Football : "Si la FBF est essoufflée, qu'elle démissionne"
Limogeage de Saboteur
"Si la FBF est essoufflée, qu'elle démissionne"
La rupture du contrat entre le sélectionneur des Etalons, Drissa Traoré Saboteur, et la Fédération burkinabè n'est pas du goût de tout le monde.
Au-delà de cette décision que l'auteur de cet article juge être un acharnement sur saboteur, c'est le problème de la gestion de notre football qui se pose.
L'on savait le climat délétère entre la Fédération burkinabè de football (FBF) et son premier technicien des Etalons seniors, en l'occurrence, Drissa Malo Traoré dit Saboteur. L'on pensait également que le bon sens prendrait le pas sur certaines élucubrations pour le bonheur du football national. Hélas ! Les derniers développements de la crise ont été fatals.
Le contrat qui liait les deux parties et qui couvrait la période du 1er juillet 2006 à septembre 2007 est rompu le 20/04/2007.
Je ne doute pas un seul instant que mes propos ne rencontreront pas l'adhésion de tous, mais je demeure convaincu que beaucoup les partageront avec moi. C'est l'expression d'un fan du foot touché au plus profond de son être par cette manière cavalière de gérer le football national.
Le premier responsable du département des sports, Jean Pierre Palm (JPP), avec tout le respect que je lui dois pour la révolution qu'il veut apporter dans le sport national, a lui-même enfoncé le clou au cours de ses rencontres avec la presse en proférant des propos inconvenants du genre : «...Ce
n'est pas lui qui a inventé le football et il ne peut pas faire ce qu'il veut avec notre équipe nationale : et s'il ne peut s'assumer, qu'il démissionne, ou bien c'est nous qui le limogerons». «...Désormais les choses vont se passer comme moi je le veux. J'ai l'onction du Premier Ministre et du chef de l'Etat pour mettre de l'ordre dans tout ce qui est sport au Faso...» In l'Observateur paalga du 12 avril 2007, page 28.
Le président de la Fédé, Seydou Diakité, quant à lui martèlera que s'il recrute quelqu'un et que celui-ci dit avoir été imposé, il le démissionne.
Qu'est-ce que Saboteur a-t-il fait d'aussi grave pour mériter de tels propos de la part du premier responsable des sports ?
Nous le savons attaché à la rigueur qu'il impose aux joueurs. Est-ce cela le Péché d'Israël ? A-t-on déjà vu un domaine de l'activité humaine réussir sans un minimum de rigueur dans la discipline, surtout dans les sports collectifs? Vous n'allez quand même pas le diaboliser après la mésaventure en Afrique du Sud en 1996! Avant d'être à nouveau recruté par la Fédération, je suppose qu'il y a eu des préalables. Où sont -ils passés ?
Préservons notre dignité
Nous avons encore souvenance que JPP a fustigé la Fédé par rapport aux recettes de matchs, etc. A-t-il tapé aussi fort sur la table ? Pourquoi alors un tel acharnement sur Saboteur ? Ou peut-on conclure à un faux-fuyant ? Combien de fois voulez-vous lui rappeler que l'équipe nationale n'est pas sa "propriété
personnelle "?
Quand on a essayé difficilement de colmater les brèches, il faut savoir peser ses mots. Même quand on dit avoir "l'onction" du Premier ministre et du chef de l'Etat.
Quelle réaction voulez-vous qu'il eût après un tel acharnement ? Il a une dignité à préserver tout de même. Tout porte à croire que les premiers responsables du foot national ont voulu pousser à dessein Saboteur à la démission. Et comme cela tardait à venir, car ce dernier était convaincu que tout n'était pas perdu, ils ont fini par le "démissionner" au gré de leurs humeurs. Faut-il rappeler que le football n 'est pas l'apanage du ministre des sports, encore moins celui du président de la Fédé ? On fait ce que le peuple veut que son football soit et non ce que le ministre veut qu'il soit.
La raison selon laquelle l'interview de Saboteur, réalisée sur la radio Ouaga FM, a brisé la confiance entre les deux parties n'est qu'un alibi. Il faut trouver d'autres raisons plus crédibles. Pour un responsable, il ne peut pas se laisser cribler de tels propos et ne pas réagir en temps opportun. C'est une
logique, car jusqu'ici on ne l'a pas entendu parce que tenu par le devoir de discrétion.
Dans son reportage du 20 avril 2007, à la télévision nationale sur cette affaire, Alexis Konkobo se demandait à quand l'arrêt de cette «hémorragie» ?
Pour ma part, je répondrais : lorsque la FBF comprendra qu'il faut éviter de naviguer à vue ; qu'il faut éviter de faire du foot national une "propriété personnelle" ; qu'il faut prendre en compte les avis de toutes les compétences pourvu qu'ils soient constructifs, dans le respect de chacun... et sans zèle.
Combien de fois, il a été mis fin au contrat d'un entraîneur avant terme par la même équipe fédérale ? Pourtant, que ne nous a-t-il pas été dit à l'établissement des contrats? «C'est un entraîneur de qualité qui a fait ses preuves, et patati et patata». Quelque temps après, c'est le "divorce", la fin de
la lune de miel. Et c'est la même rhétorique. Toujours le même scénario, la même eau qui coule.
S'il est vrai que pour certains entraîneurs, l'incapacité était plus ou moins notoire, c'est par contre trop tôt pour déclarer Saboteur incapable. Du reste, ce n'est pas encore le terme évoqué, car il a également fait ses preuves. Au stade actuel des choses, il faudrait parler de contre-performance et cela arrive même aux équipes les mieux "assises" au niveau international.
Saboteur devrait être jugé aux résultats
Comme tout entraîneur, Saboteur doit être jugé aux résultats. Après un faux pas en Tanzanie, il s'est racheté à domicile sur une grosse pointure du football africain, le Sénégal, par une victoire, fût-elle de 1 but à 0 avant de réaliser un nul de 1 but partout à Ouaga contre le Mozambique. Cette contre- performance suffisait-elle pour faire descendre la foudre ? Que dites-vous de la forme du moment des joueurs qu'il avait à sa disposition ? «La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a», dit-on. Qu'a fait la fédération pour motiver les meilleurs professionnels à rallier l'équipe ? A-t-elle laissé faire les joueurs parce qu'on voulait la peau du coach ?
Ne pouvions-nous pas attendre la fin du contrat, c'est-à-dire les éliminatoires en septembre prochain ? L'on me rétorquera que c'est pour sauver ce qui peut encore l'être. Soit. Mais qui peut parier que c'était le naufrage ?
Ce qu'il faut savoir, c'est que Saboteur est mieux placé que quiconque qui viendrait à prendre les destinées de l'équipe, car connaissant déjà non seulement l'écurie, mais aussi les équipes constituant le groupe 7 qui est le nôtre. Il suffirait d'un petit réglage pour espérer changer les choses en notre faveur. Tel ne sera pas forcément le cas pour quelqu'un d'autre même si l'on mettait à sa disposition des cassettes à visionner sur le système de jeux des adversaires, fût-il un lion camerounais. A moins que la FBF ait déjà jeté l'éponge, c'est- à-dire sacrifier la CAN 2008 à mi-course des éliminatoires alors que le rêve est encore permis.
A-t-on pensé un tant soit peu au peuple pour lequel on est élu ou nommé pour faire tourner le sport ? Des inconditionnels en souffrent dans leur chair et dans leurs âmes face aux déconfitures de leur onze national. Et il y a des responsables qui ne pensent qu'à jeter l'anathème sur les autres, prêts à faire démissionner quand on le veut.
A-t-on pensé aux droits à payer à chaque fois qu'on met un terme à un contrat pour des motifs insuffisants à travers des réactions épidermiques pendant que l'on crie sur tous les toits que l'argent fait défaut ? Et c'est un perpétuel recommencement.
A-t-on pensé que si l'on était amené à faire un vote ou un sondage auprès du public sportif que l'unanimité ne serait pas faite sur le limogeage de Saboteur ? Cela ne l'a peut-être pas été au sein de la fédération elle-même qui a en son sein des hommes de valeur.
Que l'on arrête de nous emballer dans des spectacles désolants et sordides qui ne font que ternir l'image de notre football.
Tout ce que le peuple demande, c'est qu'il y ait des responsables capables de faire briller l'étoile du foot burkinabè très haut dans le firmament.
Une chose est sûre, en matière de football la balle se joue dans les deux camps. Ici, les responsabilités sont partagées. Il faut que la FBF ait le courage et l'honnêteté de démissionner si elle est incapable ou essoufflée. Le peuple le lui vaudra. Ou elle pourrait se voir contraindre à la démission un jour. L'avenir nous en dira. En attendant, nous croisons les doigts pour quelle nous dévoile sa trouvaille.
Daouda Ouédraogo
L’Observateur Paalga du 27 avril 2007
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