Instituer un dialogue permanent à l'université de Ouaga
Université de Ouaga
Instituer un dialogue permanent
Comme le naturel qui revient au galop après avoir été chassé, la violence a fait son retour de façon fracassante à l'université de Ouagadougou. Le 17 juin a été une journée chaude au niveau de ce temple du savoir avec les affrontements, les courses- poursuites entre étudiants, armés de pierre, et forces de l'ordre, matraques et gaz lacrymogène en mains, qui ont souvent débordé du campus. Résultats de l'Intifada en pleine période d'examens de fin d'année : des blessés et des dégâts matériels. Fini donc le calme observé sur le campus depuis le début de cette année académique en dehors bien sûr des grèves, sans débordements, qui surviennent de temps en temps. Alors, qui a fait entrer le loup dans la bergerie ? Pourquoi cet accès de violence alors que, quelques jours auparavant, le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de
En pareille situation, et comme d'habitude, chacun des protagonistes tire la couverture sur soi. Du côté des étudiants, un doigt accusateur est pointé vers les responsables de l'université, le ministère de tutelle, reprochés de ne pas donner de réponses satisfaisantes aux revendications s'ils ne restent pas tout simplement sourds. De leur côté, les autorités universitaires jurent pratiquement la main sur le coeur de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que les étudiants soient dans de bonnes conditions. Les grèves à l'appel des syndicats d'étudiants, les déclarations dans la presse, rappellent, par moments, à l'opinion, que les positions n'ont pu être conciliées au cours des négociations. La tenue de celles-ci confirmait l'option du dialogue de part et d'autre pour résoudre les difficultés qui surgissent.
Les scènes de violence du 17 juin rappellent les années de braise durant lesquelles la méthode forte a été utilisée pour résoudre les problèmes avec les résultats que l'on a connus à savoir l'invalidation de l'année académique 1999-2000. Cela devrait servir de leçon à tout un chacun. Les premiers qui doivent le faire sont les étudiants dont la propension est souvent de vouloir tout obtenir hic et nunc. Ils doivent savoir que dès lors qu'il y a négociation, chacun doit mettre de l'eau dans son vin. Cela veut dire qu'il faut éviter d'être radical, maximaliste et savoir donc faire des concessions. Il y a lieu aussi d'être réaliste dans les revendications en faisant vraiment celles dont on est certain qu'elles peuvent être résolues.
Les autorités universitaires ont également des leçons à tirer des situations malheureuses que l'université a eu à vivre. Ainsi, elles ne doivent pas perdre de vue que jeunesse rime avec contestation et ne pas s'attendre à ce que le campus soit un long fleuve tranquille. Les remous ne doivent pas non seulement surprendre, mais doivent être appréhendés et analysés comme il se doit afin d'y apporter des solutions idoines. Cela veut dire qu'il faut éviter de voir derrière tout mouvement de revendication la silhouette de la politique, d'opposants qui veulent utiliser les étudiants à des fins subversives. Certes, il est vrai que l'université compte en son sein des sections de partis politiques de tous bords, mais ce n'est pas une raison pour voir constamment les problèmes à travers le prisme de la politique.
Fort de cet argument, l'on préfère souvent recourir aux forces de l'ordre pour réprimer purement et simplement les manifestations de mécontentement. Or, tout doit être mis en oeuvre pour éviter autant que faire ce peut de recourir aux forces de l'ordre dont la présence sur les lieux n'est pas du goût des défenseurs des franchises universitaires.
Au regard de tout ce qui précède, on peut se demander si le dialogue est toujours de mise sur le campus. Autorités universitaires et étudiants se regardent en chiens de faïence. Or, il faut bien se réconcilier, renouer les fils du dialogue qui sont les seules voies raisonnables de résolution de la crise dans laquelle le temple du savoir est plongé en cette période d'examens de fin d'année académique. A toutes fins utiles, il y a lieu d'instituer un médiateur permanent. Son rôle sera de servir d'interface entre les responsables de l'université et les étudiants à travers leurs syndicats. Les différents problèmes de la communauté universitaire seront portés à sa connaissance et il lui reviendra, dans un esprit d'impartialité, de leur trouver des solutions en concertation bien sûr avec les parties prenantes. Peut-être évitera-t-on ainsi à l'avenir, des scènes identiques à celles du 17 juin dernier qui démontrent à suffisance que les parties se parlaient sans vraiment s'écouter.
Séni DABO
Le Pays du 19 juin 2008
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