La cerise sur le gâteau de Gbagbo (Lire "Une Lettre pour Laye" )
Une Lettre pour Laye
La cerise sur le gâteau de Gbagbo
Cher Wambi,
Voici venu donc le mois d’août qui, jadis, nous réservait des averses à inonder les cases centenaires qui ont vu naître nos grands-parents. Mais qu’en sera-t-il cette année alors que depuis l’entame de la campagne agricole, le ciel se montre des plus généreux dans les régions autres que le Sahel burkinabé ? Ton souhait et le mien aussi est que nous ne connaissions point de poches de sécheresse qui puisse réduire à néant les fruits de notre labeur. En tous les cas, cher cousin, je reste confiant que, même à des milliers de kilomètres au-dessus de nos têtes, le ciel nous entendra et exaucera nos vœux.
Dans cette attente, voyons très rapidement les hauteurs d’eau tombée dans les différentes stations dans la semaine du jeudi 24 juillet au mercredi 30 juillet 2008 et que les services de l’ASECNA me chargent de te les communiquer pour un meilleur suivi de la saison : Dori = 41,5 mm ; Ouahigouya = 64,1 mm ; Ouagadougou-aéro = 46,5 mm ; Dédougou = 14,9 mm ; Fada N’Gourma = 9,2 mm ; Bobo-Dioulasso = 58,8 mm ; Boromo = 54,7 mm ; Pô = 105,7 mm ; Gaoua = 18,7 mm ; Bogandé = 46,7 mm.
Cela dit, cher Wambi, à l’instar du Burkina, où le réseau routier est déjà affecté par l’afflux des eaux pluviales, le Togo voisin tend la main à la communauté internationale afin de sauver ce qui peut encore l’être ; sans quoi ç’en sera fini du trafic routier entre nos deux pays. Tu l’as peut-être déjà appris, voilà déjà deux semaines que le pont de Ligdènmaneguem, à mi-chemin entre Koupèla et Tenkodogo, a été fortement endommagé, contraignant les transporteurs à négocier des bifurcations pour convoyer leurs chargements à bon port.
Et, comme si ce calvaire était des plus insignifiants, Dame Pluie emporte cet autre pont d’Awo, en territoire togolais, rompant ainsi le cordon ombilical entre nos deux pays. Pour sûr, cher cousin, la reconstruction de ces deux ouvrages n’est pas pour demain, et tu devines à quel point nos échanges commerciaux peuvent en être affectés. Une énième leçon qui devrait inciter nos décideurs à être plus ambitieux et plus regardants sur les projets vitaux, mais hélas. La cupidité et l’impunité semblent érigées en règle d’or dans nos pays, sous-développés.
Oui, c’est vrai, cher cousin, il y a deux ans à peine encore, personne n’osait rêver d’une visite officielle du président ivoirien, Koudou Laurent Gbagbo, au Pays des hommes intègres, et tu devines aisément pourquoi. Mais après la guerre des sourds et des ondes, les dieux de la politique ont voulu que l’enfant terrible de Ziniaré soit le facilitateur de la résolution de la crise que traversait la Côte d’Ivoire depuis un certain 19 septembre.
Nos deux leaders ont donc fumé le calumet de la paix, ce qui s’est traduit par la signature ici, à Ouagadougou, le 4 mars 2007, de l’Accord historique entre les différents protagonistes de la scène politique ivoirienne. Depuis, cher cousin, la capitale burkinabé est devenue un passage obligé pour le président Koudou Laurent Gbagbo, dont le dernier séjour, du 27 au 29 juillet, s’est voulu une visite officielle.
En tout cas, on en retiendra les 21 coups de canon à l’aéroport international de Ouagadougou à son arrivée ; la présence de ses enfants à ses côtés ; son élévation à la distinction de Grand-Croix de l’Ordre national burkinabé ; son escapade au patelin présidentiel de Ziniaré, via le site granitique de Laongo, où il a lâché une enveloppe de 2 millions de nos francs ; et, enfin, cher cousin, du vibrant discours qu’il a prononcé devant l’Assemblée nationale le lundi 28 juillet.
Devant nos honorables élus, le locataire du palais de Cocody a remonté éloquemment, comme il sait si bien le faire, l’histoire de nos deux pays, arrachant des applaudissements nourris, à tel point que certains en sont venus à confesser que Gbagbo tenait à prouver de tout cœur qu’il était là.
Assurément, le gâteau était très bon, mais la cerise qui a manqué, c’est, à l’introduction de son allocution à l’Hémicycle, sa non-demande d’une minute de silence en mémoire de toutes les victimes de la crise, burkinabé et ivoiriennes, tombées sur les bords de la lagune Ebrié. Mais, le connaissant, cher cousin, l’on s’imagine que ce n’est que partie remise, car il n’est jamais tard pour bien faire.
Et, à peine Koudou Laurent Gbagbo a-t-il regagné sa Côte d’Ivoire qu’il y a été rejoint par son homologue burkinabé le mercredi 30 juillet pour la commémoration du premier anniversaire de la flamme de la paix à Bouaké. Un retour d’ascenseur, qui ne s’est pas effectué sans difficulté, à en croire ceux qui étaient à l’aéroport international de Ouagadougou en cette matinée du mercredi.
Il me revient, en effet, que le Boeïng présidentiel parti en révision, Manitou s’est attaché les services d’un autre avion. Mais que s’est-il passé pour que le taxi de l’air aie accusé un certain retard au décollage ? Alors là, même celles des personnalités allées saluer le président du Faso à son départ n’y ont apporté la moindre réponse, s’étant contenter de subir elles aussi.
Heureusement, cher cousin, au terme de quelque trois heures d’attente, l’avion a pu décoller pour la Côte d’Ivoire, sans problème, avec ses passagers de luxe. Comme quoi, il n’y avait rien au village.
Et au moment même où je m’apprêtais à t’ouvrir le Carnet secret de Tipoko l’Intrigante, cher Wambi, ton oncle Pierre Tiendrébéogo, le colonel directeur général de l’Office national d’identification (ONI), m’a chargé de te transmettre une bonne nouvelle qui pourrait intéresser toute la contrée.
Je ne te l’apprends pas de toute façon, l’ONI, c’est comme tu le sais déjà donc, l’autorité chargée de l’établissement de la nouvelle pièce d’identité burkinabè, derrière laquelle vous courez depuis des lustres. Si tout va bien, cher cousin, tes vœux seront bientôt exaucés, car ton oncle et ses collaborateurs de l’ONI initient, à partir de ce vendredi 1er août 2008, et ce, jusqu’au 31 août, une opération spéciale dénommée "Identité vacances", au profit des villes de Ouagadougou, de Bobo-Dioulasso et de Koudougou.
Organisée de concert avec les responsables municipaux desdites villes, cette opération a pour objectifs la collecte et la production en masse de cartes nationales d’identité burkinabé (CNIB) à l’intention des demandeurs éventuels.
Dans l’attente d’en savoir davantage sur le déroulement de cette opération à Koudougou, et surtout à Bobo-Dioulasso, où elle démarre effectivement le 4 août, je t’envoie, à toutes fins utiles, le programme dans les différents arrondissements de la capitale.
Bien entendu, cher cousin, si tu en es demandeur, tu devrais te munir d’un acte de naissance si tu es Burkinabé né au pays ; d’un certificat de nationalité si tu es Burkinabé né à l’étranger ou ayant acquis la nationalité ; d’un acte de mariage pour les femmes légalement mariées ; et d’une somme de deux mille cinq cents (2 500) francs CFA. Alors, cher cousin, il n’y a donc plus à attendre.
Parce que, tout simplement, leurs attentes n’auront pas été comblées. Sont de ceux-là deux personnalités politiques, amies parmi tant d’autres du président Gbagbo (l’une de la mouvance présidentielle, l’autre de l’opposition) qui, après avoir monté le guet pendant des heures au palais de Kossyam pour décrocher quelques minutes d’entretien avec le grand hôte venu d’Eburnie, ont dû se rendre à l’amère réalité : elles n’étaient pas prévues sur la liste des heureux privilégiés.
C’est donc l’âme en peine que ces messieurs ont vu l’avion présidentiel prendre les airs, après la virée de Ziniaré et de Laongo, le mardi, sans que satisfaction ne leur ait été donnée. Et les mauvaises langues de dire que, d’ailleurs, ils ne méritent pas meilleur traitement, n’ayant joué aucun rôle dans la recherche de solution dans cette crise qui a secoué le pays d’Houphouèt ces six dernières années.
Le 80e anniversaire de ce temple du savoir pointe à l’horizon du quatrième trimestre de l’année 2009, et il s’avère impérieux de mettre en place un Comité d’organisation. Alors, pas d’absence excusée même en cas de pluie, ou au cas où les rues seraient infestées de crapauds.
Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."
Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé.
L’Observateur Paalga du 1er août 2008
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