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Elections en Afrique : Démocraties cherchent électeurs

Elections en Afrique

Démocraties cherchent électeurs

Une faible affluence dans les bureaux de vote malgré un appel à la mobilisation lancé par le président Amadou Toumani Touré. C’était le spectacle navrant que présentait le second tour des élections législatives au Mali, le premier n’ayant pas été si fameux. La pluie tombée le jour du scrutin, à Bamako et dans bien d’autres villes du Mali, ne saurait, évidemment, à elle seule, justifier ce si faible taux de participation au premier comme au second tour. Car, les Maliens, particulièrement ceux de la capitale, sont en train de se construire une triste réputation : leur trop grande propension à bouder les urnes. Au Cameroun, le constat a été le même lors des dernières consultations électorales. Les électeurs ne sont pas sortis massivement pour le vote. Le scrutin qui visait le renouvellement de l'Assemblée nationale et des conseils municipaux, en a sans doute pris un coup.

Mais à qui la faute si un tel désamour des populations pour la politique se fait de plus en plus manifeste ? Certainement pas aux électeurs à qui bien des politiciens sur le continent ont promis monts et merveilles, mais qui, au finish, n’ont eu que leurs yeux pour pleurer, après avoir tiré l’amère leçon que les promesses n’engagent effectivement que ceux qui y croient. S’il est vrai que le rôle du député est de contrôler l’action gouvernementale, de consentir l’impôt et de voter les lois – lois qui devraient tendre en principe à défendre les intérêts de ceux pour lesquels il a été mandaté - force est de reconnaître que cette mission de l’élu n’a pas toujours été clairement expliquée aux populations. Bien au contraire. Certains élus ont, à dessein, entretenu l’amalgame. Que certaines populations manifestent peu ou prou d’intérêt pour les scrutins présidentiels en Afrique, assurées que l’alternance, dans leur pays, dépend surtout et avant tout du bon vouloir du chef d'Etat en exercice, cela ne surprend pas. Pour celles-ci, leurs bulletins ne serviraient pas à grand-chose, sinon qu’à renforcer la mascarade électorale.

Mais qu'elles en viennent à boycotter des élections législatives ou communales, élections censées les concerner directement, voilà qui amène à s’inquiéter sur l’avenir même des processus démocratiques enclenchés sur le continent. Du Mali, pays jouissant jusqu’à une date récente, d’une bonne réputation en termes de pratiques démocratiques, au Congo en passant par le Cameroun, deux pays moins cotés en la matière, les images véhiculées à l’occasion de certaines élections locales ont souvent été celles de scrutins qui peinaient à trouver des électeurs. Par manque d’affluence, des assesseurs n'ont-ils pas été surpris en train de se tourner les pouces, s’ils ne dormaient pas ?  Et si ce genre d’élections n'ont pas souvent drainé grand monde, les acteurs politiques en connaissent bel et bien les principales causes.

Démagogie, politique politicienne sur fond de fraudes, d’achats de consciences, de retournements de veste, etc., ce sont autant de pratiques qui ont fortement contribué à dégrader l’image de l'homme politique, et à installer un climat de méfiance entre lui et et les populations. Se rend t-il vraiment compte que par ces pratiques, il crée des monstres capables de se retourner contre lui ? Comme le peu d'intérêt que les citoyens manifestent pour le vote. Assurément, il y a lieu de rectifier le tir pour ne pas arriver à un stade de rareté des électeurs. Quelle légitimité peut-on se prévaloir si les électeurs se font rares ? A un tel rythme, il faudra sans doute penser à fixer un seuil en dessous duquel toute élection ne sera pas validée. Cela ferait taire les vieilles querelles liées aux légitimités contestées des élections sur le continent.

Au-delà des rapports actuels entre politiques et électeurs, c’est la relation entre l’Exécutif et le législatif qui pose parfois problème et qui pourrait aussi expliquer cette désaffection pour la politique. En effet, plutôt que certains parlements africains jouent véritablement leur rôle de contrôle de l’action gouvernementale, ils semblent se muer en véritables chambres d’enregistrement du pouvoir, l’opposition n’ayant pas la marge de manoeuvre suffisante pour se faire entendre. Toutes choses qui donnent une certaine impression d’immobilisme. Et puis, le fait que les propositions de loi soient, pour certains Etats, soumises à l’Exécutif, que les gouvernants fixent pratiquement les calendriers des activités parlementaires, illustrent bien la dépendance que ces institutions entretiennent vis-à-vis des pouvoirs africains. Et tout cela n'est pas fait pour séduire les électeurs.

Le Pays du 24 juillet 2007



24/07/2007
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