Grève de la plume à N’Djamena
Tchad
Grève de la plume à N’Djamena
On le craignait depuis le début des tumultes entre Idriss Deby, le chef de l’Etat tchadien, et sa rébellion ; cela a fini par arriver. L’état d’urgence instauré le 15 février dernier par le régime de N’Djamena suite aux combats qui l’ont opposé aux troupes de Nouri, d’Erdimi et de Makckaye a mis en berne la presse tchadienne et principalement celle privée. On le sait, une telle situation n’est pas faite pour plaire à tous, notamment à ceux qui osent pointer du doigt le gouvernement de Deby.
Sorti vainqueur d’un combat où la défaite sonnait presque à la porte de la présidence et grâce à l’appui du colonisateur français, le chef d’Etat tchadien n’est désormais pas prêt à faire cadeau à ceux qui contestent son autorité.
C’est d’ailleurs la raison de ce camouflet d’état d’urgence. Car sitôt décrété, les premières victimes n’ont pas tardé à croupir sous le poids de cette mesure policière. En effet, et comme il est de coutume là-bas, la presse vient une fois de plus d’être muselée.
Entre produire des articles insipides, dont les centres d’intérêt n’ont rien à voir avec l’actualité politique nationale, et ranger les plumes dans les placards, les organes de la presse privée (car c’est à eux que s’applique la censure) ont choisi le second.
S’ils optaient pour le premier cas, ils avaient obligation de se soumettre à un contrôle quotidien du contenu de leur publication avant parution. A ce rythme, il est à parier que certains ne verraient pas le jour.
Déjà qu’ils étaient mal lotis dans cette république bananière, à cause des conditions d’exercice aléatoires, ces journaux privés ont décidé de « cesser toute publication » durant la période de l’état d’urgence.
Il s’agit des hebdomadaires Le Temps et L’Observateur et du bi-hebdomadaire N’Djamena Hebdo. Ils n’ont pas eu tort de s’autocensurer, car il vaut mieux se mettre en chômage technique en attendant que l’orage passe. Quelques jours d’inactivité valent mieux qu’une interdiction de parution de plusieurs mois. Cela nous fait penser au sort qu’a subit le journal Notre Temps, qui est interdit de publication depuis décembre 2007.
Mais entre nous, ce n’est pas cette restriction de la liberté de la presse et du processus démocratique qui résoudra le problème tchadien. Le problème du régime du maître de N’Djamena n’est pas les médias, encore moins les opposants. Sa bête noire, ce sont les rebelles. Ce sont eux qui ont les armes.
C’est à eux qu’il faut réserver un traitement à la hauteur de leur forfaiture. Malheureusement, et c’est devenu une tradition sous nos tropiques, on préfère s’en prendre à ceux que l’on peut plier à souhait.
Si ce ne sont pas les opposants qui sont nuitamment enlevés et jetés au cachot, ou au pire des cas, zigouillés, ceux sont les journaux, proie facile, qui sont bâillonnés.
C’est d’ailleurs le lieu d’interpeller la communauté internationale notamment l’Union européenne et
Les propos du ministre de l’Intérieur, parlant de Lol Mahamat Choua, ancien président tchadien, également emprisonné, mais « retrouvé vivant », est assez éloquent. En ce qui concerne les opposants, à savoir Ibni Oumar Mahamat Saleh et Ngarlejy Yorongar, dont on est sans nouvelle, il faudra hausser le ton et commencer à mettre à exécution les menaces, car il n’y a que ce langage qui puisse faire bouger les choses à N’Djamena.
C’est vrai que
Kader Traoré
L’Observateur Paalga du 20 février 2008
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