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Irak : La touche de Bernard Kouchner

Irak

La touche de Bernard Kouchner

 

 

Le 10 mai dernier, le remuant Nicolas Sarkozy prenait fonction à la magistrature suprême de l'Hexagone.

Iconoclaste, le nouveau président français semble l'être et ce, d'autant plus qu'il entendait imprimer sa marque à la politique française en rompant avec les vieilles habitudes qui y avaient cours depuis.

Est-ce pour cela que la France qui, depuis la crise irakienne en 2003 s'était subtilement démarquée de l'intervention de l'Oncle Sam au pays de Saddam Hussein, semble de plus en plus encline à y trouver une solution négociée ?

On ne saurait aucunement répondre à cette question par l'affirmative et ce, d'autant plus qu'aidé dans sa nouvelle politique par Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française, Sarkozy veut aider à une résolution de la crise irakienne.

C'est peut-être pour cela qu'à peine rentré de vacances, il a envoyé le "French doctor" à Bagdad.

D'ailleurs un communiqué de presse du ministère français des Affaires étrangères et européennes précisait que Kouchner se rendait en Irak pour exprimer un message de solidarité de la France au peuple irakien et pour écouter les représentants de l'ensemble des communautés, sans exclusive. Mais comme on le voit, la date de la visite de Kouchner à Bagdad n'était pas le fait du hasard puisqu'elle correspond au quatrième anniversaire de l'attentat ayant coûté la vie à Sergio Vieira de Mello, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies (il était un ami personnel de Kouchner), et à une vingtaine de fonctionnaires de l'ONU.

Le prétexte était donc trouvé, car ce déplacement constitue une première pour un chef de la diplomatie française, depuis près de 20 ans.

II faut rappeler que ce médecin et homme politique français, cofondateur de Médecins sans frontières (MSF) puis de Médecins du monde, est un ancien haut fonctionnaire des Nations unies.

Dépêcher à Bagdad cet habitué des foyers de tensions et de l'humanitaire ne doit donc pas étonner l'observateur averti. Car de l'expérience, Kouchner n'en manque point !

On a encore en tête la silhouette d'un Kouchner ployant sous le poids de sacs de riz  à Mogadiscio (Somalie), par exemple ; ou encore son passage au Kossovo, en tant que représentant des Nations unies.

Ce n'est donc  pas un novice qui, à 67 ans, débarque à Bagdad. Et on peut dire qu'il n'a pas eu besoin de suicide politique, car, contrairement à la France officielle de l'époque et à ses amis socialistes, lui était pour l'intervention américaine en Irak.

Sa position n'était pas dénuée d'arrière-pensée, puisqu'il lorgnait en son temps la Direction générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et, comme tout prétendant lucide, il se doutait bien qu'il aurait eu besoin du soutien de l'Oncle Sam pour parvenir à ses fins.

Finalement, il a dû faire le deuil de son ambition, mais ça ne change rien à l'affaire.

Aujourd'hui, il est un ministre des Affaires étrangères qui n'a pas eu besoin de faire un grand écart politico-idéologique pour effectuer le déplacement à Bagdad.

Pour le "french doctor" en effet, il faut aider les Américains à se retirer du bourbier irakien, surtout que la défaite serait également celle de tous.

On peut regretter cependant que le chef de la diplomatie française soit obligé de jouer les seconds rôles et de faire le travail ingrat, ce, d'autant plus qu'il avait été rigoureusement mis à l'écart et devant le fait accompli, à l'occasion de la libération des infirmières bulgares ; le locataire de l'Elysée ayant préféré la diplomatie parallèle de son épouse, Cécilia, et de son secrétaire général, Claude Guéan.

Ce voyage de Kouchner est-il un signe avant-coureur d'un désengagement des alliés de la crise irakienne pour un retour progressif à la paix ? Rien n'est moins sûr, mais  avec le séjour à Bagdad de Kouchner, qui est la première visite d'un officiel français de ce rang depuis très longtemps, c'est déjà un virage à 180° qui vient d'être réalisé.

Qu'il est loin, le discours enflammé antiguerre de Dominique de Villepin à la tribune des Nations unies !

 

Pierre Tapsoba

L’Observateur Paalga du 22 août 2007



22/08/2007
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