L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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François Compaoré, prochain président du Faso ?

François Compaoré, président du Faso

Le prochain coup de force ?

 

Au début, ça avait l’air d’un canular mais l’idée fait son petit bonhomme de chemin et commence à s’ancrer dans l’opinion, que si on n’y prend garde, François Comporé succèdera à Blaise Compaoré.A quels signes le voit-on ? Ils sont légion.

D’abord, l’effet d’imitation peut jouer au Burkina Faso. Quand on parle au Cameroun d’une succession intra-familiale, lorsque cela se réalise à pas forcés en Egypte, en Libye, et que c’est déjà consommé ailleurs comme au Togo, on ne voit pas pourquoi ici aussi (toutes choses étant égales), on n’embrayerait pas dans le même registre.

Mais ce qui fait qu’ici, les choses apparaissent comme devant nécessairement aller de soi, c’est que le pouvoir a toujours fonctionné par des coups de force. Il est arrivé aux affaires par un méga coup de force qui a emporté beaucoup d’hommes parmi lesquels le plus illustre est Thomas Sankara ; il a géré par des coups de force à travers des exécutions extrajudiciaires, des putschs électoraux, dans les partis politiques, des hold-up dans le domaine économique, des ingérences à l’extérieur.

Il sait que ce faisant, il a atteint un point de non-retour. Sa seule protection réside dans la logique du coup de force permanent, et catapulter François Compaoré comme Président du Faso constitue une solution logique de protection et de pérennisation de ses acquis. C’est pour cela que l’homme est, et c’est là un autre signe, autant sollicité par les médias. Il ne se passe quasiment plus un jour sans qu’on le voie, ici et là, inaugurant telle réalisation, faisant telle libéralité, se confondant dans la masse comme un parfait homme du peuple.

Qu’importe que dans le même temps, l’histoire se rappelle à son bon souvenir en revenant à la charge sur des faits auxquels son nom est mêlé et qui, en pays de droit véritable, devrait le disqualifier de toute prétention présidentielle. Mais on n’est pas dans la même logique au Burkina Faso où ce n’est pas le peuple qui décide, qui choisit ses dirigeants, qui légitime le pouvoir, mais ceux qui le gouvernent. Cependant, tout est loin d’être joué à l’avance. En effet, les obstacles sont nombreux qui entravent une telle volonté de succession monarchique.

Au sein même de la mouvance ou du clan présidentiel, des prétentions cachées ou déclarées existent. Ce n’est pas pour rien que, tout en étant au CDP, beaucoup parmi les ténors, les soutiens jusqu’à des opérateurs économiques, créent des partis politiques à la pelle. C’est, on le voit bien, au cas où… Et nul n’ignore aujourd’hui que dans le clan, des sous clans se sont constitués dont la confrontation déjà annoncée, pourrait déboucher si on n’y prend garde, sur l’irréparable.

Ensuite, rien ne dit (malgré qu’elle n’en pipe pas mot) que l’armée adhèrera à ce processus de transmission du pouvoir non démocratique qui, au surplus, fait peu de cas de bien de prétendants au sein de l’armée qui aimeraient bien qu’on leur renvoie l’ascenseur. Par ailleurs, même si l’opposition s’est laissée infiltrer, récupérer dans sa grande majorité, de sorte qu’elle ne peut pas présenter un front uni, fort, pour valoriser cette résistance si chère à l’UNDD, il y a un contexte social et international qui peut mettre fin à cette espèce de folie des grandeurs et de pérennisation. La gouvernance économique et sociale fait monter la houle de la protestation. Elle est en marche au niveau des étudiants et se fait sentir au niveau des travailleurs. Le monde paysan est quasiment en deuil de cet or blanc qui faisait sa richesse et son espérance. La fracture sociale est béante alors que les disparités entre régions du pays accroissent la fracture nationale. Là, gît un grand danger que révèlent ces haines contre Ouaga 2000 et les cités de l’impunité, symboles d’une gouvernance détournée, captée par une minorité au détriment du peuple, et plus grave le piège désintégrateur de l’ethnicisme.

L’autre entrave, c’est l’évolution qu’on sent déjà au plan international. L’ère Chirac est passée et bien qu’on exhorte Sarkozy à chausser les bottes de son prédécesseur, ce dernier sait que son succès réside dans la rupture, même tranquillisée. En prenant l’option immédiate d’imprimer un style nouveau dans la gestion des affaires de l’Etat, qui n’est pas seulement à consommation médiatique mais qui vise fondamentalement la réforme des institutions, des habitudes, le nouveau président montre que son agenda sera fondamentalement différent de celui qui a caractérisé la gouvernance françafricaine de Jacques Chirac. Ce n’est pas pour rien, à travers l’Afrique, que la jeunesse, nombre de contre-pouvoirs sains, entrevoient dans la nomination de Bernard Kouchner, la promesse que la parole donnée au sujet de la rupture avec les dictateurs, les chefs d’Etat qui se pérennisent au pouvoir, soit respectée. Et pour que cela soit bien entendu, Sarkozy annonce la limitation constitutionnelle du mandat à deux termes. Voilà quelque chose qui en dit long sur les intentions de cet homme, qui ne semble pas à ce qu’on voie, infecté par le virus du pouvoir à vie. Ca devrait en principe l’obliger au devoir d’efficacité, de résultat, de respect de la parole donnée comme du reste, il ne cesse d’en prendre l’engagement, comme pour dire qu’on ne le prendra pas là où on l’attend : au carrefour du réalisme politique et des compromissions dictées par l’action politique et la raison d’Etat.

On peut donc dire qu’il n’y a pas le feu, que même si par battage médiatique interposé, on veut imposer le petit frère du chef de l’Etat comme futur président, ce n’est pas sûr que le cœur du peuple y consente et que le contexte national et international favorise l’aboutissement de la manœuvre !

La Rédaction

San Finna du 21 au 27 Mai 2007



25/05/2007
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