du Conseil de sécurité (ndlr : membre non  permanent) des Nations unies, qui occupe sa place dans les instances internationales et qui continue de gérer les problèmes socio-économiques des Belges.

 

Croyez-vous aux  chances du roi Albert II de parvenir à concilier les hommes politiques flamands et wallons ?

 

• Oui. Le roi n’est pas le seul acteur. En Belgique, le roi a un rôle de coulisse, de consultation. Les vrais acteurs sont les hommes politiques. Il y a tout un jeu réciproque d’influences entre le palais et la classe politique. Je suis confiant dans la mesure où chaque acteur politique a envie d’arriver à un accord. Mais évidemment, les élections ont été telles qu’il faut trouver une nouvelle solution, faire des compromis sans perdre la face.

 

Comment jugez-vous la coopération entre votre pays et le Burkina Faso ?

 

Excellente. Exemplaire. L’Etat burkinabè est un Etat qui fonctionne très bien. Je suis ravi de cette coopération, qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Je dois vous avouer que tout ce que j’ai pu voir sur le terrain au Burkina Faso m’a comblé le cœur. Je crois qu’il y a un grand besoin de continuer à être présent auprès de vous.

 

Besoin de continuer à être présent auprès de nous alors que vous arrêtez bientôt votre coopération avec mon pays ? Il y a un paradoxe !

 

• Vous savez, nous fonctionnons avec des pays partenaires dans le cadre de la Déclaration de Paris, qui vise l’harmonie et  l’efficacité de l’aide. C’est dans ce contexte que la Belgique concentre son aide sur  un certain nombre de pays. Et dans chacun de ces pays, sur un certain nombre de secteurs. Dans ce contexte, le gouvernement précédent a effectivement décidé de ne plus faire de coopération avec le Burkina Faso au-delà du programme actuel, qui arrive à échéance à la fin de cette année. Mais de nombreux projets sont en cours d’exécution jusqu’à fin 2009. Cela dit, le Burkina Faso demeure prioritaire pour les subsides aux ONG et pour la communauté francophone  belge.

Mais la Belgique reste au Burkina Faso.

 

Entretien réalisé par

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga du 19 novembre 2007



19/11/2007
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