Escroquerie : Comment la bande du pasteur Sawadogo opère !
Escroquerie dans le domaine de l’or
Comment la bande du pasteur Sawadogo opère !
Depuis que le pasteur Sawadogo a fait la connaissance de Marc Sébane, les deux hommes sont restés en contact grâce à Internet. Dans un des couriels qu’il a envoyé à M. Sébane il écrit ceci : « Je suis président d’une coopérative d’orpaillage et à cet égard, je peux vous faire faire une bonne affaire. J’ai actuellement 350 kg d’or que je peux vous vendre à 7000 Euros le kilogramme (4.550.000Fcfa) donc 4550F le gramme. » Une très bonne affaire quand on connaît le prix du gramme d’or non purifié sur le marché à l’heure actuelle. Dans les conversations téléphoniques, le pasteur précise que c’est M. Sébane, compte tenu du prix qui est proposé, qui doit prendre en charge les droits d’exportation qui se chiffrent à 25 millions de Fcfa. Marc possède une société à Genève spécialisée dans ce genre de négoce. En septembre 2006, il prend l’avion pour le Burkina muni de tous les papiers en règle. Mais avant d’arriver, il fait une escale à Paris pour informer des amis et appelle le pasteur. Ce dernier l’informe qu’il sera absent du Burkina pour une mission d’évangélisation, mais que les membres de la coopérative sont parfaitement informés de son arrivée et qu’il sera accueilli dès l’aéroport par un certain Désiré Ouédraogo.
La rencontre avec les deux escrocs
Effectivement le dispositif d’accueil était en place. A l’aéroport, il trouve Désiré Ouédraogo accompagné d’un certain Ahmed Zoungrana qui lui, voulait rencontrer M. Sébane parce que très intéressé dans l’importation d’engins lourds. Ahmed Zoungrana est un fervent pratiquant de sa religion (l’islam). Il se balade avec son tapis de prière dans sa voiture et n’écoute que des cassettes de Coran. Pour M. Sébane, il n’y a aucun doute, il a affaire à des gens sérieux et donc pour lui, il est dans de bonnes mains. M. Zoungrana est à bord d’une grosse Jeep dans laquelle s’installent MM Sébane et Ouédraogo - Directeur Lybia Hôtel de Ouaga 2000. De là, ils se rendent chez le soi-disant « chef de tribu. » Arrivés, ils trouvent un dispositif d’hommes certainement mis en scène pour l’attendre. On lui présente la marchandise devant le beau monde. De l’or en pépite dans une caisse. On lui précise qu’il a le loisir d’effectuer tous les tests possibles qu’il juge nécessaires pour s’assurer que le produit est bon. C’est ce qu’il fit et tous les tests étaient concluants. Partout où il passait, on lui délivrait des papiers en bonne et due forme. L’exportation devait se faire par lot de 50 kg et pour les formalités douanières il fallait débloquer 40.000 Euros puisqu’on lui a fait comprendre sur place que les frais de douanes avaient changé. Au lieu de 25 millions, il fallait maintenant un peu plus. Du coup comme il n’avait pas prévu d’emmener beaucoup d’argent, il lui manquait une somme de 8.000 Euros. Il demande à des amis en France et obtient 6.000 Euros. Il lui reste maintenant 2000 Euros qu’il devait recevoir le lendemain pour solder le compte. Au moment de verser le reste de l’argent, la bande change d’avis. Elle dit ne plus avoir la confiance de M. Sébane parce qu’il a trop peiné pour trouver 2000 Euros ; il n’est donc pas l’homme qu’il faut pour une telle transaction, elle ne peut donc pas prendre le risque de lui remettre 50 kg d’or puisqu’il devait retourner en Europe avec la marchandise pour les derniers tests.
100.000 Euros supplémentaires
Pour que la transaction puisse se poursuivre dans la confiance, M. Sébane devait verser la somme de 100.000 Euros supplémentaires. Après une semaine passée au Burkina, il retourne en France à la recherche des 100.000 Euros. Mais avant de partir, il ouvre un compte à la BIB sous le couvert de Ahmed Zoungrana pour faciliter les virements. En France il entre en contact avec un ami de longue date, M. Jean Pierre Cohen qui accepte de lui préter l’argent nécessaire. Ils font un virement de 105.000 Euros à partir d’une banque suisse. Ensuite les deux amis prennent l’avion pour le Burkina, histoire de suivre de près cette affaire. C’était en octobre 2006. sur place, ils ont quelques difficultés pour entrer en possession de l’argent qui avait pourtant été viré à la BIB avant leur départ. A chaque fois qu’ils allaient se renseigner à la banque, on leur faisait comprendre que le virement n’était pas encore arrivé. Il a fallu attendre vendredi, le dernier jour ouvrable de la semaine pour qu’ils puissent avoir de bonnes nouvelles de leur argent. Le matin du vendredi ils n’avaient toujours pas de traces de leur argent ; ce n’est que dans l’après-midi quand Ahmed et Désiré se sont présenté à la banque que l’argent était enfin disponible. Mais la banque n’avait pas assez de liquidités et n’a pu payer que 61 millions ce jour-là. Le reste, c’est- à-dire 7.250.000F devait être disponible le lendemain.
Point de Kaboré à l’aéroport
Les 61 millions sont mis dans un sac et transportés par Désiré Ouédraogo. De la banque, ils sont allés à l’agence Air France pour la confirmation des vols prévus pour le lendemain. Pendant qu’ils faisaient les formalités, Désiré Ouédraogo disparaît avec la somme. Renseignements pris chez Ahmed, il semble qu’il serait allé remettre l’argent au « chef de tribu. » Par mesure de précaution Marc et son ami exigent que la marchandise soit accompagnée d’une lettre de transport aérien (LTA) délivrée par Air France. Ahmed disparaît pour réapparaître avec une lettre de transport aérien avec toutes les signatures compétentes. Marc et son ami Jean Pierre pouvaient retourner en France sans crainte. Ils devaient du reste partir avec un certain Kaboré qui devait assister aux dernières expertises de l’or sur place et surtout ramener le reste de l’argent. Mais à l’aéroport, le lendemain samedi, il n’y avait point de Kaboré dans l’avion. Marc et Jean Pierre embarquent pour Paris avec au moins l’assurance que l’or était également dans le même vol. Le lundi, Marc était pris pour des cérémonies religieuses à Paris et c’est Jean Pierre qui est allé à l’aéroport pour se renseigner sur le colis qui devait arriver du Burkina. Il reçoit une réponse laconique de la douane : « l’or de Ouagadougou on en a toujours entendu parler mais on n’a jamais rien vu. » Jean Pierre Cohen ne croit pas ses oreilles.
Toutes les lignes téléphoniques ne répondent plus
Il tente de joindre ses amis à Ouagadougou. Aucune ligne téléphonique ne fonctionne. Il va rendre compte à Marc qui tente sur une ligne du pasteur Daniel Sawadogo et arrive à le joindre. Il menace de contacter les financiers internationaux pour des sanctions à l’encontre du Burkina. Le pasteur panique et lâche un numéro de téléphone d’Ahmed. Ce dernier dit qu’il n’y est pour rien et qu’en fait le nommé Kaboré est plutôt allé à Bruxelles avec la caisse d’or où il connaît une fonderie qui fait bien le travail. Malheureusement comme les documents de la marchandise ne sont pas en son nom, il ne peut pas la sortir et attend des faux documents pour pouvoir entrer en possession de l’or. Les deux hommes se rendent à Bruxelles, passent une semaine sans voir ni Kaboré ni la caisse de pépite d’or. A partir de cet instant, ils sont convaincus d’avoir été arnaqués. Le pasteur qui sentait venir les choses disparaît de Ouagadougou. Il se retranche dans son ranch à Kantchiari puis carément au Niger. Il sera néanmoins cueilli par les forces de l’ordre. Il aurait passé quelques jours à la gendarmerie avant de rejoindre la MACO. Mais de la prison, on ne sait pas exactement où il est rentré. Désiré Ouédraogo et Ahmed Zoungrana eux se sont évaporés dans la nature. D’après les informations en notre possession, c’est Désiré qui aurait réparti la somme entre toutes les personnes qui devaient être dans le « deal ». Et bien sûr il a pris le soin de mouiller toute la chaîne. Donc ils ne peuvent pas avoir de pro-blèmes au Burkina. Tant que ceux qui sont au pouvoir seront là, ils sont tranquilles dans l’impunité. Ils sont même prêts à dépouiller d’autres personnes s’ils ne l’ont pas déjà fait entre temps. Aux dernières nouvelles, une église allemande se serait engagée à éponger 40 millions de la somme escroquée et l’argent aurait même déjà été viré depuis le 20 janvier 2007 dans une banque de la place. Mais M. Jean Pierre Cohen a séjourné au Burkina dans la dernière semaine du mois de janvier 2007. Il était à son quatrième séjour depuis octobre 2006. Il n’a pu voir ni le pasteur à la MACO, ni retrouver même une partie de son argent. Même pas les 40 millions qui seraient arrivés d’Allemagne. Le conseil des deux Européens arnaqués, Me Ambroise Farama ne comprend rien dans le dossier. Lui-même n’a jamais vu le pasteur à la MACO.
Michel Zoungrana
Indépendant du 13 mars 2007
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