L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Du rififi autour de la tarification du transport Koudougou-Ouaga-Bobo

Transport Koudougou-Ouaga-Bobo

Du rififi autour de la tarification

 

Depuis un certain temps, un bras de fer oppose les sociétés de transport à un groupe de citoyens de Koudougou, rejoints depuis par l’ensemble des organisations syndicales et la ligue des consommateurs. Casus belli : le coût  des tickets de transport entre Koudougou-Ouaga et Koudougou-Bobo, sur lequel les différents protagonistes n’arrivent pas à accorder leurs violons malgré l’implication des autorités communales, dont le maire, Seydou Zagré lui-même.

 

Tout est parti de la démarche d’un groupe de citoyens constitué de fonctionnaires, d’élèves et d’étudiants auprès des sociétés de transport opérant à Koudougou, cela dans le but de les amener à revoir à  la baisse les prix des tickets, qui étaient de 2000 FCFA pour Koudougou-Ouaga, 5000 F pour Koudougou-Bobo et 750F pour Koudougou-Réo. Des tarifs jugés exorbitants par les usagers. Ils s'appuient notamment sur les coûts officiels, qui sont de 14 F/km sur voies bitumée et 16 F/km sur voie non bitumée avec 5F/KG de bagages.

Quand on sait que la distance Koudougou-Ouaga est de 97 km et non de 100 km comme on a tendance à l'arrondir, le ticket devrait donc revenir à 1350F et Koudougou-Réo (15 km) à 240 F. Quant aux engins dont les poids n’excèdent pas 92 kg, le  coût de leur embarquement devrait être de 460 F au maximum. On voit alors l’écart avec les tarifs pratiqués. Pour désamorcer cette mini bombe sociale les autorités communales avaient joué aux conciliateurs et une tarification beaucoup plus acceptable, à savoir 1500 F pour Koudougou-Ouaga, 4000 F pour Koudougou-Bobo devrait entrer en vigueur le 1er octobre. En sus, pour faire jouer la libre concurrence, il était stipulé que chaque société qui le désirait pouvait revoir le prix à la baisse uniquement.

 

Une augmentation qui ne dit pas son nom

 

 Malheureusement, il ressort qu’à la dernière minute les transporteurs auraient refusé de signer le document final et auraient de façon unilatérale  passé sur les ondes des radios FM locales le communiqué suivant : «Il est porté à la connaissance des populations de Koudougou et environnants qu’à compter du 1er octobre 2007, le tarif est de 1500 F Koudougou-Ouaga et 4000 F Koudougou-Bobo. Tarif des engins Koudougou-Ouaga : Yamaha et JC 1000F, P50 : 500F, vélo : 250F». Idem pour les frais des engins Koudougou-Bobo.

Naturellement, cela n’a pas été du goût de leurs interlocuteurs et même de beaucoup d’usagers de ces compagnies de transport, car à bien y regarder, c’est une augmentation qui ne dit pas son nom qui a été opérée. A titre illustratif le voyage Koudougou-Ouaga reviendrait à 2500 F à celui qui se déplacerait avec sa monture JC ou assimilée et même plus à qui trimballerait avec lui une sacoche, un meuble… qui étaient facturés à l’occasion, souvent à la tête du client. Pas plus tard que le mercredi passé, un étudiant parti de Ouaga a dû débourser 3000f pour regagner Koudougou, car amenant sa moto et son matelas.

Au nombre de ceux qui n’ont pas approuvé cette nouvelle donne, les organisations de la société civile que sont les centrales syndicales (CGT-B, CNTB, ONSL, USTB), les syndicats autonomes (SYNATEB, SNEA-B, SYNTAS), les mouvements et associations de défense des droits humains (MBDHP, Ligue des consommateurs), les associations féminines (KEBAYINA.BF) et les associations scolaires et estudiantines (ASK et ANEB). Celles-ci ont décidé de poursuivre les pourparlers avec les responsables communaux. Mais hélas, les bonnes intentions manifestées par les uns et les autres n’auraient pas empêché les négociations de se gripper, à en juger par l’évolution de la situation.

Selon les organisations de la  société civile qui ont rencontré les journalistes le jeudi 11 octobre au siège provincial du MBDHP pour une conférence de presse, elles ont adressé une lettre au maire où ils souhaitaient rencontré les responsables des sociétés de transport le mercredi 3 octobre à 10h sous le parrainage de celui-ci. Si l'on croit ce qu'a dit le principal animateur de la conférence de presse, Kisito Dakio du MBDHP, quand ils sont entrés en contact avec le maire, celui-ci a marqué son étonnement de voir appliquer des tarifications sur les engins.

Il se serait alors proposé de contacter les sociétés de transport pour comprendre la situation. Ça, c’était le mardi 2 octobre. Ayant reçu la promesse d’être briefés d’ici là, Dakio Kisito et ses camarades disent avoir attendu du mercredi 3 au lundi 8 octobre sans suite. Ils ont de ce fait rédigé et adressé une lettre d’information le mardi 9 octobre pour une marche-meeting le samedi 13 octobre à partir de 08h. «Le mercredi 10 octobre, on m’a appelé pour me dire que le maire veut nous rencontrer. Il était presque midi et demi. A 16h nous y sommes allés et il nous a dit qu’il privilégierait le dialogue. Il nous a proposé qu’on lui laisse du temps pour organiser une rencontre pour le jeudi à  10h», a synthétisé M. Dakio avant de préciser qu’aux  date et heure convenues, ils se sont rendus à l'hôtel de ville pour s’entendre dire que le bourgmestre était à Ouaga et qu’il reportait la rencontre à 11h. «Nous avons patienté jusqu’à 11h30 sans qu’on ne nous dise un mot. Entre-temps nous avons vu les responsables des sociétés de transport arriver puis repartir sans que nous ne sachions ce qu’on leur avait dit», a poursuivi le responsable provincial du MBDHP avant de préciser qu’après avoir fait le poireau une heure 30 mn, ils sont repartis. C’est du reste sur ce pas qu’ils se sont repliés sur le siège du MBDHP et ont, par téléphone, contacté les journalistes pour cette conférence de presse dont nous vous livrons plus loin la substance.

 

Incompréhension et méfiance de part et d’autre

 

Selon eux, elle visait à donner l’information à la population et à réaffirmer leur disposition au dialogue. Sur ce rendez-vous manqué et le départ incompris des responsables des sociétés de transport, le maire, qui nous a accordé une interview (que vous lirez ) a dit, lui aussi, sa disposition à tout faire pour maintenir le contact entre les deux parties même si ça sera par sa personne  interposée.

De leurs côtés, les responsables des Organisations de la société civile (OSC) ont trouvé insolite le départ et ayant cherché à comprendre on leur aurait signifié que le Secrétaire général  de la mairie était parti avec le responsable local de l’OTRAF, Alassane Zongo. Toute cette situation a créé beaucoup de méfiance et d’incompréhension chez les uns comme chez les autres, ce qui n’est pas de nature à rasséréner le climat. Nous avons  joint Alassane Zongo au téléphone, mais il s’est refusé à faire tout commentaire, nous disant n’être pas la personne indiquée. Curieux tout de même quand on sait que c’est l’OTRAF qui coiffe les transporteurs. Il nous a en tout cas renvoyé à El hadj Simporé Issouf, l’un  des responsables des sociétés de transport.

 Nous n’avons pas été heureux de ce côté-ci, puisque jusqu'à dimanche autour de 17h nous avons composé en vain le numéro de son téléphone fixe qu'Alassane Zongo nous a communiqué. C’est, entre autres raisons, ce qui a amené les responsables des OSC à décider d’organiser une marche-meeting le samedi 13 octobre passé. Mais elle a avorté, car les autorités communales l’a trouvaient illégale et ont posté des agents de sécurité aux différentes voies d’accès au Théâtre populaire où, à défaut de battre le pavé, les revendicateurs comptaient tenir un meeting.

 Aux dernières nouvelles, c’est un préavis de grève qui sera déposé sur le  bureau de qui de droit, si ce n’est déjà fait à l'heure où vous nous lisez. Comme on le voit donc, il y a de l'électricité dans l’air et on a intérêt à maître la balle à terre pour que cela ne dégénère pas. Surtout que les différentes parties clament leur disposition au dialogue. La seule ombre  au tableau vient peut-être des responsables de sociétés de transport qui ne veulent plus s’asseoir en face des revendicateurs,  qu'ils accusent de les avoir vilipendés sur les ondes des radios. Mais cela ne saurait constituer un obstacle insurmontable du moment que  l'édile est prêt à faire les bons offices. Pour le citoyen en tout cas une seule chose compte : qu’il y ait toujours et davantage de sociétés de transport à Koudougou, mais que le prix du ticket reste abordable. On n’a plus besoin de répéter à longueur de journée qu’ici au Faso la vie est dure. Ou si vous voulez «viima ya kanga».

 

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga du 17 octobre 2007



17/10/2007
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