Fausse alerte à Koudougou (Une Lettre pour Laye )
Une Lettre pour Laye
Fausse alerte à Koudougou
Cher Wambi,
Comme tu le sais, il n’y a pas que la vie chère qui fait des dégâts au Pays des hommes intègres. En effet, la méningite aussi ne cesse de faire parler d’elle et même d’une manière tonitruante : ainsi, il m’est revenu que du 5 au 6 mars 2008, soit en une seule journée, le CSPS de Bagassi, situé à 45 km de Boromo, aurait déploré 4 décès par suite de méningite tandis qu’hier de nouveaux suspectés d’en être atteints, notamment 9 élèves de l’école Yaramoko, auraient été transportés d’urgence dans ladite formation sanitaire. C’est l’émoi au sein de la population, qui estimerait le nombre de décès provoqué par l’épidémie à 50 en l’espace de deux semaines.
C’est donc une situation déplorable, surtout que j’ai également appris du ministre de la Santé, Alain Yoda, qui a donné un point de presse sur l’épidémie et dont l’Observateur s’en est d’ailleurs fait écho dans sa livraison du jeudi 6 mars 2008, que Bagassi fait partie du District de Boromo, qui, à l’image de quatre autres du pays, ont atteint le seuil épidemique de 10 cas pour 100 000 habitants en une semaine. De la semaine 1 à la semaine 8 de l’année 2008, ai-je bien entendu ? 2513 cas suspects de méningite cérébro-spinale ont été notifiés dont 308 décès.
Et la nouvelle ces derniers jours n’est guère rassurante, puisque 3181 autres cas auraient été enregistrés en deux jours (1er au 2 mars 2008) au Faso. Avec l’appui de nombreux donateurs et d’amis du Burkina, qui auraient permis de réunir environ 3 milliards de FCFA, il va falloir voler au plus vite au secours de ces braves populations, qui n’attendent que le vaccin A + C.
Revenons plus près de nous, cher Wambi, pour dire que le Groupe parlementaire CDP a tenu les 03 et 04 mars ses premières journées dans la capitale du Boulkiemdé. Ainsi que tu as dû certainement l’apprendre, la majorité parlementaire en cette occasion a choisi de plancher sur : "Comment utiliser les procédures d’information pour un meilleur contrôle de l’action gouvernementale ?". Un thème plus que d’actualité, car s’invitant aux lendemains des émeutes consécutives aux manifestations contre la flambée des prix des produits de première nécessité ; contre la vie chère en un mot.
Mais l’événement, si je puis le qualifier ainsi, cher cousin, aura été la débandade des députés le 04 mars. Que s’est-il donc passé dans la vieille ville ? D’après des sources autorisées, tout serait parti d’une rumeur selon laquelle le Tout-Koudougou sortirait pour une marche de protestation contre la vie chère ce jour-là.
Ignorant à quelle sauce ils seraient mangés si jamais ils rencontraient les manifestants, nombreux furent les députés qui ont détalé à vive allure pour se terrer à Ouaga. Seulement quelque cinq élus, parmi lesquels le président du Groupe parlementaire, Mahama Sawadogo, sont restés stoïques.
C’est bien vrai que l’homme intelligent fuit devant le danger réel, mais ne sont-ce pas les mêmes qui savent jouer aux braves en temps de paix, entonnant même leur refrain favori : Il n’y a pas ce chien à Ouaga ? Hélas, cher cousin, avant de s’être assuré qu’il ne s’agissait que d’une fausse alerte, l’un d’eux avait déjà réussi la prouesse d’oublier son chauffeur dans sa fuite.
Il y a lieu de se demander quelle attitude il a pu avoir devant ce dernier à son retour à Koudougou pour la clôture des travaux. Comme quoi, cher cousin, il faut que ça chauffe pour qu’on sache qui est qui réellement dans ce Faso-là. Quand même !
Depuis le début de la semaine, le communiqué est quotidiennement repris par les journaux de la place, invitant tous les bénéficiaires des opérations d’équipements agricoles lancées entre 1996 et 1998 par le gouvernement pour soutenir la production, et qui leur ont permis d’acquérir des tracteurs, motopompes, multiculteurs, moulins ou divers matériels, non à jour des paiements, à s’acquitter de leurs engagements avant le 07 mars 2008 auprès de la Recette des créances diverses de la Direction des affaires contentieuses et du recouvrement (DACR).
Passé ce délai, poursuit ce fameux communiqué du Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, des poursuites appropriées seront engagées à leur encontre sur toute l’étendue du territoire national, conformément aux textes en vigueur. D’abord, cher cousin, je voudrais m’assurer qu’au village, ni toi ni Tampiiga, n’êtes concernés par cette mise en demeure, puisque n’ayant jamais vu trace de moulins, de tracteurs, encore moins de multiculteurs étatiques dans notre Laye, pourtant à 100% paysan.
Cela dit, je comprends le souci de Moumounou Gnankanbary de renflouer au plus vite les caisses du Trésor, mais je me pose encore des questions sur la pertinence d’un tel communiqué. Si l’on sait qui en a été le pourvoyeur et qui en a été bénéficiaire, il ne devrait plus rester qu’à sévir.
Et si les archives de l’Etat sont parties en fumée, intéressons-nous alors à ces milliers d’hectares d’exploitations agricoles improvisées qui abritent des carcasses de matériel aratoire à Koubri dans le Kadiogo même ; Sapouy dans le Ziro ; Léo dans la Sissili, et peut-être aussi dans la vallée du Sourou.
Une chose est certaine, cher cousin, on ne devient pas agro business man par hasard. En tous les cas, le Trésor public attend son pognon ; mais le directeur général réussira-t-il l’exploit de faire rendre gorge aux nababs de la République ?
Cher Wambi, tu te rappelles que lors d’un récent Conseil des ministres, des Conseils municipaux ont été dissous dans quatre communes rurales, à savoir Gounghin dans le Kourittenga, Yondé dans le Koulpélogo, Bané dans le Boulgou et Nasséré dans le Bam. Le problème qui se pose maintenant est de savoir quand les nouvelles élections seront organisées pour combler le vide.
Si l’on doit tenir compte des délais légaux, ce devrait être normalement le 18 mai prochain. Ce qui implique que la date de dépôt des candidatures soit fixée au 12 mars. Serait-ce possible vu qu’en ma connaissance rien d’officiel n’est encore entrepris dans le sens de l’information de tous ceux-là que la question concerne ? Wait and see, comme on dit !
Dans mes précédentes lettres, cher Wambi, je revenais sur le dossier à rebondissements de TELECEL FASO. Un procès en chassant un autre, le Tribunal de grande instance de Ouagadougou a, en son audience du 27 février 2008, rendu un jugement qui rétablit PLANOR AFRIQUE, de l’opérateur économique Appolinaire Compaoré, dans ses droits.
Ainsi, la justice a annulé les délibérations des Assemblées générales extraordinaires et ordinaires du 27 janvier 2006 ; annulé la distribution des dividendes ; rétabli le capital social de la société TELECEL FASO à l’état antérieur au 27 janvier 2006... et condamné à payer à PLANOR AFRIQUE 25 000 000 de F CFA à titre de dommages et intérêts.
Avec cet autre procès, l’on s’avance lentement mais sûrement vers la fin de ce dossier, qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Espérons simplement que la justice saura dire le droit jusqu’au bout.
Cher cousin, j’ai reçu de mon ami Nacro Aboubacar Mahamane, ingénieur agronome à la retraite, un petit écrit dans lequel il me fait remarquer que cette année la date du 8 mars tombe avec l’équinoxe de printemps. C’est-à-dire, le jour où il y a égalité parfaite entre le jour et la nuit (12h/12h). Je te le propose ci-après, sûr que son exégèse ne te laissera pas indifférent :
"La RTB innove dans ses informations météo : "C’est bon, c’est très bon, mais ce n’est pas arrivé", selon une expression de chez nous. Les informations des heures du lever et du coucher du soleil varient de quelque(s) minute(s) d’un jour à l’autre. On constate, soit que le jour s’allonge, soit qu’il se rétrécit, soit qu’il a la même durée que la nuit. La RTB peut de ce fait nous informer :
du jour le plus long de l’année ;
de la nuit la plus longue de l’année ;
du ou des jours où la nuit et le jour ont la même durée : 12 heures et 12 heures.
Les données visibles sur Islamic Finder (www.islamicfinder.org.prayer times sche dule, puis Ouagadougou), qui ne diffèrent pas des heures de la Météo nationale, indiquent le 8 et le 9 mars 2008 comme étant les jours où la durée du jour est égale à la durée de la nuit (12h - 12h), une égalité parfaite.
8 mars, journée internationale de la femme ;
8 mars, journée où l’équinoxe de printemps s’observe au Burkina Faso, jour d’égalité jour/nuit ;
8 mars, jour où plus exactement il y a égalité femme/homme.
Par ailleurs, sous certains cieux, le jour le plus long de l’année donne lieu à des manifestations d’artistes, toute la nuit, et la nuit la plus longue de l’année, au silence des amoureux. Si la St-Valentin, naguère inconnue au Burkina, a trouvé un terrain fertile au pays des "intègres", je pense que ces événements ne trouveront pas un terrain tourbeux quant à la leur germination.
Que dire des courbes d’isotherme quand la météo nous donne les températures ou d’isohyète en ce qui concerne les hauteurs d’eau ? Peut-être que les journaux (quotidiens) sont les mieux indiqués pour le faire". a.m.n
Cher cousin, ce serait t’insulter que te dire que notre pays vit, depuis quelques jours, une crise sociale liée aux conditions de vie de la majorité des populations. C’est ainsi que des manifestations ont ébranlé des villes comme Bobo-Dioulasso, Banfora, Ouahigouya, Ouagadougou. Des rencontres ont été entreprises par le gouvernement avec les différentes composantes de la nation pour tenter un tant soit peu de désamorcer la bombe.
Et il n’est pas le seul à y chercher des solutions. En effet, dans ce cadre, une rencontre d’envergure est prévue ce dimanche au CBC, à partir de 9 heures. Elle a pour initiatrice l’Association des femmes pour la lutte contre la pauvreté et l’impunité (AFLPI), accompagnée en cela par des intellectuels de tous bords, des artistes, des associations de jeunes, de chefs coutumiers et nous en oublions.
Au nombre des manifestations prévues, deux communications, relatives à "La nécessaire refondation de la gouvernance nationale" (présentée par Laurent Michel Dabiré et Yacouba Ouédraogo) et "La relecture de notre justice", qui sera traitée par un du milieu, bien connu, René Bassolé Bagoro. Je te précise que l’entrée est libre.
Et maintenant que je m’en vais t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, je voudrais t’inviter à partager la joie du personnel de notre auguste assemblée, aux lendemains de l’ouverture de la première session parlementaire de l’année 2008. M’Bâ Pîiga, pour ne point nommer Roch Marc Christian Kaboré, le président de l’Assemblée nationale, aurait une fois de plus innové en habillant sa cour.
Tu as certainement pu le remarquer à l’ouverture solennelle de la session quand, par dizaines, voir par centaines, élus nationaux et personnel administratif décalaient en uniforme. Il paraît que le locataire de la bâtisse blanche sur l’avenue de l’Indépendance a fait don à ses collaborateurs, proches ou lointains, qui de trois qui de six pagnes à cet effet. N’est-ce pas le vieux sage qui aimait nous répéter que si la termitière vit, qu’elle ajoute de la terre à la terre ?
Depuis le début de la semaine, le président du Faso, Blaise Compaoré of course, est en visite privée en France. Au-delà de la consultation ophtalmologique, auparavant programmée pour le 11 mars, l’enfant terrible de Ziniaré sera reçu aujourd’hui même en audience, à 17h00 TU, par son homologue français, Nicolas Sarkozy.
Sans doute qu’au cours de leur tête-à-tête, il sera aussi question de l’Accord interivoirien de Ouagadougou, dont c’est le premier anniversaire.
Journées continues du 10 au 14 mars ; ainsi en ont décidé les ministres en charge de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat ; ainsi que du Travail et de la Sécurité sociale. En atteste le communiqué conjoint ci-après :
"A l’occasion de la tenue de la foire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et afin de permettre aux populations de participer massivement aux manifestations prévues à cet effet, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat et le ministre du Travail et de la Sécurité sociale ont le plaisir de porter à la connaissance des travailleurs et des employeurs des secteurs public et privé que les journées de travail sont déclarées continues de 7 heures à 14 heures dans la commune de Ouagadougou pour la période allant du 10 au 14 mars 2008.
Ils rappellent aux employeurs et aux travailleurs qu’ils devront s’organiser pour assurer le travail dans les services ou dans les usines à activités continues.".
Pour le ministre et P/D
Le Secrétaire général
Léontine Marie Florence Zombré
Chevalier de l’Ordre national
Pour le ministre et P/D
Le Secrétaire général
Youssouf Ouattara
Chevalier de l’Ordre national
Ce vendredi 07 mars, autorités burkinabè et béninoises se retrouveront sous l’arbre à palabres à Koualou dans la Kompienga. On se rappelle, en effet, que ce village est l’objet de vives tensions entre populations frontalières des deux pays voisins, qui le revendiquent. Maintenant que le politique a mis le pied dans la danse, il est à souhaiter le règlement judicieux du litige afin qu’y règnent la confiance, l’harmonie entre Béninois et Burkinabè.
L’école primaire de Tiébélé dans le Nahouri soufflera bientôt ses cinquante bougies. Un événement qui fera certainement date dans l’histoire. Ce pourquoi le Comité d’organisation mis en place s’attelle à sa réussite, en frappant aux portes de toutes les bonnes volontés. Quand on sait que l’éducation est la première condition du développement humain durable, nul doute que des quatre coins du Faso afflueront par centaines de généreux donateurs pour s’approprier l’événement.
Après la journée internationale, le Burkina Faso commémore cette année la Semaine nationale de la femme (SNF), dont l’apothéose aura lieu ce samedi 8 mars à Tenkodogo, la capitale du Boulgou. La "Vieille Terre" refusera certainement du monde, eu égard à l’engouement qu’a suscité cette commémoration au sein des filles et des fils du Boulgou, et au niveau des autorités politiques et administratives.
Quant à ceux qui ne seront pas au rendez-vous de Tenkodogo, leurs vœux seront exaucés au Boulgou Bar à Ouagadougou ce dimanche 09 mars ; où les Elites du Faso célébreront la femme en différé. Que la fête soit belle ! Alors, pas de souci à se faire.
La tradition a des règles bien établies. Et y déroger entraîne des sanctions à l’encontre de l’auteur de la dérogation. Parmi lesdites règles, l’interdiction faite au chef, par exemple, de ne manger les produits de la saison hivernale écoulée qu’après l’accomplissement de rites, appelé "Naab-kiugu", "Ki-toose" ou "Nabasga" selon les régions.
Ce cérémonial est généralement l’occasion de ripailles et surtout de rencontres entre tous les membres de la grande famille avec leurs parents par alliance ou leurs amis. C’est ce qui se passera ce samedi 8 mars (quelle heureuse coïncidence de fêtes), dans le palais royal de Gounghin, où Naaba Tanga honorera son rendez-vous annuel avec les mânes de ses ancêtres
Si on peut douter de la présence de certains, ce n’est pas en tout cas de celle des cousins des originaires de ce quartier, qui déferleront de Tensobntenga. Bonne fête, chef, et que vos ancêtres vous offrent de la célébrer encore des ans !
Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."
Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé
L'Observateur Paalga du 7 mars 2008
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