L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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La fatwa de Seydou (lire Une Lettre pour Laye)

Une Lettre pour Laye du 21/09/2007

 

Cher Wambi,

 

Des larmes de pluie par-ci, des crachins par-là ; le ciel essaie tant bien que mal de remplir son contrat, celui d'accompagner la campagne agricole jusqu'à terme.

Ainsi, le Faso a encore été arrosé en ses quatre coins dans la semaine du jeudi 13 au mercredi 19 septembre 2007.

Pour en savoir davantage, parcourons très rapidement les relevés pluviométriques des différentes stations, que l'ASECNA se plaît à te communiquer chaque semaine :

Dori = 0,2 mm ; Ouahigouya = 14,2 mm ; Ouagadougou-aéro = 7,4 mm ; Dédougou = 9,6 mm ; Fada N'Gourma = 7,4 mm ; Bobo-Dioulasso = 33,0 mm ; Boromo = 38,7 mm ; Pô = 34,6 mm ; Gaoua = 35,5 mm ; Bogandé = 15,7 mm.

C'est le lieu, cher cousin, de renouveler nos encouragements à nos braves paysans, abonnés aux travaux champêtres depuis juillet, grâce à qui nous avons notre pitance quotidienne.

 

Cela dit, en toute clandestinité, Simon Compaoré, tout-puissant maire de la capitale, trésorier de l'Association internationale des maires francophones (AIMF) et président du Conseil d'administration du Partenariat pour le développement municipal (PDM), s'est envolé pour d'importantes rencontres internationales, qui le retiendront du 17 septembre au 02 octobre 2007 en France et au Tchad.

Je dis en toute clandestinité, parce que sans ce communiqué de la direction de la Communication et des Relations publiques de l'hôtel de Ville, paru dans la presse, personne n'aurait su que Teb-Guéré est allé en mission.

Là je prêche à un converti, puisque tu n'es pas sans savoir que le maire de la capitale aime assez souvent l'efficacité dans la discrétion.

Malheureusement, ils ne sont pas nombreux, ces maires d'arrondissement qui sont allés à cette école.

C'est pourquoi ce sont toujours les mêmes qui se font accompagner par camions entiers de courtisans à l'aéroport international de Ouagadougou pour bénir et applaudir l'avion qui décolle ou atterrit avec monsieur le maire d'arrondissement à son bord.

En pareille circonstance, la bamboula est inévitable pour les centaines de militants ou de "bandurba" qui ne sauraient se priver des célèbres poulets du Boulgou ou des précieux jus de la brasserie de Kossodo.

Tout de même ! Y a-t-il plus maire que Simon dans ce Ouaga-là ?

En tout cas, l'histoire retiendra que la voie a été tracée par le maire de Boulmiougou, Séraphine Ouédraogo, et empruntée sans interruption par son homologue de Sig-Noghin, T. Pascal Ouédraogo.

Mercredi dernier encore, avant d'embarquer pour l'Hexagone, c'est presque un meeting politique qui fut improvisé chez les voisins d'en face.

Tant pis pour les sportifs d'un soir et les usagers de l'avenue de la Résistance. Pourvu que monsieur le maire voie ma troche avant son départ.

Car sait-on jamais.

 

Il fallait bien s'y attendre !

Après la sentence du tribunal de grande instance de Ouagadougou du 11 septembre 2007, la fatwa du gouvernement n'a point tardé à tomber sur les têtes des fraudeurs aux concours directs de la Fonction publique.

Pour d'aucuns, le Conseil des ministres a eu la main trop lourde, mais il fallait bien passer par là pour assainir l'organisation des concours.

Lors de la session hebdomadaire  du Conseil des Ministres du mercredi 19 septembre, cher cousin, Blaise Compaoré et sa cour ont, en effet, décidé de la reprise des concours touchés par les fraudes, à savoir ceux des :

- préposés des douanes ;

- contrôleurs des douanes ;

- cycles A, B et C de l'Ecole nationale des régies financières (ENAREF) ;

- agents itinérants de santé ;

- infirmiers brevetés ;

- manipulateurs d'Etat en électroradiologie ;

- agents techniques du génie civil.

Mais en attendant, cher Wambi, en application de l'article 147 de la loi n° 013/98/AN du 28 avril 1998, portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique et fixant la procédure de sanction des agents ayant commis des fraudes d'une extrême gravité, le Conseil des Ministres a pris un décret portant révocation de la Fonction publique des agents ci-après :

- Zouré Issaka, assistant en gestion des ressources humaines ;

- Ouali Alain, assistant en gestion des ressources humaines ;

- Ouédraogo/Nana Elisabeth, élève-inspectrice d'éducation des jeunes enfants ;

- Bambara Abdoulaye, éducateur des jeunes enfants ;

- Nana Désiré, agent technique du génie civil ;

- Ouédraogo Kiswensida Valentin, infirmier d'Etat ;

- Zongo Wendkouni Alban Martial, infirmier d'Etat.

 

Eh bien, cher cousin, le Conseil des Ministres ne s'est pas seulement contenté des civils, puisque les corps habillés impliqués dans le deal ont été purement et simplement rayés des effectifs de l'armée, tels :

- Ouédraogo Issa, militaire ;

- Yaro Mamadi, gendarme ;

- Yabré Issaka, gendarme.

Par ailleurs, cher cousin, le Conseil a laissé aux employeurs compétents ou aux structures dont relèvent les autres condamnés le soin de tirer les conséquences du procès du 11 septembre 2007 au plan disciplinaire conformément aux textes spécifiques les concernant.

Voilà ainsi tournée la page sombre des concours, espérons-le, qui aura fait perdre au Faso son Burkina ou, si tu veux, son intégrité.

Osons enfin croire que l'audit intégral du dispositif d'organisation des concours directs et professionnels instruit par le Conseil au ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l'Etat permettra de séparer et définitivement le bon grain de l'ivraie.

Après une telle fatwa, Seydou Bouda sera à l'aise pour conduire son bateau à bon port.

Pour peu seulement qu'il en ait la volonté.

 

Pas plus tard que mercredi dernier, c'est-à-dire le 19 septembre 2007, la Côte d'Ivoire voisine commémorait le cinquième anniversaire de la rébellion armée qui, depuis, a coupé la patrie d'Houphouët en deux.

Aujourd'hui, cher cousin, la vie semble avoir repris son cours normal sur les bords de la lagune Ebrié, après que fut signée, à Ouagadougou, la paix des braves.

Quel paradoxe !

Oui parce que, effectivement, le président burkinabè, Blaise Compaoré, qui joue aujourd'hui au facilitateur entre les protagonistes de la scène ivoirienne, avait, dès les premières heures de la crise, été à tort ou à raison accusé de soutenir les rebelles, venus du Nord.

Mais beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de la Léraba, n'est-ce pas, et l'enfant terrible de Ziniaré est en train de réussir là où tant de ses pairs ont échoué.

L'affaire n'est pas encore dans le sac, tant des contradictions demeurent, mais il y a quand même de l'espoir.

 

C'est dans cette fièvre, cher cousin, que l'hebdomadaire Jeune Afrique, que tu n'as certainement pas le privilège de compulser à Laye, a obtenu une interview exclusive du chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, parue dans son édition n° 2436 du 16 au 22 septembre courant.

D'ores et déjà, je puis t'affirmer, cher cousin, que l'illustre époux de Simone ne laisse pas indifférent,  après la lecture de son évangile, recueillie à Yamoussoukro par Marwane Ben Yamed.

Je n'en veux pour preuve que ces quelques extraits :

Question : "Le facilitateur de l'accord de Ouagadougou, le président Blaise Compaoré, a été tour à tour l'un de vos principaux soutiens puis votre pire ennemi. Vous l'avez même accusé d'être l'instigateur de la tentative de coup d'Etat de septembre 2002. Où en sont vos rapports aujourd'hui ?

Réponse de Gbagbo : Certains hommes divorcent de leur épouse puis se remarient avec elle (rires).

Sérieusement, Blaise et moi étions très amis. Il m'a beaucoup aidé, y compris financièrement, lorsque j'étais dans l'opposition entre 1989 et 1999. Dans la durée, il est celui qui m'a le plus soutenu. Le président Bongo Ondimba m'a beaucoup aidé également. Plus substantiellement, dirons-nous, mais sur une période plus courte.

Ce qui s'est passé en septembre 2002, évidemment, nous a brouillés. Mais aujourd'hui, nos relations se sont normalisées. Nos deux pays ne sont pas simplement des voisins.

C'était le même pays à l'époque de la colonisation. Entre 1932 et 1947, Ouaga était la deuxième ville de la Côte d'Ivoire.

Nous avons vocation à nous entendre et à être des locomotives en Afrique de l'Ouest. Comme la France et l'Allemagne en Europe. Et que je sache, il y a eu plus que des brouilles entre eux...

Question : Si vous deviez reconnaître une qualité à vos principaux adversaires, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, quelle serait-elle ?

Réponse de Gbagbo : J'aurais préféré éviter cette question mais je vais tout de même vous répondre. Alassane est brillant et travailleur, plus que Bédié qui, lui, par contre, est rusé et sait s'entourer. Il faut dire qu'il a été à bonne école..."

 

Bref, je te soumets cet exercice, cher Wambi, afin que tu saches qu'après le concert des armes, Koudou Laurent Gbagbo semble s'être assagi et sait reconnaître les siens.

Ne sommes-nous pas en politique ?

D'ailleurs, le connaissant, je ne serais pas du tout étonné d'apprendre que le président ivoirien sera des hôtes de marque au XXe anniversaire du pouvoir de Blaise Compaoré, qui sera fêté le 15 octobre prochain.

Déjà, des journalistes, et pas des moindres, sont dans nos murs en précurseurs, tels le même Marwane Ben Yamed, qui a réalisé l'interview exclusive avec Gbagbo pour Jeune Afrique, et Daniel Djagouet d'Afrique Evénement, arrivés tous dans notre capitale le mercredi 19 septembre.

En tous les cas, ce n'est pas la matière qui manquera à ces "gratte-papier", puisque ce 15 octobre, ce sera deux anniversaires pour une seule date :

Blaise et les siens fêteront leur naam pendant que les disciples de Thomas Sankara, eux, observeront le deuil de leur idole.

Le torrent de déclarations qui inonde déjà la presse locale, et les messes basses qui se disent dans les différents états-majors témoignent que la bataille de la communication et de la propagande est bel et bien lancée.

 

Sur ce, cher cousin, je m'en vais t'ouvrir le carnet secret de Tipoko l'Intrigante, à travers le soutien spirituel que le président de la conférence épiscopale, Mgr Séraphin Rouamba, transmet aux frères musulmans à la faveur du jeûne du Ramadan, entamé dans notre pays le 13 septembre dernier.

 

A Monsieur le président de la Communauté musulmane du Burkina Faso,

 

Réf. n° 029/2007/P.C.E.B.N.

Objet : soutien spirituel à l'occasion du Ramadan

 

Monsieur le président,

 

C'est dans la foi du Dieu unique, Saint et Miséricordieux que je viens à vous au nom de la Conférence épiscopale du Burkina-Niger et au nom de toute l'Eglise-Famille de Dieu du Burkina, vous saluer, et à travers vous, nous saluons toute la Communauté musulmane du Burkina Faso.

Depuis le 13 septembre 2007, vous avez commencé le mois du Ramadan. Par la présente, nous venons vous assurer de nos ferventes prières tout au long de ce mois de sanctification et de recherche de Dieu à travers la maîtrise de soi et l'amour du prochain.

Puisse Allah, le Miséricordieux, soutenir vos efforts et agréer vos supplications.

 

Le président de la CEBN

Mgr Séraphin Rouamba

 

Nommé le 18 septembre dernier par le Conseil des ministres en sa session ordinaire, Siméon Sawadogo, le nouveau gouverneur de la région du Centre-Est, sera officiellement installé le mardi 25 septembre 2007.

On imagine aisément la marée humaine qui envahira la place des Ecoles  Centre de Tenkodogo ce jour-là, où de fortes délégations, surtout de Kongoussi, son fief électoral, sont annoncées.

Après son échec aux dernières législatives, Siméon Sawadogo prend ainsi sa revanche politique dans le Boulgou, à l'ombre de... Bédouma Alain Yoda, ministre d'Etat en charge de la Santé et patron régional du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).

 

Décidément, on ne finira pas de sitôt de parler de nos fameux Etalons, qui ont démontré au cours de ces derniers mois et à la face du monde leur carence footballistique et leur immaturité pour les joutes continentales. Après un parcours calamiteux sur le terrain lors des éliminatoires de la CAN 2008, où ils ont occupé la dernière place dans leur groupe, voici maintenant des supporters des Etalons qui sont en train, eux aussi, d'étaler aux yeux du public non seulement leur limite et leur indiscipline, mais aussi leur insouciance pour le devenir du sport roi au Faso. A moins qu'ils ne soient venus avec pour seul objectif de se servir de notre football  plutôt de le servir. En tout cas, à Bobo-Dioulasso, plus rien ne va au sein du Comité provincial de soutien aux Etalons. A l'origine de cette crise : les nombreuses malversations qui auraient émaillé l'organisation du voyage de Dakar lors de la dernière journée des éliminatoires. La gestion des fonds relatifs aux frais de location du car, qui se serait même transformé en un véhicule de transport de passagers entre Bobo et Dakar, l'appui du ministère à hauteur de 500 000 FCFA et enfin les frais de souscription, qui s'élevaient à environ 400 000 FCFA, feront l'objet de débat houleux ce dimanche au stade Wobi au cours de l'assemblée générale extraordinaire convoquée par le président régional de soutien aux Etalons, Lassina Traoré. A ce qu'on dit, des têtes pourraient tomber et pas des moindres. Wait and see !

 

En attendant les manifestations commémoratives des 20 ans de pouvoir de Blaise Compaoré, les élus du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) tiendront leurs journées parlementaires les 24 et 25 septembre à Ouagadougou.

"Renforcement des capacités du Groupe pour contribuer à une meilleure visibilité de l'Assemblée nationale" ; tel est le thème qui réunira les députés du CDP pendant deux jours au siège de leur parti, sis sur l'avenue Kwamé N'Krumah.

 

Finies les bonnes vieilles habitudes !

Pour la présente législature, le ministère de l'Economie et des Finances se serait désengagé de l'octroi de crédits aux députés pour l'achat de leurs véhicules.

Jean-Baptiste Compaoré, le grand argentier du Burkina, a dû certainement tirer leçon des législatures passées, dont des élus restent redevables de fortes sommes à l'Etat.

Il semble que la Banque internationale du Burkina (BIB), mise au parfum de cette nouvelle donne, frappe  aux portes de l'Assemblée nationale, à travers Burkina Bail, pour faire des propositions dites alléchantes. C'est maintenant qu'on saura qu'il y a député et député.

 

Il s'appelait Alfred Nombré, ancien ministre de l'Eau, nommé par le Kiti An VI-003/FP/PRES du 23 août 1988 à la faveur du remaniement du gouvernement révolutionnaire du Burkina Faso.

Une année plus tard, il sera nommé secrétaire général du gouvernement et du Conseil des ministres par Kiti An VII-022/FP/PRES du 21 septembre 1989.

Hélas, le Burkina pleure aujourd'hui cet ancien ministre du Front populaire, arraché par la maladie à l'affection des siens le week-end dernier à Ouagadougou.

 

L’Observateur Paalga du 21 septembre 2007



21/09/2007
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