Forces de sécurité et journalistes : Les rapports conflictuels au centre d'un conclave
Forces de sécurité et journalistes
Les rapports conflictuels au centre d'un conclave
Dans le cadre des activités entrant dans son plan d'action 2005-2010, le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) a organisé du 19 au 20 juillet 2007 un atelier d'échanges entre Forces de sécurité et journalistes dans le but d'améliorer la collaboration entre les deux corporations.
Les rapports sont conflictuels entre les hommes de médias et les agents de sécurité. Ce problème trouve sa source dans une certaine ignorance des textes de lois et des droits qui régissent les deux métiers. Partant de ce constat, le Centre de presse Norbert Zongo, qui ne cesse de multiplier les initiatives pour permettre une bonne pratique du journalisme, a inséré dans son plan d'action la problématique des altercations entre la presse et la sécurité en vue de trouver une solution. Cela passe d'abord par un échange direct entre les représentants des deux institutions. C'est ainsi que cet atelier a été organisé avec succès du fait "de la franchise des échanges, de la richesse des propos et la capacité d'écoute des uns et des autres" comme l'a souligné le président du Comité de pilotage du Centre de presse, Justin Coulibaly, à la clôture des travaux. Plusieurs communications introductives aux débats ont été livrées par Edouard Ouédraogo, Directeur de publication de l'Observateur paalga; Germain B. Nama de l'Evénement; Sibiri Eric Kam de la Ligue pour la Défense de la Liberté de presse (LDLP); Etienne S. Sawadogo, secrétaire général du CSC; le capitaine Bougouma de la Gendarmerie nationale et le commissaire Bassinga de la Police.
La carte de presse et la convention collective: un leitmotiv
Les différents exposés ont suscité beaucoup de questions de part et d'autre. Dans un premier temps, les agents de sécurité ont focalisé leur curiosité sur la définition du journalisme, le statut de journaliste et les textes qui régissent la profession. Dans l'exercice de leur fonction, les forces de sécurité sont confrontées à des individus de toute nature n'importe qui peut donc se réclamer journaliste d'où la nécessité de trouver une solution en instaurant la carte de presse. La convention collective tant souhaitée a été évoquée. Cela permettra aux hommes de média d'avoir un statut social décent et leur évitera de se ridiculiser en traînant les pieds à la fin des manifestations dans le but de réclamer une prise en charge, "le gombo", sous le regard des forces de sécurité qui sont souvent gênées face à une telle situation.
Parlant des textes régissant le métier de la presse, un des représentants de la sécurité a remis en cause l'article 1 de la charte de l'AJB, qui stipule que le journaliste a droit à toutes les sources d'informations. Peut-on accéder aux doléances d'un organe de presse lorsque sa ligne éditoriale est connue ? Le débat sur cette interrogation a abouti à la problématique de l'intérêt général. Jusqu'où le journaliste doit-il aller ? Faut-il mettre sa vie en danger dans la recherche de l'information ?
Plusieurs autres réalités de terrain ont également nourri les débats : l'accès aux lieux des manifestations et aux auditions. Les critiques des journalistes portent sur le traitement à eux réservé par les agents de sécurité en ce qui concerne ces deux points. Edouard Ouédraogo, fort de ses trois décennies dans la pratique du journalisme, a cité de multiples exemples où manifestement les forces de sécurité ne cherchaient qu'à déstabiliser psychologiquement le journaliste. Il a fait cas de sa dernière interpellation à la gendarmerie où à l'heure indiquée, il n'y avait pas d'interlocuteur. Il s'agit en réalité d'une intimidation à ses yeux.
"L'agent de sécurité n'est pas cette brute épaisse..."
Edouard Ouédraogo pense que le journaliste n'a pas bonne presse auprès des forces de sécurité. Son rôle social n'est pas bien perçu à leur niveau. Il est considéré comme un individu à la recherche du sensationnel. Par ailleurs, le directeur de publication de l'Observateur a souligné que les forces de sécurité ne livrent que des informations qui les arrangent, lesquelles constituent en réalité une communication institutionnelle. Il a enfin recommandé que des interlocuteurs, qui ne sont pas englués dans les contraintes de hiérarchie, soient indiqués à la presse au niveau des services de sécurité pour faciliter la collaboration tant souhaitée.
Les représentants des Armées et de la Police nationale présents à l'atelier ont de leur côté brandi la rigidité de leurs textes de lois qui les obligent à obéir aux ordres du supérieur hiérarchique et à réussir une mission sous peine d'être qualifiés d'incompétents. Pire, l'avancement dans le grade et la mutation dans les postes dépendent du chef. L'obéissance est donc une règle d'or sous peine de sanctions.
L'atelier a permis de savoir que les agents de sécurité "ne sont pas ces brutes épaisses, insensibles et imperméables à la raison". Eux aussi se sont rendus compte que le journaliste, ce n'est pas "la grande gueule qui veut donner des leçons à tout le monde". Il a un rôle social essentiel dans un Etat de droit. Les deux professions sont complémentaires parce que satisfaisant à des besoins exprimés par le corps social. A défaut d'une collaboration harmonieuse, comme l'a indiqué Justin Coulibaly à la clôture de l'atelier, nous pouvons et nous devons trouver un modus vivendi grâce à la connaissance mutuelle, fruit de la rencontre.
Adama Ouédraogo Damiss
L’Observateur Paalga du 23 juillet 2007
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