Et si les rebelles ne voulaient pas perdre leur "caverne d'Ali Baba" !
Libres propos
Attentat contre l'avion de Guillaume Soro
Et si les rebelles ne voulaient pas perdre leur "caverne d'Ali Baba" !
Trois pistes sont à explorer dans l'attentat contre le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro : celles du pouvoir, de l'opposition civile et des Forces nouvelles, selon l'auteur de ces lignes, étudiant à l'Université de Ouagadougou. Il s'en explique à travers une analyse de la situation.
Le leader charismatique des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro, a échappé à la mort lors de l'attentat perpétré contre son avion le vendredi 29/06/2007 dernier sur l'aéroport de Bouaké. En attendant que les responsabilités de tout un chacun soient situées, nous retiendrons la mort de quatre personnes et une dizaine de blessés, tous se trouvant dans le même avion que le Premier ministre ivoirien. On peut se poser la question suivante : à qui profiterait le crime ?
Pour répondre à cette question, nous devons explorer trois principales pistes que sont : la piste du pouvoir, la piste de l'opposition civile et enfin celle des rebelles eux-mêmes.
"Gbagbo piégé par sa propre initiative ?"
Du côté du pouvoir : le président Gbagbo, initiateur de ce dialogue direct de Ouagadougou avec Guillaume Soro, qui a abouti le 04/03/07 dernier à la signature d'un accord politique pour le retour de la paix en Côte d'Ivoire, ne se sentirait-il pas menacé par ce même accord ?
L'homme fort d'Abidjan pourrait se rendre compte que ce processus en cours lui réserverait une issue fatale. Se voyant ainsi donc piégé dans sa propre initiative, le seul moyen pour Laurent Gbagbo de sauver son fauteuil, serait de bloquer la marche normale du processus de paix. Cela peut pousser Gbagbo à commettre l'irréparable, c'est-à-dire assassiner son Premier ministre qu'est Guillaume Soro.
Du côté de l'opposition civile : officiellement, les vieux mentors comme Henry Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara (ADO) se sont ralliés à ce nouveau processus de paix en Côte d'Ivoire. Mais en même temps, ils se sentent marginalisés depuis que le président Gbagbo a choisi de privilégier Guillaume Soro dans la résolution de la crise, sous prétexte qu'il est à la tête d'un mouvement armé qui combat son régime ; il fait fausse route selon certains observateurs de la vie politique ivoirienne. Minimiser Bédié et Ouattara serait une très grave erreur, du moment que la source du mal que vivent les Ivoiriens est politique avant de devenir quoi que ce soit. Ainsi donc, pour retrouver leur hégémonie sur la scène politique, cette même opposition civile peut vouloir la peau du jeune Soro.
Un tel acte obligeait donc Laurent Gbagbo à composer avec elle. Même si au lendemain de l'attentat, une délégation du RDR a été reçue par le Premier ministre Soro, rien ne prouve que le "père" ADO porte toujours dans son cœur le "fils rebelle" Guillaume Soro.
Quant au PDCI/RDA, considéré comme l'une des bêtes noires de la rébellion, voir le patron des Forces nouvelles à la tête de la primature compromettrait très sérieusement le retour au pouvoir de son président.
La disparition de Soro pourrait être un espoir pour le PDCI
Par conséquent, la disparition du Premier ministre pourrait apporter une lueur d'espoir à l'ex-parti unique en Côte d'Ivoire.
Et enfin du côté des Forces nouvelles : c'est là que le grand flou réside. L'attentat contre l'avion de Guillaume Soro pourrait être téléguidé par l'un des deux groupes, à savoir : le groupe des rebelles qui se sentiraient trahis par Soro et celui des rebelles qui sentiraient aussi que la fin de leur "gloire" est si proche avec ce nouveau processus de paix signé à Ouagadougou.
Pour les premiers, l'attitude de leur patron depuis un certain temps ne semble plus leur convenir. Pour eux, ce qui compte maintenant pour Guillaume Soro, c'est son propre intérêt et non celui de l'ensemble des rebelles. Ils pensent que Guillaume Soro n'agit plus que pour son salut individuel. Leur patron les a laissés en pleine bataille. Certains rebelles n'hésitent même pas à dire que Guillaume Soro veut "vendre" la rébellion moins cher à Gbagbo. Et tuer le Premier ministre de Gbagbo leur permettrait d'éviter le pire dans leur milieu.
Pour le second groupe, il n'est pas question de mettre fin à cette guerre qui est devenue, depuis un certain temps, la caverne d'Ali Baba pour eux et leurs acolytes. Ce sont ces rebelles qui sont qualifiés d'ennemis de la paix. Habitués à l'enrichissement illicite, ces individus craignent le retour de la paix dans leurs zones, qui pourrait leur faire perdre toute hégémonie.
Je ne saurai terminer sans encourager la médiation burkinabè et appeler les acteurs politiques ivoiriens à se faire confiance ; seules la bonne foi et la confiance dans l'unité pourront faire triompher la paix chez vous.
Adama de R. Ouédraogo
Etudiant à l'Université de Ouaga
L’Observateur Paalga du 9 juillet 2007
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