L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Sarkozy enseigne l’art de massacrer avec retenue au Tibet

Les Chinois et le Tibet

Sarkozy enseigne l’art de massacrer avec retenue

 

Une fois encore, la Chine est sur la sellette, épinglée comme elle l'est à propos des violations massives et répétées des droits de l’homme au Tibet. Cette fois, la goutte d’eau  qui fait déborder le vase, c’est la fermeté dans la répression des manifestants tibétains qui a cours depuis le 14 mars 2008. Du coup, les pressions se font de plus en plus forte sur le pays de Mao, que la communauté internationale interpelle sur l’épineuse question des droits de l'homme. Et l’arme fatale qui peut contraindre Pékin à desserrer un peu son étau infernal au Tibet et même sur le reste de son territoire, c’est sans conteste la menace de boycotter des Jeux olympiques.

Et les appels dans ce sens foisonnent. C’est le cinéaste américain Steven Spielberg qui a été le premier à donner un coup de pied dans la fourmilière, en dénonçant très courageusement, il faut le dire, son contrat de participation à la mise en scène des cérémonies d’ouverture et de clôture desdits jeux. Alors Pékin a peur et craint que son exemple ne fasse tache d’huile et à terme ne gâche la fête. De fait, même si elles ne sont pas encore assez audibles, des voix s’élèvent de plus en plus, un peu partout dans le monde, pour prôner, à cause du non-respect des droits de l’homme, le boycott de ces Jeux olympiques. La dernière déclaration dans ce sens nous vient de la France, patrie des droits de l’homme, dont le président a lancé aux Chinois un appel à la retenue face aux manifestants tibétains. En clair, c’est comme si Nicolas Sarkozy incitait Pékin à tuer avec retenue. Car, lorsque les gens tombent sous les balles assassines, on appelle le porteur d’arme à arrêter sans délai les massacres,  mais on ne l’incite pas à faire preuve de retenue. Et chaque dirigeant y va de son appel pour contenter… son opinion publique.

Mais à dire vrai, tout cela est une mascarade, une vaste escroquerie politique qui n’aboutira finalement à rien, puisque l’objet de toutes ces déclarations fleuve contre l’ogre chinois, c’est tout juste d’amuser la galerie, de prononcer des condamnations de circonstance.

Escroquerie aussi parce que ce n’est pas aujourd’hui qu’on doit s’exciter contre le non-respect des droits humains par Pékin, car on savait bien que cet Etat communiste s’en fout éperdument de cette valeur fondamentale comme de sa première barboteuse. Et pourtant on lui a donné l’autorisation d’organiser ces jeux tout comme ceux d’hiver 2012. La Chine, à ce qu’on sache, n’a pas fait la promesse, écrite ou orale, de changer sa politique en la matière lorsqu’on lui a confié l’organisation des deux manifestations sportives. Alors, puisqu’il n’y a pas eu de marchandages sur cette question, on ne comprend pas qu’aujourd’hui les gens veuillent faire appel à une clause qui ne figure nulle part dans le cahier de charges que Pékin doit remplir pour l’organisation des jeux.

Il est vrai que la Chine est le pays où on enregistre le plus grand nombre de condamnés à mort au monde et où le respect des droits humains, même les plus élémentaires, ne fait pas partie des priorités de la gouvernance. C’est un Etat brutal qui ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de réprimer opposants et manifestants. Mais on imagine qu’en donnant à ce pays l’occasion et la chance d’organiser une telle manifestation d’envergure mondiale, les membres du Comité olympique international voulait lui envoyer ainsi un signal fort et le mettre sur la voie du respect des droits de l’homme. De fait, parce que ces jeux entraînent une forte médiatisation du pays organisateur, Pékin, de gré ou de force, est et sera contraint de porter au moins des gangs pour violer ces droits chers à l’humanité puisqu’étant sous les projecteurs de l’actualité internationale. Qui sait, n’eût été  les Jeux olympiques, la répression allait être encore plus sauvage au Tibet et surtout loin des caméras étrangères. Et c’est le signe qu’il y a tout de même une certaine amélioration, même si c’est encore en deçà des attentes.

Mais la communauté internationale, à force de crier au loup et de vouloir forcer la main à la Chine sur ce terrain risque fort d’aboutir à l’effet contraire. En effet, quand on veut faire évoluer quelqu’un, on doit parfois le ménager et l’encourager sinon il peut se raidir et s’arc-bouter. Dans un tel cas de figure, ce n’est pas évident qu’on atteigne le changement escompté.

Mais une fois encore, il faut noter que toutes ces gesticulations à propos des droits humains ne sont en réalité que de la poudre aux yeux pour amadouer l’opinion publique internationale. Obnubilées par les opportunités d’affaires et fiévreux à l’idée de perdre pour leurs industries le marché fabuleuses que représente la Chine populaire, les grandes puissances sont bien obligées à un moment donné de fermer les yeux afin de continuer à jouir des fruits de la croissance chinoise. Que dire d'ailleurs de nos pays émergents, qui ne vont jamais contrarier Pékin de peur de voir s’envoler des financements colossaux sans conditionnalité aucune ?

Dans les relations internationales, à côté des grands principes, seule la realpolitik dicte en réalité aux Etats leur positionnement et leur conduite face à certains événements. Ce n’est pas un fait du hasard si l’Oncle Sam, le gendarme du monde, a fini par gommer le nom de la Chine de sa liste noire des pays violant massivement les droits de l’homme. On le voit bien, les Occidentaux préfèrent les contrats juteux aux condamnations stériles, qui peuvent les leur faire perdre.

Preuve donc que ce que disait le général de Gaule reste toujours valable pour tous les pays : un Etat n’a pas d’ami, un Etat n’a que des intérêts.

Et au nom des intérêts, Pékin continuera impunément à casser du Tibétain à Lhassa et dans les autres localités de cette contrée. Silence donc, on fait des affaires pendant que, selon le dessin de Cabu (1), au Tibet, les tireurs chinois continuent de s’entraîner au tir en attendant les Jeux olympiques.

 

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga du 27 mars 2008

 

 

 

Notes :

(1) Voir la caricature de Cabu dans Le Canard enchaîné du mercredi 19 mars 2008

 



27/03/2008
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