L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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L'or à problèmes de... Doré

Yatenga

L'or à problèmes de... Doré

 

A la mine d'or de Doré, les acteurs sont permanemment sur le qui-vive. Les remous sont monnaie courante. Le dimanche 30 septembre 2007, nous y étions, suite à une fausse rumeur concernant une éventuelle rétrocession du site à une société minière (cf. L’Observateur N°6987 du mardi 09 octobre 2007).

En fait, la société mise en cause était en travaux de prospection. Quelques jours plus tard, une mission du ministère des Mines, des Carrières et de l’Energie est venue procéder à un partage de la surface exploitable du site à deux sociétés d’acheteurs. Cette répartition a encore provoqué des contestations.

 

Le vendredi 12 octobre 2007, nous avons vent du climat délétère qui prévaut sur le site de Doré.

Les 50 km séparant le village de Ouahigouya rapidement avalés, nous avons trouvé effectivement que l’agitation était à son comble sur les lieux. Mais nous avons d'abord cru que c’est la fête de Ramadan qui battait son plein. Mais en voyant les gesticulations et les paroles grossières qui fusaient, on s’est vite rendu compte que  l’heure n’était pas à la fête.

«Ici, nous ne célébrons pas le Ramadan aujourd’hui, on n’a pas vu la lune», déclare une femme visiblement pressée. Echangeant avec l’assistant de police, Paulin Yaméogo, chargé du maintien de l’ordre sur le site, il nous planta le décor après un petit temps d’hésitation.

A en croire le flic,  c’est après le passage de deux individus se réclamant du ministère des Mines, des Carrières et de l’Energie, venus diviser la surface d’exploitation pour chacune des  deux sociétés achetant l’or sur place, que le climat s’est surchauffé. Il s’agit de la Société minière Kindo Adama (SOMIKA) et de la Société Métal or du Burkina (MOB). Munis de plans, les envoyés du ministère auraient indiqué à chacune la partie qui lui a été attribuée. Ils ont précisé, avant leur départ, que chaque structure doit rejoindre sa zone dans les plus brefs délais.

«Les orpailleurs également doivent traiter avec la société où leurs trous se trouvent. Les esprits se sont surchauffés d’un coup. C’est de justesse que l’affrontement a été évité», explique le policier.

Ce dernier a été détaché sur le site suite à la demande de la société MOB. Le partage des décideurs ne semble pas faire l’affaire de tout le monde.

La société Métal or du Burkina qui dit être la première à s’installer sur le site s’estime lésée. Elle semble être soutenue par nombre de travailleurs. Très remontés, plusieurs chercheurs d’or, avec qui nous avons échangé, montraient visiblement leur désaccord contre le partage des envoyés du ministère.

En réalité, les deux sociétés opéraient ici bien avant, mais la SOMIKA paraissait moins visible. Il est bien vrai que de chaque côté, le gramme d’or est vendu à 10 000 F CFA, mais les défenseurs de la cause de la MOB trouvent qu’elle est très rapide dans le paiement. Les plus téméraires seraient donc ceux qui seront contraints par le partage de traiter avec la SOMIKA.

«On  veut nous faire la force, nous préférons que le site soit confié à un seul comptoir ou bien on laisse libre cours à chacun de vendre son or avec sa société de préférence», plaide Boureima Maïga, orpailleur.

«Tous nos papiers sont en règle. Nous n’avons jamais eu de différend avec un orpailleur, nous ne comprenons pas pourquoi, on attribue la partie la plus importante à la SOMIKA», protestent les responsables de la MOB. Ils disent avoir été victimes d’un coup de force dans un premier temps. «Il y a anguille sous roche, on a voulu nous retirer la gestion du site avant. Les tons se sont levés et tout est rentré dans l’ordre», fulmine l’un d’entre eux.

 

Nous avons des vigiles

 

Les dénonciations des partisans de la MOB ne semblent pas du tout ébranler les responsables de la Société minière Adama Kindo.

Se reposant tranquillement à l’ombre d’un baobab, Soumaïla Warmé, le représentant de la SOMIKA, reste imperturbable. «Nous n'y sommes pour rien. C’est pas nous qui avons fait le partage. Si nous avons bénéficié d’une bonne surface, c’est peut-être une coïncidence. Nous, nous sommes sereins. On attend les papiers officiels pour le démarrage effectif des travaux. Eux, ils ont un policier, nous, nous avons des vigiles. Nous prendrons nos dispositions pour assurer notre sécurité», réplique-t-il. En fait, si les orpailleurs à Doré répugnent à collaborer avec la SOMIKA, c’est peut-être dû à des problèmes que la société a vécus à d’autres endroits. «Partout où la SOMIKA est passée, c’est la désolation. Elle achète mal l’or. Si nous la laissons s’implanter, qui sait si, par la suite, elle ne manipulera pas pour chasser la MOB et nous imposer des prix dérisoires», s’interroge le groupe des plaignants.

Ils font sans doute allusion à des échauffourées qui ont eu lieu à Namissiguima (30 km de Ouahigouya) entre la population de la localité et la SOMIKA.

Là-bas, la SOMIKA qui achetait le gramme d’or à 6 000 F CFA organisait à tout  moment, avec la complicité de la police, disent ses détracteurs, des courses-poursuites contre des acheteurs parallèles qui proposaient 10 000 F CFA.

La dernière altercation à Namissiguima avec les orpailleurs a conduit à l’incendie de tout le matériel sur le site pour  déboucher sur une révolte générale de tout le village contre les autorités administratives et celles chargées de la sécurité, indexées de protéger la SOMIKA. Le gouvernement a fini par prendre un décret pour fermer ce site.

Ne risque-t-on pas de vivre la même situation à Doré, si la tension ne s’apaise pas d’ici là. On se rappelle que l’année dernière, une note confidentielle du préfet demandait déjà sa fermeture pour parer à l’insécurité qui y sévissait (éboulements, incendies, drogues, prostitutions).

Aux dernières nouvelles, une histoire d’abus de confiance aurait opposé un orpailleur au responsable de la SOMIKA sur le site. Ce dernier aurait été conduit à la gendarmerie de Ouahigouya.

 

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga du 2 novembre 2007



01/11/2007
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