Emeutes à la SN-SOSUCO : En attendant des sanctions
Emeutes à la SN-SOSUCO
Situer les responsabilités et appliquer les sanctions en vigueur
Trois jours après l’émeute des coupeurs de canne qui réclamaient leur paie, le calme n’était qu'apparent à la SOSUCO. Il y avait toujours dans le périmètre sucrier des échauffements malgré la paie des temporaires. La gendarmerie a investi les lieux afin d’assurer la quiétude des travailleurs. Nous avons rencontré la directrice des ressources humaines de la maison, Mme Sally Gnanou, qui dit que l’entreprise sévira après avoir situé les responsabilités de l’émeute.
Pouvez-vous nous dire les raisons qui ont amené les coupeurs à manifester le lundi 19 mars 2007 ?
A mon sens, il n’y avait pas de raison objective. Cette paie était prévue, et nous avons un planning que nous respectons. A la SOSUCO, nous avons trois types de paies : la paie villageoise qui a lieu tous les 2 et 17 de mois, la paie temporaire les 2 et 20 de chaque mois, et celle permanente qui se fait toutes les fins de mois. Nous avons donc été surpris de voir les coupeurs manifester, car il n’y avait aucune raison de le faire.
Mais ils devaient être payés le 17 et ils ont attendu jusqu’au 19 sans assurance d’être payés ce jour.
Le 17 mars est tombé sur un samedi, donc un jour non ouvrable, tout comme le lendemain dimanche. Nous avons donné l’explication aux coupeurs de canne, et les délégués de la coupe, qui sont les intermédiaires entre eux et la direction, ont été mis à contribution pour informer les coupeurs que leur paie ne sera effectuée que le lundi 19, vu que les 17 et 18 n’étaient pas des jours ouvrables. Et le 18 dans la matinée, le directeur du complexe, accompagné de celui de la mécanisation et du chef de service main d’œuvre, a rendu visite aux coupeurs dans les champs. Au cours de cette visite de routine, ils ont dit aux coupeurs de canne qu’ils n’allaient être payés que le lundi 19. Et cela s’est passé sans aucun problème, d’où notre surprise de voir tous ces dégâts.
Au regard de l’importance du travail que les coupeurs de canne abattent, n’était-il pas possible de mettre les bouchées doubles pour les payer avant le 17, vu que cette date tombait sur un samedi ?
Il y a tout un ensemble de préalables à poser avant la paie. Les coupeurs sont payés à la tâche. Il faut qu’ils finissent leurs tâches, qu’on les évalue afin d’effectuer les calculs qui nous permettront de les payer. Ces travailleurs commencent le 1er et terminent le 15. Les deux jours sont mis à profit pour les calculs. Vous voyez donc qu’il était pratiquement impossible de les payer avant le 17 mars.
A combien estimez-vous les dégâts causés ?
Je ne vais pas m’aventurer sur ce terrain. Nous avons fait appel à la gendarmerie et à un huissier pour le constat. Nous avons aussi saisi notre assureur qui viendra certainement avec une expertise pour faire l’état des lieux. Mais les dégâts sont énormes et les frais de réparations se chiffrent à des coups de millions.
Avez-vous situé des responsabilités ?
La société a déposé une plainte au niveau de la gendarmerie, et une enquête est ouverte. Mais, quand nous analysons la situation en tant que profane, nous disons qu’il n’y avait aucune raison objective de manifester. Nous pensons tout de suite à un sabotage.
La société va-t-elle sévir si des responsabilités sont situées?
Ce qui est sûr, s’il y a des coupables, les sanctions seront à la hauteur de la faute commise.
Nous sommes à trois jours après les émeutes. Peut-on dire que la tempête est passée ?
C’est un calme apparent, dans la mesure où dès le lendemain de l’opération, c’est-à-dire le mardi 20 mars, il y a eu de petits mouvements au niveau des arrêts de cars qui ont vite été circonscrits par les forces de l’ordre. Des manifestants qui sont des coupeurs de canne ont encore empêché les coupeurs du jour de se rendre à leur lieu de travail. Même au moment où je vous parle, il y a encore des manifestations, et c’est la gendarmerie et la police qui assurent le maintien de l’ordre. C’est pour vous dire que le nœud du problème n’est pas le retard de la paie, puisqu’il y a eu même des pillages au magasin de l’irrigation.
Quel est donc le vrai problème ?
C’est le système de paie que nous avons mis en place il y a bientôt un an qui pose problème. Ce système, contrairement à l’ancien, nous permet de contrôler la paie. Avant, la paie se faisait dans les champs par des agents qui prenaient sur eux la responsabilité de recruter les coupeurs et qui nous imposaient en quelque sorte la masse salariale de ces coupeurs. Il y avait en ce moment trop de plaintes. Pour mieux contrôler la paie, nous l’avons amenée au sein de la société, et cela suscite une grogne.
Vous voulez donc dire que les émeutiers ont été manipulés ?
Nous le pensons sincèrement.
Propos recueillis par
Mamoudou Traoré
Source, Le Pays du 23 mars 2007
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