Croissance et réduction de la pauvreté : Les recettes du FMI
Croissance économique et réduction de la pauvreté au Burkina
Les recettes du FMI
Un accord de Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) a été signé entre le Burkina Faso et le Fonds monétaire international (FMI) le 24 avril dernier. Il s’agit en fait d’un programme triennal 2007-2010 qui vise à soutenir la modernisation de l’administration fiscale dans le but d’accroître les recettes de l’Etat. Mario Zejan, représentant résident du FMI dans notre pays a échangé avec la presse sur le sujet. C’était le 28 mai 2007 à Ouagadougou.
C’est parce que le précédent accord de Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) a été bien exécuté que le FMI a accepté de discuter d’un nouveau avec notre pays. Une mission de cette institution de Bretton Woods, conduite par Martin Petri a pu échanger avec nos autorités et au terme des négociations, ce nouveau programme triennal 2007-2010 a été accordé.
Malgré le cours élevé du pétrole, le prix du coton qui a très fortement chuté et la persistance des conséquences néfastes de la crise ivoirienne, le FMI a estimé que les fondements macroéconomiques du Burkina sont restés bons. Naturellement, les recettes ont été inférieures aux prévisions «principalement du fait que les impôts sur les bénéfices et les taxes sur les produits nationaux ont été moindres que ce qui était prévu». Mais globalement, le solde budgétaire de l’Etat est resté conforme aux projections.
Notre pays doit poursuivre ses efforts pour garder le cap. Selon Mario Zejan, représentant résident du FMI, ce nouveau programme va aider le Burkina à se rapprocher des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Et dans les projections, on table sur une croissance au-dessus de 6%.
Pour vraiment réduire la pauvreté, il faut que le pays puisse accroître sensiblement ses recettes intérieures. Ainsi, l’Etat disposerait d’«un espace budgétaire pour les dépenses de réduction de la pauvreté tout en maintenant la viabilité de la dette». Pour atteindre cet objectif, il faut impérativement «moderniser et informatiser l’administration des recettes (douanes et impôts) et procéder à une réforme du régime fiscal qui réduirait les coûts des obligations fiscales pour les contribuables et améliorerait l’efficacité du système fiscal». Le FRPC est un programme qui va contribuer à cette modernisation et à cette refonte du régime fiscal. L’informatisation va donc permettre un meilleur suivi des contribuables et de détecter plus rapidement ceux qui sont en retard de paiement afin de les rappeler à l’ordre. Avec le FRPC, dont le coût est estimé à quelque 10 millions de dollars, toute une série d’actions pour assainir et mieux organiser les recouvrements fiscaux seront menées.
Mais tout cela ne sera pas suffisant pour mettre le pays loin des tensions de trésorerie. C’est pour cela qu’au regard de l’importance du coton dans notre économie, le FMI soutient qu’aujourd’hui, il est nécessaire de recapitaliser les sociétés d’égrenage et d'améliorer le mécanisme de détermination des prix aux producteurs. Mais il urge que l’Etat prenne des initiatives pour diversifier ses productions agricoles en trouvant une autre ressource que le coton.
De plus, l’Etat doit poursuivre ses efforts de développement du secteur privé pour soutenir la croissance tout en mettant l’accent sur le secteur financier, les services publics et la lutte contre la corruption. Bien entendu, le pays devra continuer à bénéficier des aides extérieures. Si tout cela se réalise, le Burkina présentera un visage plus reluisant.
Mario Zejan a expliqué que la fonction du FMI n’est pas de fournir de l’aide au développement, mais surtout de donner des conseils pour que l’Etat puisse assainir ses finances et maintenir stables les équilibres macroéconomiques du pays.
Quant à la récente augmentation des salaires de 5%, le représentant résident du FMI n’y a rien trouvé à redire. Il a précisé que cette augmentation était prévue et convenue dans les négociations entre son institution et les autorités burkinabè.
Foi de Mario Zejan, les institutions de Bretton Woods ne sont pas contre la redistribution d’une partie des fruits de la croissance. Seulement, cela doit se faire selon un ratio, et le Burkina est dans la bonne fourchette. Pour lui, le FMI n’appelle pas forcément aux privatisations, mais on constate qu’une récente privatisation comme celle de l’ONATEL a renfloué en devises les caisses de l’Etat. Et cela est important ; tout comme le FMI salue «le traitement de la récolte record de coton en 2006, qui a eu un impact positif sur les finances publiques». Même si les producteurs, eux, ne font que pleurer.
San Evariste Barro
L’Observateur Paalga du 29 mai 2007
A découvrir aussi
- Village de Kouakoualé : Le CSPS du salut
- Résolution de la crise ivoirienne «L’Accord politique de Ouaga doit être le dernier»
- Pluie diluvienne à Koudougou : Le cas pathétique du vieux Paul Kiendrébéogo
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1021 autres membres