L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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« Il aurait fallu le dialogue » (Boyo Célestin Koussoubé, ancien maire de Bobo)

Boyo Célestin Koussoubé, ancien maire de Bobo

« Il aurait fallu le dialogue »


Boyo Célestin Koussoubé, député à l’Assemblée nationale, membre du groupe parlementaire ADF/RDA, est l'ancien maire de Bobo Dioulasso. Il a dirigé la commune de 2000 à 2006. Dans l’interview qui suit, il se prononce sur les violentes manifestations des 20 et 21 février 2008. Il aborde également les premières journées parlementaires de l’année de son parti qui devraient se tenir du 23 au 24 février à Bobo sur le thème du rôle et de la place de la femme dans notre processus démocratique.

 

Que pensez-vous des récents événements que vient de vivre Bobo Dioulasso, une ville dont vous avez été le maire ?

 

De prime abord, les dégâts sont importants. En tant qu’ancien maire et avec les efforts qui ont été faits pour la construction de la ville, je pense qu’on aurait pu certainement trouver d’autres solutions. Le dialogue est toujours là. Que ce soit du côté des autorités ou des manifestants, il aurait été bon que les gens se rencontrent. Il faut éviter chaque fois les confrontations. Si tout le monde accepte de dialoguer, l’on devait pouvoir trouver des solutions et ne pas arriver à des désastres de ce genre, parce que les dégâts sont importants, et certaines choses, comme les registres d’état civil, sont irréparables.

Sur le fond du problème lui-même, je pense, comme l’a dit le ministre des Finances, il n’y a pas eu, à ma connaissance, d’augmentation d’impôts en dehors de l’enregistrement qui est passé de 4 000 F à 6 000 F. Donc, du point de vue de la loi de finance, il n’ y a eu aucune modification d’impôt. Mais étant avec les commerçants, je note qu’il y a une augmentation des patentes par rapport à l’année passée. Mais cela ne relève pas de la loi de finance. Les services des impôts ont peut-être voulu corriger certaines choses du fait qu’il était difficile de se fier aux déclarations de marchandises des opérateurs du secteur informel pour les taxer, parce que certains pouvaient sous-estimer leurs produits pour payer moins de taxes. Un commerçant pourrait, par exemple, dire qu’il fait un chiffre d’affaires de 1 million de F CFA alors que les services des impôts constatent qu’il vend plus. Ils ont peut-être voulu ajuster les assiettes d’impôts, et c’est peut-être ce qui a amené le problème. Les commerçants ont aussi, quelque part, raison lorsqu’ils parlent d’augmentation étant donné qu’il y a eu hausse des taxes payées par eux par rapport à l’année passée. Certains m’ont montré leurs taxes et il y a effectivement un écart. C’est pourquoi il aurait fallu un dialogue, et les gens se seraient compris, sinon ce n’est pas la loi de finance que nous avons votée à l’Assemblée qui a augmenté les impôts ou les patentes. La vie chère, quant à elle, est un autre problème. Et il appartient au gouvernement de moraliser un peu les commerçants. S’il n’y a pas de raison qu’un produit augmente, qu’on ne le fasse pas, parce qu’on ne peut pas faire des profits exagérés quand ce n’est pas fondé.

 

L’on observe actuellement une accalmie après les hostilités. Est-ce vraiment la fin des manifestations ou faut-il s’attendre à d’autres ?

 

Je ne pense pas que ce soit fini. Quand il y a des situations de ce genre, il faut toujours se dire qu’il y a une raison. Ici, c’est la vie chère qui est évoquée par les manifestants. Le gouvernement ne le nie pas, et il a dit être en train de chercher les solutions. De ce point de vue, l’on ne peut pas s’asseoir et dire que c’est fini, car les manifestations sont sous-tendues par une réalité. Il faut donc chercher les causes et les solutionner à travers des discussions. Cela doit se faire dans le dialogue. L’on n’a pas besoin de casser, ni d’un côté, ni de l’autre. L’on doit chercher les responsables de ces manifestations et essayer de comprendre. Je ne dis pas de les enfermer parce que ce n’est pas la solution non plus. Après les échanges, si ce qui sous-tend leur mouvement peut être corrigé, il faut le faire.

Votre parti l'ADF/RDA avait prévu tenir du 23 au 24 février ses premières journées parlementaires de l’année. Mais compte tenu de la situation, elles ont été reportées à une date ultérieure. De quoi allait-il être question pendant ces journées ?

 

Nos réflexions allaient porter sur le rôle et la place des femmes dans le processus démocratique au Burkina Faso. En réalité, nous voulons porter une attention particulière sur le rôle des femmes dans la vie politique. Comme vous pouvez le constater, notre démocratie pèche un peu de ce côté. Il y a peu de femmes dans les différentes sphères de décision. Nous avons des femmes intellectuelles au Burkina qui sont capables de gérer des hommes. Mais le système social, qui est en place depuis des millénaires, les empêche de jouer le rôle qui devrait être le leur. Il était donc bon pour nous de se pencher dessus et de voir comment nous pouvons accorder à la femme sa place qui lui revient. Ce sont les femmes qui sont les plus nombreuses le jour des élections pour voter. On ne peut pas continuer à les considérer comme du bétail électoral. Nous savons aussi que les femmes sont plus compétentes dans certains domaines que les hommes. Nous avions voulu discuter au niveau de notre groupe parlementaire de ce que nous pouvons proposer à l’Assemblée dans le cadre des réformes en vue et aussi pour sensibiliser les gens sur le rôle et la place de la femme.

Quelle est la situation actuelle de la femme dans votre parti ?

 

La situation est la même que dans les autres partis. De façon générale, les formations politiques prônent l’importance de la femme mais, dans la réalité, vous vous rendez vite compte qu'il y a très peu de femmes dans les structures. C’est pourquoi nous voulons faire en sorte que les femmes puissent à l’avenir être bien placées dans les candidatures aux postes de responsabilité électifs, comme ceux de député ou de maire. Cela passe nécessaire par des décisions courageuses au sein des partis en faveur des femmes.

 

Propos recueillis par Grégoire B. BAZIE

Le Pays du 26 févier 2008



26/02/2008
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